Georgette Mowana, l’épouse de Tabu Ley
Georgette Mowana est la femme qui a passé sa vie avec Rochereau. A-t-elle reçu le sobriquet de Tété de son mari d’artiste ? De ce pseudo qui lui va si bien et qui lui colle à la peau, bien des gens pensent alors qu’elle se prénomme Thérèse. Or en réalité, son vrai nom de famille est Georgette Mowana.
Originaire de l’ancienne province de Bandundu, Georgette voit le jour au Katanga. C’est une fille de bonne famille car papa dont elle porte le nom est docteur. Elle est par ordre de naissance la cinquième enfant d’une grande fratrie. Elle a étudié à l’Athénée de Kalina et à l'Institut Saint Julien à Auderghem-Bruxelles en Belgique. Le jeune Rochereau tombe amoureux de la ravissante Georgette qu’il épouse à la fin de ses études. Le mariage avec la belle belgicaine a lieu en 1961 à Kinshasa. Le chanteur est déjà à l’époque une vedette. Il a déjà écrit des chansons à succès avec l’African Jazz. Il suffit de penser à Kelya pour s’en convaincre. Cette belle chanson a "peut-être" été dédicacée pour Mowana, car Georgette et Pascal commence leur idylle dans les années 1959 -1960.
Selon l’illustrateur Serge Diantantu, le chanteur est père de trois fils nés de deux mamans différentes lorsqu’il se marie avec celle qui est devenue Mère Tété. De cette union naissent cinq enfants : Blackson-Matthieu, Mireille-Esther, Colette, Gisèle et Isabelle. L’aînée des filles (Mireille) née en 1964 est dédicacée par l’artiste dans Mireille mwana. A sa seconde fille, il donne le prénom de sa mère Colette.
L’union de Pascal et de Georgette est une véritable histoire d’amour faite de passion, de jalousie et d’infidélité maritale. Le cœur brisé par le chagrin, et se sentant trahi, Tété quitte parfois Rochereau mais rentre vite à la maison auprès des enfants. N’a-t-elle pas épousé la star de la chanson congolaise? Elle voit défiler des rivales de toute sorte. Les unes sont des concubines passagères (Mwanke, Ndaya, Maze). Les autres (Mundi, Mbilia Bel) sont par contre de sérieuses concurrentes. La mort dans l’âme, Mère Tété finit par s’accommoder des frasques de son mari d’artiste, difficilement...
Mais par-dessus tout, Roch l’aime de tout son cœur. Même s’il écrit des chansons pour ses innombrables deuxièmes bureaux, il n’oublié jamais son épouse. De l’African Jazz à l’International Afrisa en passant par l’African Fiesta National le Peuple, Tabu Ley est intarissable pour Mère Tété. L’idole d’ébène compose directement ou indirectement plusieurs jolis morceaux pour lui marquer son amour. Les compositions s’enchaînent par intermittence au long des années. A travers elles, les mélomanes découvrent les difficultés que rencontrent les deux tourtereaux. Ils entrent parfois dans l’intimité du couple formé par un artiste internationalement connu et la fille d’un docteur sortie de l’anonymat. A l’ombre de Ley, Georgette Mowana n’a pas seulement fait face à la rivalité car plus que beaucoup de ses rivales, elle a aussi savouré les délices du succès et de la célébrité passive à travers les dédicaces de son mari.
Parmi les chansons qui l’ont immortalisée, il y a notamment Adios Tété, Mission officielle, Moto akokana Nzambe akosukisa, Tété nakozonga, Dernier espoir Itou. Son nom est cité dans d’autres hits dont Mireille mwana et Leridi. Mère Tété peut se targuer d’être, avec Amazone de Papa Wemba, parmi les rares épouses d’artistes immortalisées à plusieurs reprises par leurs maris.
Georgette Mowana Kaly a quitté la terre des hommes dans les années 1990. Malgré cela, le seigneur de la chanson congolaise a continué de penser à elle. Combien de fois n’a-t-on vu pas l’artiste fondre en larmes en pleine représentation lorsqu’Adios Tété était interprété? Car à la disparition de l’ancienne belgicaine, cette mélodie était entonnée quasiment dans tous les concerts donnés par l’artiste. Pour Ley, ce titre était devenu l’hymne à l’amour, la chanson du souvenir pour l’épouse tant aimée qui s’en était allée pour toujours.
Samuel Malonga