Les joueurs victimes de fracture dans le foot congolais
Les joueurs victimes de fracture dans le foot congolais
Lorsqu’il est sur le terrain, l’attaquant n’a qu’une obsession, ne pas se blesser pire ne pas se fracturer. Si aujourd’hui, le port du protège-tibia est de rigueur, à l’époque, cet accessoire aujourd’hui indispensable n’existe pas. Dans les années 1960, le FC Nomades est l’équipe-type qui pratique un football agressif dans le championnat kinois. Sa défense est la hantise des attaquants adverses. Cette virilité défensive proche de la brutalité est surtout personnifiée par un seul homme : Juif Mubiayi. La défense de Nomades est responsable de la précocité de la carrière de certains joueurs.
Dans ce même registre, il faut citer le cas d’Ignace Muwawa alias Pelé. Forcé par le poids de l’âge de passer du milieu de terrain à la défense du Daring , il va s’illustrer par ses interventions musclées qui lui valent par analogie le surnom de Sitraza. Car les camions poids-lourds de cette société sont comptables de plusieurs accidents meurtriers sur la Nationale 1 qui relie la ville portuaire de Matadi et Kinshasa. Le jeu dur de Muwawa finit par s’offrir la jambe de Mayanga, une des belles perles du foot congolais. Dans les années 1980, le défenseur Mandiangu de Bilima continue sur cette lancée. Il s’illustre par sa vigueur et devient le cauchemar des attaquants de l’équipe adverse. A la fois juge et partie, le public kinois n’est pas dupe. Il gratifie le gardien de la défense rouge-or mais bourreau des attaquants adverses du pseudo de Chien Méchant.
En 1973, dans le cadre des éliminatoires de la Coupe du Monde allemand de 1974, les Léopards rencontrent les Lions Indomptables. Le 4 février à Yaoundé, les Zaïrois surprennent les Camerounais jouant à domicile par l’unique réalisation de Ntumba Pouce. Au match retour à Kinshasa, Le Cameroun prend sa revanche le 25 février en triomphant du Zaïre par le même score étriqué grâce à Ndongo. Étant à égalité des points et des buts, les deux équipes sont départagées par une troisième rencontre à Kinshasa deux jours plus tard. Les Léopards l’emportent par deux buts à zéro (Kakoko et Mavuba).
Pendant ces rencontres, deux joueurs camerounais ont donné du fil à retordre aux Zaïrois. Il s’agit du virevoltant ailier gauche Jean-Baptiste Ndoga, le Jaïrzinho camerounais connu pour sa vitesse phénoménale et le talentueux milieu de terrain Paul-Gaston Ndongo dit Monsieur Football. Ndongo ne termine pas le second match. Buteur du jour , il cède sa place à un certain Roger Milla pour cause de blessure. Victimes de la chasse aux tibias, Ndoga et Ndongo sont absents du match décisif puisque littéralement massacrés par les défenseurs du onze national zaïrois. Ces blessures les éloignent des terrains du football pendant un bon bout de temps.
Au championnat kinois, les hommes en noir ont souvent fait usage de leurs cartons pour calmer l’ardeur des joueurs qui chassent plus les tibias que le ballon. Lorsque le carton rouge est brandi pour sanctionner un joueur pas trop fair-play, la meute des spectateurs présents au stade irrités par son jeu indécent accompagnent sa sortie par des cris aigus de satisfaction tout en scandant : ″bima…, bima…″ (sortez, sortez).
Dans le cadre du championnat de Kinshasa, plusieurs artistes du ballon rond ont été fauchés. Docteur Matondo, de l’hôpital St Luc de Kisantu a eu comme patients plusieurs célébrités kinoises du football dont voici quelques noms :
Eugène Tonda
L'un des meilleurs défenseurs de Dragons se brise la jambe lors d’un duel au sommet contre Daring. Cette fracture entraîne la fin de sa carrière commencée dans les années 50. Mais son cas est une première dans l’histoire du foot congolais. Car son accident est à la base des victoires successives de Dragons sur Daring. Invincibles, pendant près de dix, les monstres prennent toujours le dessus sur les vert-blanc. C’est ce que l’on a appelé le mariage entre Dragons et Daring.
Yvon Kalambay
L’ailier véclubien quitte le terrain sur une civière. Sa blessure est tellement grave qu’Il ne va plus remonter sur un terrain de foot ni connaître la joie de marquer. Ce match est le dernier de sa carrière. Pourtant Castella comme l’appelle le public de Moscou n’abandonne pas définitivement le football qui est sa passion. Il devient entraîneur et donne à V. Club son unique titre continental en 1973.
Pierre Kalala
Le bombardier a 31 ans lorsqu’il se casse la jambe. L’accident se produit lors du tournoi du 30 juin organisé en 1969 à Kinshasa. La rencontre oppose Englebert et Saint Eloi Lupopo, les deux frères ennemis du championnat lushois. Accroché violemment, Kalala connaît une double fracture à la jambe droite. Cette blessure le prive la CAN 1970 au Soudan.
Adelar Mayanga
sur un tacle de Muwawa, le Brésilien du foot congolais s’écroule devant son public. S’ensuit une longue période de rééducation au cours de laquelle il reçoit la visite des dirigeants de la société Good Year. Lors de son retour, Il va saluer son bourreau dans un geste de fair-play inédit.
Raoul Kidumu
Le capitaine de Daring et des Léopards est fracturé à Dar es Salam lors d’un match entre les Léopards et l’équipe nationale tanzanienne en 1971. Il se remet vite et participe même à la CAN de 1972 au Cameroun.
Samuel Malonga