‘’Les deux vies de Tedia Wunumbakidi’’ , De Bella Bella à Musiki
‘’Les deux vies de Tedia Wunumbakidi’’
De Bella Bella à Musiki
(Pochette Lipua Lipua avec Tedia, Kilola et Nzaya)
Sur la longue liste des chanteurs congolais ténors ou première voix des années ’70, Tedia Wunumbakidi a occupé une place à part. Nous connaissions tous sa voix fine, haut perchée, un peu grinçante lorsqu’elle montait dans les aigus. Mais le moins que l’on pouvait dire, c’est que cet homme avait un organe vocal extraordinairement mélodieux. Et il savait en jouer.
Au tournant de l’année ‘73, le départ de Danos Nyboma de Bella Bella est vécu comme une catastrophe, tant Mwan’ Dido avait élevé le chant à des niveaux rarement atteints. Les frères Soki auraient pu se retrouver orphelins de l’une des voix les plus cristallines du répertoire congolais, n’eut été l’arrivée de Tedia, perçue comme un don du ciel. D’ailleurs, il semble que les deux ténors ont chanté quelques temps ensemble.
La page Nyboma tournée, Bella Bella n’a paradoxalement pas été aussi fort que pendant ‘’les années Tedia’’, enchaînant tube sur tube, parmi lesquels <<De Base (une œuvre de Tedia), Mwana yoka toli, Tikela nga mobali etc….>>.
Son canevas vocal était si distinct qu’il permettait de percevoir très nettement les voix, collatérales, du Prince Paul-Emile Soki Dianzenza et celle, plus caractéristique, de Maxime Soki Vangu, le trio offrant une harmonie proche de la perfection. (De Base)
Plus tard, comme la plupart de nos musiciens, l’envie d’aller voir ailleurs le prend. Il suit le même chemin que Nyboma et intégre le Lipua-Lipua au moment où Danos Canta s’en va créer les Kamalé. Et là encore, Tedia fait merveille avec des chansons mémorables comme ‘’9e Commandement’’ (son œuvre), ‘’Lossa’’ etc… (9e Commandement).
Au milieu des années ’80, notre ténor semble être tombé dans l’oubli. Erreur! Il a simplement remonté le fleuve Congo et l’Ubangi pour se retrouver à Bangui, en République centrafricaine. Et là, commence sa deuxième vie musicale.
Vedette confirmée au Zaïre de l’époque, Tedia est accueilli en 1985 avec tous les égards au sein du ‘’Formidable Musiki’’ de Thierry Darlan, alias Tieri Yézo. Apprenant et maîtrisant très vite le sango, il fait le bonheur de cet ensemble, comme en témoignent les nombreuses œuvres qu’il laisse à la postérité. Parallèlement, le Bar-Dancing ‘’ABC’’, en plein KM5, le principal quartier chaud de Bangui, est bondé tous les samedis de jeunes branchés de la capitale centrafricaine venus écouter Tedia. (Pochette Musiki).
C’est dans cette ville qui l’avait adopté que Tedia Wunumbakidi, malade, trouve la mort au début des années ‘90 et est enterré. Mais comme le dit l’adage, <<les grands artistes ne meurent pas. Ils passent simplement de l’autre côté. Car leurs œuvres demeurent à jamais et chantent leur éternité… >>. (Angéla et Sioni Mognan)
Pour moi et pour notre ami commun qui m’a fourni toutes ces informations ainsi que les chansons, Tedia était incontestablement un grand chanteur dont la mémoire méritait d’être saluée sur Mbokamosika, plateforme de la mémoire de la musique congolaise et africaine.
Au passage, notre ami Pouko de Bangui pourrait nous traduire les paroles des chansons en sango, la langue nationale de la République centrafricaine.
Pour finir, un petit quizz :
- Quel était le patronyme de Tedia Wunumbakidi avant les changements de noms ?
- En quelle année était-il né ?
- Avant d’atterrir et d’éclater dans Bella-Bella, dans quels ensembles avait-il évolué au préalable?
Ainsi va la vie. Salut l’artiste.
Simba Ndaye