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Publié par Samuel Malonga

 

"Maningo mwana Maniema" tristement balancé sur les ondes de la Voix du Zaïre le 18 mars 1978

.

 

L’attitude du major Kalume, durant la lecture de la sentence de mort.

 

A l’aube du 18 mars 1978, le temps semble s’arrêter au Zaïre. Le pays tout entier est triste. L’atmosphère est lourde. Affublés de  la grotesque épithète "terroristes",  le major Kalume et ses amis, dont le procès avait défrayé la chronique des semaines durant, viennent d’être passés par les armes après avoir connu d’atroces sévices. Pour justifier ces assassinats, une allocution radiotélévisée est prévue. Le Guide apparaît en treillis et annonce lui-même les exécutions : « Désormais, je le déclare solennellement, je serai sans pitié contre toutes tentatives de ce genre. Je n’accepterai plus que, sous prétexte de sauvegarder les Droits de l’Homme, on multiplie les interventions pour amener l’État Zaïrois à ne pas faire subir aux criminels de cette espèce le châtiment qu’ils méritent (…). Les peines capitales qui viennent d’être exécutées doivent demeurer un exemple pour tout ce monde. C’est à ce seul prix que la paix et la protection des personnes et des biens pourraient être sauvegardées, ce tribut sera désormais payé en toutes circonstances ».

 

A l’issue de l’allocution du Président-Fondateur et en guise de défi, la chanson "Maningo, mwana Maniema" du TP OK Jazz est balancée toute la journée sur les ondes du plus grand tam-tam d’Afrique. La tyrannie venait de faire main basse sur l´art d´Orphée. Grâce à cette chanson, le dictateur retrouve les ressources et l’arrogance pour répondre à tous ceux qui le défient et convoitent son fauteuil. Le 18 mars 1978 est entré dans l’histoire de la République comme une date sombre, celle qui a vu mourir après une longue agonie treize de ses fils catalogués parmi les plus éminents de l’armée et de la société civile. Sombre date, morne journée, triste événement.

 

Samuel Malonga 

 

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M
Ravi de retrouver Pedro, avec ses références littéraires exceptionnelles..<br /> <br /> Meilleurs vœux Pedro.
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P
C’est dommage que cette belle chanson ait été associée à des exécutions au point d’étouffer ce jeu des mots où le nom propre Maniema débouche sur une forme verbale « Ban’a Maniema baniemi niemi niemi bino mama oo », qui est presque shakespearien. Ça ne m’étonnerait pas que la chanson elle-même ait été conçue autour de ce jeu des mots. D’ailleurs, les autres chanteurs ne cessent de donner en arrière-plan, pendant que Franco entonne, l’idée que « niema niema », « oyo aniemi bango », etc. est l’humour principal qu’il nous faut retenir. Je ne sais pas si le verbe « koniema » existe en lingala à côté de « kofina », mais je préfère qu’il n’existe pas pour qu’il soit un emprunt au kikongo. Le recours à une autre langue pour parachever ce coup de maître artistique me rappelle une chanson où les noms propres et communs donnent aussi des verbes, cette fois-ci dans la même langue : « Matinda atindi yo, Mafuta afuti yo, Mateka ateki yo, ngai nasombi yo ». Mais la réussite de Maningo awuti Maniema aniemi niemi bino est vraiment spectaculaire.<br /> <br /> A propos de Maningo mwana ya Maniema, j’ai l’impression que ce serait la même personne que l’OK Jazz a chantée dans Nganda ma Campagne. Il y a, dans cette chanson, un vers que j’aime beaucoup, parce qu’elle contient une très belle presqu’allitération assonancée : « Bolingo Maningo nalinga o suka ya kolinga ». Quatre fois «-ING-» où « bolingo » rime avec « Maningo » et « nalinga » rime avec « kolinga ». Je ne suis pas sûr que, contrairement au cas de Maniema, cette dernière technique ait été volontaire.
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S
Sese Seko croyait qu´il était "Dieu" alors qu'il était seulement "dieu".
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Z
Où Mobutu a-t-il fini ? Il est mort, abandonné par tous ces vautours qui l'entouraient et enterré dans l'anonymat.Après l'ange de la mort a sévi dans sa famille : Manda, Kongolu; et, là , un certain Mobutu s'est jeté dans les eaux froides de la garenne. Ce karma n'est que tuer les mâles de sa famille. Vanité de vanités !!!
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