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Publié par Clément Ossinondé

Les Bantous de la capitale : 57 ans de parcours musical

Le 15 août 2016, le plus vieux orchestre du continent, Bantous de la capitale a totalisé ses cinquante sept ans d'existence. En dépit des difficultés de tous ordres rencontrées, il a été la fierté et le porte-étendard pendant plusieurs années, de la musique congolaise à travers l'Afrique et le monde.

Cet ensemble est demeuré l'une des fondations les plus sûres de la musique congolaise et s'est imposé comme une véritable "école" de musique pratique d'où sont sortis presque tous les grands noms de la musique congolaise , en marge du fait d'avoir réussi à exporter son genre et ses danses.

L'idée de la création prend forme au début de l'année 1959, à Léopoldville (Kinshasa), par une rencontre des musiciens congolais de Brazzaville qui évoluaient dans les orchestres léopoldvillois : OK Jazz et Rock-A-Mambo. Elle se concrétise le 15 août 1959 au dancing "Chez Faignond". Un concert y réunit huit enfants prodigues, à l'exception de Jean-Dieudonné Nino Malapet (resté jusqu'en 1961 aux éditions Esengo et à la tête du Rock-A-Mambo). Ils se révèlent éblouissants de forme, faisant scintiller les nombreuses facettes de leur art basé sur l'étendue de la maîtrise instrumentale et l'originalité de la pensée mélodique. Ils s'appellent : Jean-Serge Essous (chef d'orchestre, clarinettiste), Edouard Ganga "Edo" et Célestin Nkouka (chanteurs), Daniel Loubélo "De la lune" (bassiste), Saturnin Pandi (percussionniste), Damien Evongo (marcassiste) et deux congolais de Kinshasa : Dicky Baroza (guitariste solo), Jacques Dignos (guitariste accompagnateur). Le drummer capverdien André Aribot se joindra au groupe, quelques mois après.  De son côté, le marcassite Damien Evongo se retirera  quelques semaines après.

Tout au long de son histoire, l'orchestre Bantous de la capitale a tenu contre vents et marées à perpétuer sa forme de musique que nombre de mélomanes apprécient profondément. L'orchestre le plus connu du Congo-Brazzaville a pratiqué depuis sa création, outre la musique congolaise, la musique du monde dans tous ses contours et a acquis une grande réputation qui fait que l'orchestre reste toujours un groupe de référence pour de nombreuses générations. Ce qui lui a permis  d'ailleurs :

1 - d'être présent depuis plus de cinq décennies à plusieurs, manifestations continentales et internationales, allant des manifestations diverses de sport et de musique, aux festivals de tous genres, tels les plus importants ; 1966  : 1er Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar, 1969 : 1er Festival Culturel Panafricain d'Alger, 1974/1975 : Tournée artistique à Cuba, 1978 : 11ème Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants à Cuba, 1977 : 2ème Festival culturel panafricain de Lagos.

2 - de se produire dans plus d'une soixantaine de pays du monde, redorant partout son blason de porte étendard de la musique congolaise et africaine et de parvenir à imposer sa personnalité. Coup de chapeau surtout pour le passage à l'Olympia de Paris, le dimanche 12 avril 2009.

3 - de marquer fortement, depuis 1960, sa présence à travers une discographie très fournie, et dont le dernier opus en date est l'album "Explosion" (Bantous de la capitale "Bakolo mboka") paru en Avril 2012 et qui constitue le dernier enregistrement du stratège chef d'orchestre,  Nino Malapet, avant de s'en aller.

4 - d'obtenir à titre de reconnaissance pour sa contribution forte au rayonnement de la musique africaine, de nombreux titres honorifiques, des médailles et diplômes d'honneur du Congo et de l'étranger. La plus récente reconnaissance étant, la décoration à titre exceptionnel, au grade de Commandeur dans l'ordre du mérite congolais, attribuée par le Chef de l'Etat Denis Sassou Nguesso, à l'occasion de la 7ème édition du Festival Panafricain de Musique (FESPAM), le 1er Août 2009.

Conclusion : On peut cependant affirmer que depuis ces temps difficiles marqués par les décès de Jean-Serge Essous, le 25 Novembre 2009, Nino Malapet, le 29 janvier 2012, la mauvaise état de santé de Célestin Kouka, Lambert Kabako et Passi-Ngongo "Mermans"; l'orchestre Bantous de la capitale n'a plus redoré son blason de porte-étendard de la musique congolaise et n'est plus parvenu à imposer sa personnalité. Son absence sur la scène internationale et sur le marché du disque a suscité un sentiment de frustration chez ses admirateurs.

Toutefois, au regard de l'obtention des nouveaux instruments de musique, de la régularité des activités au dancing "La Détente" à Bacongo-Brazzaville et surtout de l'oeuvre d'une nouvelle organisation administrative et financière, dirigée par un homme fort et intègre qui tient à mettre définitivement de l’ordre dans la bergerie : Dieudonné LOUSSAKOU, ( président du bureau exécutif des Bantous). On s'attend à l'émergence d'une musique toujours créative et originale, avec comme perspectives :

- de stimuler le travail des jeunes musiciens en exigeant d'eux un minimum de technique. Il est indispensable de définir concrètement un plan de travail visant à développer le mouvement populaire musical, sur la base des objectifs du Ministère de la culture et avec son concours. 

