Gérard Madiata: Premier chanteur congolais du music-hall
Très fort musicien. Gérard Madiata possédait un timbre de voix incomparable à tous les chanteurs congolais de tous les temps, et différemment de Joseph Kabaselle pour lequel il était l’opposé. Une tessiture d’une rare étendue, une technique vocale étourdissante et une invention qui a fait l’admiration des grandes maisons de music-hall en Europe. Auprès de lui, la plupart des vedettes de la chanson congolaise sont apparus ternes et maladroites, mais c’est dans des contextes music-halls que Gérard Madiata a donné le meilleur de son swing et le plus sensuel de son art.
Né en 1940 à Sona Bata dans le Bas-Congo (RDC), Madiata effectue une partie de ses études à Brazzaville, puis à Léopoldville (Kinshasa). Membre de la chorale chrétienne catholique, il fait preuve d’un talent qui lui permet d’être considéré comme le meilleur ténor.
Si en 1956, il fait ses débuts en musique de danse, c’est dans l’orchestre Micra Jazz entre 1957/58 où il a le privilège de chanter dans un groupe composé des musiciens doués comme les guitaristes Raymond Braink, Simon Lutumba et autres José Magnol, Tchade, etc..
C’est en 1958 et dans le Conga Jazz de Paul Ebengo Dewayon qu’il se révèle comme chanteur de belles mélodies. La célèbre chanson « Lucie Botaï » va le hisser à la tête des hit-parades de l’époque. Un passage éphémère dans l’Ok Jazz en 1959, lui permet d’affirmer ses cordes de métier.
Au début des années 60, Madiata quitte le Conga Jazz, pour faire cavalier seul. C’est la carrière de virtuose qui le conduira à travers l’Afrique et l’Europe. Il participe à de nombreux spectacles dans lesquels on reconnait une grande habilité dans l’art de traiter la voix. L’interprétation des œuvres lyriques des grands chansonniers modernes lui assure une grande renommée internationale. Parallèlement, il s’inspire des thèmes populaires de son Congo natal et traduit avec poésie le charme de son pays. Comme dans « Mono Nguiedi » une œuvre célèbre ! Il réussit des mélodies d’une lignée élégante d’un sens très sûr de l’effet scénique, et l’emploi des timbres de goût. Gérard Madiata a joué de sa voix comme un instrument. Chanteur de charme et de spectacle, il a beaucoup inspiré Franklin Boukaka qui est d’ailleurs sorti de son école. Nombreux sont les amateurs qui sont tombés sous le charme d’une étonnante voix sans vibrato qui distillait au creux de l’oreille de très musicales confidences.
Après une carrière fructueuse et bien remplie, Gérard Madiata se fixe à Kinshasa dans les années 80, où il exploite un cabaret très fréquenté par les nostalgiques des vieux airs congolais et internationaux (Baninga) . Soutenu par un orchestre de valeur qui a tenu une place importante dans la production du « Maître Madiata » qui s’en est allé le 27 Juillet 1996, après une courte retraite du à la maladie.
Nous remercions l’infatigable fouineur Samuel Malonga, qui permet à travers ses envois d’aujourd’hui, à de nombreux mbokatiers de réécouter la célèbre chanson de Gérard Madiata intitulée : Les Trois Z.