Dans la fièvre de la bonana
Dans la fièvre de la bonana
L’année 2020 tire à sa fin en laissant derrière elle les traces de la pandémie qui sévit actuellement dans le monde. Sur le départ, elle cède sa place à l’année 2021 dont les portes s’ouvriront grandement le 1er janvier.
Au Congo, avec la situation politique qui y prévaut, les fêtes de Noël et de Nouvel an se passent sous le signe du couvre-feu qui a été décrété. Les Congolais qui vivent au jour le jour ont fêté la nativité du Christ les pieds dans l’eau suite aux pluies diluviennes qui ont fouetté Kinshasa la veille.
Autrefois, dans les années 60 puis 70, les petits dont l’imagination n’était plus à démontrer avaient une astuce pour agrémenter les fêtes de fin d’année. Ils avaient trouvé la parade en remplaçant le feu d’artifice par le ″canon″. C’était un dispositif en plomb (mbodi) avec un petit trou dans lequel on introduisait du phosphore d’allumette et un clou. Le mécanisme simplet produisait une détonation aigue lorsqu’on le frappait contre un mur. Ce pétard de fabrication locale se confondait bien avec Noël et la bonana pour devenir même leur symbole.
Pour les artistes-musiciens, les fêtes de fin d’année étaient une occasion pour sortir un disque. Depuis les années 50, il était de coutume de célébrer la nouvelle année avec un hit en guise des vœux aux mélomanes. Beaucoup se sont prêtés à cet exercice notamment dans Bonne année ya bana Véa, Bamasta bonne année (Franco), Bonne année (Soki Vangu, Lokasa), Mpitisha bonne année (Pépé Kallé), Noël (Kuyena Muzita), etc.
A l’époque, il y avait aussi le disque de la bonne année. C’était la chanson qui avait le plus marqué la fête pour avoir été balancée en boucle à la radio et la télévision. En bonus, elle avait fait l’affaire des fêtards dans les bars à la Saint-Sylvestre. Voici l’ébauche de quelques hits qui avaient marqué certains bonana dans le passé.
Mbula esili (Sangana, African Fiesta Sukisa, 1968).
Bonne année na Noël (Rochereau, African Fiesta National, 1970).
Nelly ya Moreau (Moro-Maurice, Négro Succès, 1971). Le vrai titre de cette chanson est par mégarde remplacé par un autre ″Nelly na place na ngai″.
Mandendeli (Émile Soki, Bella-Bella, 1972).
Ngoya (Bokelo Isenge, Conga, 1973).
Zaïko wawa (Manuaku Waku, Zaïko Langa Langa, 1976).
Nalali pongi (Nyoka Longo, Zaïko Langa Langa, 1977).
Testament ya Bowule (Lutumba, T.P OK Jazz, 1986). Le réveillon se passe sur Télé Zaïre avec pas moins de sept musiciens de l’OK Jazz dont un chanteur (Malage), un batteur avec pour tout instrument que des cymbales, cinq guitaristes dont Lutumba et Dizzy Mandjeku. La voix limpide de Delungendo qu’accompagne les guitares sèches donna le ton de la soirée.
Pon moun paka bougé (Pépé Kallé, 1989).
La Sirène (Bozi Boziana, Anti-Choc, 1990).
A travers ces sons merveilleux tirés dans la riche discographie congolaise, Mbokamosika souhaite une bonne et heureuse année 2021 au peuple congolais et à tous les mbokatiers.
Samuel Malonga