- de relancer la production discographique pour un nombre plus grand des nouvelles créations.

- revoir le nombre des musiciens qui composent le groupe. 22 musiciens c'est excessif  (10 ou 12 musiciens est le nombre idéal pour prétendre à des contrats à l'étranger, et surtout par les temps qui courent )

Le 57ème anniversaire des Bantous de la capitale constitue donc un moment d'émotion et de souvenir dans l'histoire de la République du Congo. Pour donner la mesure de l'importance du travail accompli par ce groupe, il faut signaler qu'il serait impossible de comprendre les aspects les plus spécifiques de notre musique tout au long des 57 dernières années, sans évaluer ce qu'a représenté et représente l'orchestre Les Bantous de la Capitale.

Enfin, Honneur aux deux rescapés de la première génération, Edouard Ganga "Edo"(83 ans) et Célestin Kouka (81 ans), fondateurs depuis 1959. Mais, plus que jamais l'état de santé de Célestin Kouka à besoin des solutions médicales immédiates et urgentes.

Bon Anniversaire, Les Bantous de la capitale.

Clément Ossinondé

Pratique. Ossature actuelle du groupe :

  • Président d’honneur : Dieudonné Loussakou
  • Commission d’orientation : Celestin Nkouka, Nganga Edo,  Passi Mermans et Ricky Siméon
  • Chef d’orchestre : Simon Mangouani Directeur artistique : Nsounga Albert Dédé.
  • Section cuivre : Pierre  Kissampieno, Batsimba Gerard (Mills), Sammy Trompette, Michel Ngouolali Tumba : Makirimbia, Massengo Roland Basse : Pacheco Guitare accompagnement :  Simon Kolos, Guitare solo : Nsounga Albert Dédé, Claviéristes : Faustin Nzakanda et Roselin Samba Nkoussou, Batterie : Ricky Simeon, Ulrich Aymar Massamba, Chant : Lambert Kabako, Simon Mangouani, Athis, Toussaint Mabika, Nganga Fregue, Dimitri

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O
Cher Nyanguila, rien à ajouter à tes mémorables souvenirs. C'était effectivement la belle époque , celle des grands orchestres et de la bonne musique.Difficile de retrouver aujourd'hui les délices de cette époque. C'est ça la vie. A bientôt et bien cordialement
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N
Notre Cher Clément Ossinondé,bonjour et merci pour cette présentation et j'avais presque toute cette discographie qui m'a été offerte à Bruxelles,vers la fin 1982,que je faisais écouter aux stagiaires qui découvraient certains tubes qui leur étaient inconnus!Enfin,sur l'ensemble de ce que vous avez exposé,la présence des chansons"boléro"qui étaient un trait transversal à tous ces orchestres de cette époque et aussi des chansons"cha-cha".Et bien à vous.
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N
Et tous ces tubes étaient signés de l'orchestre"Bantous jazz"mais pourquoi la transition vers "Bantous de la capitale"?
C
Merci Clément! A travers ce rappel historique, c'est le film de toute ma jeunesse qui se déroule, avec la nostalgie que chacun peut imaginer. De l'African Jazz du Grand Kallé aux Bantou de la Capitale, le saut -le mien- s'est fait progressivement, mais sans hésitation. Il faut rappeler que malgré notre très jeune âge, nous sommes déjà organisé en groupe de supporters. Comme nos aînés. Sauf qu'eux, ils connaissent et vont danser. Un nouveau style donc, un engagement musical, une modernité particulière qui va donner un nouveau son à la rumba congolaise, et qui ne peut laisser indifférent. Trop jeune pour aller danser, mais l'écoute reste à notre portée en permanence. Jusqu'à ma première soirée au Super Jazz de Brazzaville, avec des amis. "Tongo tsa", telle est ma première surprise de passer avec des amis une nuit blanche trop courte sous le rythme de l’Orchestre National. Le coup d'envoi est donné alors pour aller souvent au Super Jazz, pour moi un bar pas comme les autres. Avec retour à pied au petit matin à Bacongo. Le rythme des Bantou reste si particulier et moderne, qu'il est identifiable, parmi d'autres. Viennent les rencontres très faciles avec Nino Malapet, au Centre Sportif de Bacongo dont je suis natif. Spontanément, un peu de sport et beaucoup de causerie accompagnées de rires. L'aîné Nino brille par une intelligence qui force le respect. Ya Edo, Ya Nkouka Celio suivront, avant l'apparition progressivement de Pamelo, alors Pablito, -qui jusque là, "filait ses compositions au Grand Kallé, (soutenu par ailleurs par Sylvain MBemba, Gérard Bitsindou, -hé oui-, du Club Kallé), de Kosmos, etc. Le double accompagnement guitare était une particularité des Bantou, quant la rythmique basse sortait elle, des sentiers battus... A ces cordes, il y a évidemment Gérard, Sammy, De La Lune et les autres, qui laissent une empreinte indélébile, avec toute la nostalgie qui nous fait parfois douter du travail musical actuel, malgré les avancées technologiques et techniques dont ne disposaient pas Ba Kolo Mboka, se demandant parfois que les politiques de nos pays, grands jouisseurs devant l’Éternel et mauvais mélomanes, s’intéressent plus à leurs comptes bancaires qu'aux emblèmes culturelles aux mêmes titres que le sport, dont la dislocation va de paire avec la mauvaise gestion de nos pays....Espérons encore (?)
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