Le patronyme congolais le plus long
Le patronyme congolais le plus long
Lorsqu’un enfant naît, le premier réflexe des parents est de lui donner un nom de famille qui sera son éternelle identité. Particulièrement lié à la parenté ou à la tribu, son apparence physique est bien souvent trompeuse. N’étant pas la propriété exclusive d’une province quelconque, certains patronymes se retrouvent dans plusieurs contrées du pays. On rencontre par exemple des Kasongo au Bandundu, au Kasaï, au Kivu et au Katanga ; des Mampuya au Kongo Central et au Kasaï. Il ne faut donc pas seulement se fier au patronyme pour déterminer la province d’origine du Congolais.
Dans plusieurs tribus et ethnies, l’enfant est nommé conformément à la coutume. Certains patronymes sont hérités suite aux circonstances heureuses ou malheureuses vécues par les géniteurs ou les membres de la famille restreinte. Les noms des parents décédés ou en vie sont portés par des enfants issus de la lignée. Ainsi survivent-ils par delà leur décès à travers les noms qu’ils ont légué au lignage.
A l’époque du recours à l’authenticité, les postnoms ont quelque peu défié les noms de famille par leur taille et parfois par leur extravagance sans pour autant le supplanter. Le patronyme congolais a un socle bantou. Catégorisés selon le nombre de syllabes dont ils renferment, on distingue des noms monosyllabiques, bisyllabiques, trisyllabiques, quadrisyllabiques, pentasyllabiques, hexasyllabiques et heptasyllabiques. Dans la complexité ethno-tribale qui a caractérisé leur création, les noms simples côtoient les patronymes composés, les unisyllabiques toisent les polysyllabiques dans le forum culturel de la patronymie congolaise.
Si le nom simple paraît la règle, plusieurs Congolais ont porté des noms composés bien avant la politique de recours à l’authenticité promue par Mobutu. Les plus célèbres sont sans doute ceux de Kasa-Vubu, Mpanu-Mpanu, Nsengi-Biembe, Umba di Lutete, Bonga-Bonga. Obligés d’acceper la disparition provisoire des prénoms occidentaux, les noms simples ont évolué après 1971 en s’associant aux postnoms.
Dans d’autres tribus dont les Yansi, existent des patronymes seulement composés de consonnes. Ils sont entièrement privés de voyelles. Ce fait ne saurait être unique vu la diversité des groupes ethniques qui peuplent le Congo. Le cas du journaliste Kwebe en est la parfaite illustration. Selon ses propos, il s’appelait Nkb (nombril) à sa naissance. Plus tard, on ajouta des voyelles qui manquaient pour donner à son nom une prononciation appropriée et sûrement pour faciliter sa lecture par les non Yansi.
Concernant les noms multisyllabiques, il semble que les patronymes les plus kilométriques se trouvent au Kongo Central. Avec une dénomination à sept syllabes, l’ancien international Alain Kaluyitukadioko possèderait le nom le plus long du Congo. Son patronyme est tellement élastique qu’il est pour beaucoup pratiquement imprononçable. L’intéressé l’a vite compris. Pour simplifier les choses, il le divisa en deux éléments distincts. Le footballeur s’appelle désormais Kaluyituka Dioko parfois transformé en Dioko Kaluyituka. Cette modification graphique a fait perdre à ce nom son essence originale et sa signification originelle, celles-là même qui faisaient sa particularité et sa singularité. Dans la graphie kongo, ce terme qui est une vraie locution s’écrit en un seul mot.
Tenant compte de leur structure graphique, le nombre de syllabes contenus dans un nom détermine sa longueur. Pour circoncire ce fait, la classification ci-dessous donne tant soit peu un éventail de la dimension orthographique des patronymes congolais.
1 syllable : Mbo, Mpia, Pi, Mbu.
2 syllables : Ntumba, Lembi, Tambwe, Longo, Fula.
3 syllables : Ombazi, Makenga, Boloki, Kazadi, Tabalo.
4 syllables : Masukisa, Ramazani, Mukwisila, Masumbuku, Tshimbalanga.
5 syllabes :Luyinduladio,Kisolokele,Nzoimbengene,Bifukilanga, isengomoka.
6 syllables : Kalumonimoko
7 syllables : Kaluyitukadioko
Y a-t-il au Congo des noms de famille de plus de sept syllabes ? Existent-ils aussi d’autres patronymes uniquement formés des consonnes ? Peut-être se cachent-ils quelque part, aux mbokatiers de les trouver.
Samuel Malonga