La ruée des Kinois vers les internats du Kongo Central
La ruée des Kinois vers les internats du Kongo Central
Dans les années 60 et 70, il y avait ce que l’on pouvait qualifier de ruée vers le Kongo Central. Beaucoup de Kinois s’y rendaient car cette province offrait un cadre idéal pour les études. Sa proximité avec la capitale, la voie ferrée couplée à la nationale n° 1 lui ont offert cette faveur. Les parents qui en avaient marre avec les excès de Kinshasa encourageaient leurs enfants à prendre la direction de l’ouest où du long du chemin de fer à l’intérieur des terres, étaient implantées des écoles dont plusieurs avaient une bonne réputation. La garantie d’une meilleure instruction était assurée par la sérénité des lieux, la qualité de l’enseignement et le sérieux des dispensateurs du savoir. Beaucoup de ces établissements scolaires disposaient des dortoirs, d’un réfectoire, d’un terrain de foot, de basket ou de volley, des tables pour ping-pong. Malheureusement, ces écoles avaient profité plus aux Kinois qu’aux ressortissants des villages ou hameaux environnant. Le corps enseignant était bien souvent un mélange hétéroclite de professeurs venus de divers horizons. Congolais, Belges, Français, Angolais, Américains, Haïtiens voire Égyptiens se côtoyaient.
La rentrée scolaire donnait à la ville l’occasion de vivre le spectacle de la grande transhumance de la jeunesse kinoise. Les gares de Kin Cité, Matete et Riflar grouillaient d’élèves en partance pour le Kongo Central. L’Otraco desservait son réseau ferroviaire avec deux services journaliers pour passagers. Il y avait un premier et un deuxième train entre Kinshasa et Matadi. La STK étant venue un peu tard, on atteignait son école par route à bord des minibus dont la majorité était de marque Ford Transit. La principale gare routière se trouvait à Bandal Moelart le long de l’avenue qui mène vers Selembao. Les élèves en partance pour Boma et Muanda, continuaient leur voyage à partir de Matadi dans de petits bateaux appelés vedettes. Les mal lotis étaient ceux qui étudiaient dans des villages éloignés à l’intérieur des terres avec souvent des camions de transport bondés de marchandises comme moyen de déplacement. Les Kinois qui ont participé à cette ruée se sont vite acclimatés à la brousse et ont fini par l’adopter. A l’époque, étudier à l’internat était une sorte de considération et un motif de fierté. Ce simple fait donnait un statut particulier à l’intéressé. Après quelques années de dur labeur, beaucoup sont rentrés définitivement dans la capitale avec leur diplôme d’État en poche. L’exil scolaire terminé, ils avaient en tête la perspective des études universitaires ou supérieures à venir.
Parmi les écoles fréquentées par les Kinois, nous pouvons citer notamment:
- Kasangulu : Collège William Booth
- Wolter (Luila): Lycée catholique de Wolter
- Mbemba : École primaire protestante
- Sona-Bata : Collège EBCO, École infirmière et Lycée Kukiele
- Mbanza-Mboma : Lycée du Sacré-Cœur, Collège Jésuites
- Kisantu/Inkisi : Collège St Pierre, CMS
- Kibambi : Collège EBCO
- Kipako : Lycée du Sacré- Cœur
- Kavuaya : École ménagère
- Thysville (Mbanza-Ngungu) : Collège St Clément, Lycée Kivuvu, Athénée, École kimbanguiste
- Kimpese : IPE, IME
- Nsona-Mpangu : École secondaire de Nsona-Mpangu
- Tumba : Institut Tumba des Frères des Écoles Chrétiennes
- Gombe Matadi : École professionnelle St Luc
- Kibula : Petit séminaire de Kibula
- Mangembo : Collège de Mangembo
- Kibunzi : Institut de Kibunzi
- Luozi : Collège Saint Ëloi, Lycée Notre Dame de Fatima.
- Boma : Colonie Scolaire
- Muanda : Athénée de Moanda
Etc…
Samuel Malonga