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Publié par Samuel Malonga

Le dernier match des Lions 

En 1966, pour commémorer le sixième anniversaire de sa souveraineté,  le football s’invite à la fête de l’indépendance. Le Congo sportif invite les champions d’Afrique en titre pour un match au sommet. Rendez-vous est pris au stade Tata Raphaël pour le duel Lions-Black Stars. Les étoiles noires du Ghana sont au sommet de leur art et brillent au firmament du football africain. Avec des joueurs doués comme Wilberforce Mfum ou Ossei Koffi ; des jongleurs comme Edward Aggrey-Fynn ou Addo Odametey, les Brésiliens d’Afrique qui broient tout sur leur passage sont déjà assurés de leur victoire.

 

 

 

Avant de faire le voyage de Kinshasa, ils venaient d’écraser l’équipe nationale du Kenya en décembre 1965 sur le score fleuve de 13 buts à zéro, signant ainsi la plus large victoire de leur histoire. Ce n’est donc pas une partie de plaisir pour Kibonge Gento, Mokili Saïo, Luc Mawa ou Kalala Yaoundé. Les fauves congolais ont devant eux une montagne escarpée à escalader. Le premier duel entre les deux pays remonte à janvier 1965 à Accra. Ce match amical a tourné à l’avantage du Ghana (4 - 1). La seconde explication entre les Black Stars et les Lions du Congo-Léo a eu lieu à Sousse le 12 novembre 1965. C’était lors de la cinquième édition de la Coupe d’Afrique des nations  organisée par la  Tunisie. Les Ghanéens n’ont fait qu’une bouchée des Congolais en remportant la partie par 5 buts à deux (doublé de Pierre Kalala).

En ce 30 juin 1966, tous les espoirs sont permis pour cette troisième joute. La classe politique au grand complet est présente à la tribune d’honneur pour vivre l’événement en direct. Venu nombreux encourager l’équipe nationale, le public assiste impuissant à l’insolent spectacle ghanéen et à la débâcle de son équipe nationale. Quel affront ! La déception est grande sur les gradins. Tout au long de cette rencontre inégale, les joueurs congolais courent derrière un ballon insaisissable. Les arrogants artistes ghanéens les ridiculisent, allant même jusqu’à jongler avec la balle dans la surface de réparation. C’est une véritable leçon de foot qu’ils donnent aux Lions. Au terme du temps règlementaire, le score est lourd : 3  buts à rien. Pour la troisième fois dans l’histoire des rencontres entre les deux pays, le Ghana confirme sa suprématie avec sa casquette de meilleure équipe du continent. La suite est connue peu de temps plus tard. Pour repartir sur des bases nouvelles, la réforme sportive vient des autorités politiques. Le général-président dissout les Lions qui changent aussitôt d’appellation. Cette débâcle est l’acte fondateur de la restructuration du football congolais. Sur les cendres de cette défaite considérée comme une humiliation par tout un peuple, une nouvelle équipe voit le jour. Elle s’appellera Léopards.

Nous avons retrouvé les images de ce dernier match des Lions qui rappellent cette mémorable déroute. Les Congolais n’ont jamais oublié. Ce souvenir amer qui a marqué les esprits continue à résister au temps.

 

Samuel Malonga

Le dernier match des Lions
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M
L’article de Samuel Malonga peut être vu sous un angle politique. En effet, après l’humiliation subie face aux Black Stars, Mobutu décida de faire revenir les joueurs congolais évoluant au championnat belge. Le Commissaire général aux Sports, Ngweza fut envoyé en Belgique négocier avec la Fédération Belgique. Le Congo fut contraint de dédommager financièrement les équipes belges. Les belgicains revirent au pays pour renforcer l’équipe nationale, nouvellement baptisée « Léopards ». Les détails sur le voyage de Ngweza envoyés par nos amis belges de FOOT 100 se trouvent sur notre site. Après le retour des belgicains, notre pays remporta la Coupe d’Afrique des Nations en Ethiopie.<br /> Objectivement, le rappel des belgicains fait partie des actifs du régime Mobutu. Le congolais étant un peuple fier, cet acte est marqué dans sa mémoire collective jusqu’à ces jours. Mobutu a beau été dictateur, mais certaines de ses actions comme le retour des belgicains méritent d’être saluées.<br /> Ce réflexe contraste avec l’attitude de l’actuel président, Joseph Kabila. Parfois il pourrait se demander pourquoi les congolais lui en veulent. En effet, alors que nous sommes humiliés par les Rwandais, il n’a jamais fait appel à un sursaut d’orgueil national. Aucun mot méchant à l’endroit de Kagame ; les rebelles Tutsi comme Nkunda sont épargnés alors que nos officiers comme Ndala et autres sont éliminés, etc, etc. Voilà les raisons majeures du rancœur des congolais à l’égard de Kabila. S’il avait , au moins une fois adopté une attitude incitant au sursaut d’orgueil à l’instar de Laurent Kabila qui avait renvoyé les Rwandais, beaucoup le soutiendraient. <br /> <br /> Messager
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P
Dans les bandes dessinées de Jeunes pour Jeunes, c’est Apolosa qui a conduit les Léopards à la victoire contre les Black Stars. Je ne sais plus pourquoi le public s’est écrié : « Bolongola Apolosa, botia Kembo ».
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C
Merci Sam de ce rapppel...A cette époque...nous eûmes comme sobriquets au foot &quot;Koffi&quot;, &quot;Ossei&quot;, &quot;Mfum&quot;. Le capitaine de SM Sanga Balende, Kasongo, avait deux surnoms: Wimpy et Mfum. Le premier lui venait des bandes dessinées de Pecos Bill et le deuxième du ghanéen Mfum. Il gardera ces deux surnoms jusqu'à la fin de ses jours. Pour les jeunes qui n'ont pas connu le bombardier Kalala, cette photo du bombardier Kalala en pleine action, peut leur donner une idée. Qu'ils imaginent ce colosse déboulant dans les 30 mètres ballon au pied...les dégats que cela pouvait faire dans les défenses adverses...Les rencontres des Black Stars et des Léopards de ces années là furent des matchs dans les matchs car les Kibonge, Mokili, Katumba et Kalala avaient toujours à coeur de laver cet affront. D'où la fierté du bombardier Kalala gardée intacte jusqu'aujourd'hui de son wining goal contre les Black Stars en 1968. RD Congo, mboka ya ba nkoko, zali Libanga ya Talo...<br /> <br /> Claude Kangudie.
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