Quelle est la signification de "sourcils" et "cils" en bon lingala ?
Quelle est la signification de "sourcils" et "cils" en bon lingala ?
Cher Messager,
Il me semble que le mot lingala « makiki » signifie « sourcils » et « cils ». Je voudrais savoir s’il y a un mbokatier qui connaît un autre mot pour les distinguer. J’ai essayé de consulter tous les dictionnaires en ligne, et il semble (jusqu’à nouvel avis) que cette distinction n’intéresse pas à la langue. Je n’en ai aucune idée dans ma langue maternelle non plus, mais c'est le lingala qui détient la richesse de la musique congolaise.
J’ai écouté très attentivement la chanson Kadima de Simaro Lutumba, et je croyais qu’elle disait « makiki ya miso lokola céleri », mais il me semble que la chanson dit « Matiti ya miso lokola céleri ». Mon ouïe n’est pas parfaite, et je voudrais savoir ce que les mbokatiers entendent. Matiti ya miso serait un composé métaphorique, et dans la chanson il est suivi d’une comparaison, mais qu’est-ce qu’on compare – les sourcils ou les cils ? Si la chanson disait makiki ya miso, ce serait aussi un pléonasme artistique, puisque makiki ne peuvent être que ya miso.
Voilà peut-être pourquoi mon ouïe insiste sur matiti. La chanson Amour Fou de Rochereau, elle, dit suki na ye ya miso lokola Kennedy. Je présume qu’il s’agit de JFK, puisque n’importe quel autre Kennedy ne serait pas suffisamment connu pour mériter une comparaison dans une chanson en lingala à cette époque-là. Qu’est- ce- que les mbokatiers croient que suki ya miso signifie – les sourcils, les cils, ou les deux ?
Pedro
Notre réponse
Makiki Vu la complexité de la question de notre ami Pedro, nous avons jugé utile de la circonscrire en rappelant d’abord quelques notions d’anatomie en lingala, avant d’essayer d’y répondre à notre niveau.Comme de coutune, nous céderons la place aux autres mbokatiers, surtout à ceux qui maîtrisent mieux que nous la grammaire lingala.
Voici en effet les différentes appellations de la pilosité humaine (présence de poils sur une région du corps) en lingala telles que nous les avons découvertes après quelques recherches.
Comme dans d’autres langue, le lingala distingue les différents types de poils sur un corps humain.
Cheveu : Losüki (Sing), nsüki (pl), Barbe : mandefu, ndefu (pl) Sourcil : Likiki (sing), Makiki (pl) Cil : Lonkôngya , Monkôngya Moustache : Monzômbâ Poil : Muika, Mika Poils du corps ou du pubis : Nkunza, Kunza.
Paupière: lotökö, ntoko Aisselles: Lisa’sa’mba, Masa’sa’mba (pl)
Cette différenciation de poils en lingala démontre la richesse de nos langues. Mais force est de reconnaître que le lingala parlé, surtout à Kinshasa est pauvre. En d’autres termes, nous ne fournissons (nous-mêmes compris) pas assez d’efforts pour utiliser le vocabulaire lingala approprié. D’où l’usage fréquent des métaphores pour combler nos lacunes lexicologiques. Même dans la Bible en lingala, nous y avons trouvé des métaphores comme « Suki ya nzoto » pour désigner les poils, alors que le vrai terme est « Muika ou mika ».
Ainsi , des termes tels que « matiti ya miso », « suki ya miso »…utilisés par nos artistes font partie des métaphores consistant à modifier le sens du langage par une substitution analogique , par une comparaison, ou par une image. Le lingala de Kinshasa est plein de métaphores. En ce qui concerne le pléonasme, son usage dans la littérature africaine est très courant à l'instar de l'exemple évoqué par Pedro. Souvent, le pléonasme ou la "redondance" caractérise la chanson congolaise.
A présent, nous cédons la place aux autres pour nous compléter sur cette question provenant de notre ami Pedro.
Messager |
Bravo. Selon ma source (1)
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