Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Samuel Malonga

Certains l’appellent Ya Nono, d’autres le nomment Papa Noël. Ce sont tous des sobriquets de l’artiste-musicien Antoine Nedule Montswet. Né à Léopoldville le 29 décembre 1940, il porte le prénom Noël alors qu’il n’est pas né le jour de la nativité du Christ. Par contre, il est respectueusement appelé "Papa" par les siens car étant le tout premier enfant mâle de sa famille maternelle.

A propos du patronyme, le géniteur d’Antoine Nedule vient du Congo-Brazzaville. Originaire de la localité de Kibossi dans le département du Pool, Daniel Mampouya est un commerçant ambulant qui est en voyage lorsque le futur guitariste voit le jour. Cette absence rend furieuse la maman qui donne au nourrisson le nom de son père, celui de Nedule. Elle va l’élever seule.

 

L’histoire du jeune homme avec la musique commence dès le bas âge sous l’influence de sa mère, friande de la musique cubaine. En 1955, pour encourager son fils à poursuivre sa voie, elle lui achète une guitare acoustique chez Papadimitriou. Le jeune  autodidacte s’y donne à cœur joie. Il a Raymond Braink comme ami d’enfance. L’apprentissage se poursuit auprès d’Antoine Kibonge. A force de travail et de volonté, l’adolescent parvient à maîtriser les rudiments de son instrument de prédilection.

Un bon jour de 1956, alors qu’il joue sa guitare devant leur parcelle, il fait une rencontre fortuite qui va bouleverser sa vie. En effet, le destin a voulu que Léon Bukasa, qui est déjà artiste-musicien confirmé, passe par là. Il s’arrête devant lui et le regarde gratter les cordes de sa guitare. Emerveillé par le doigté du jeune Nedule, il l’emmène le lendemain au studio Ngoma pour  enregistrer la chanson "Clara Badimwene" bien que le jeune guitariste lui ai dit au préalable qu’il n’était pas musicien. Dans ce disque, Nedule qui accompagne son mentor, chante et joue à la fois la guitare solo à côté de Kalombo Albino au cuivre et Joseph Mwena à la contrebasse. Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître.

 

Pour les besoins de ce single, Nedule que toute la famille appelle affectueusement "papa" doit se fabriquer un nom de scène. Il pense aussitôt à son mentor Léon Bukasa Tshosa Ngandu Tambwe. Il veut s’identifier à lui. Il prend alors son prénom mais dans le sens inverse. En le lisant de droite à gauche, "Léon" devient "Noël". Ces deux prénoms qui se lisent dans les deux sens sont des noms anacycliques. Ayant trouvé son identité artistique, Antoine Nedule est devenu Papa Noël. Belle reconnaissance doublée d’immense gratitude ! Nedule n’est-il pas artistiquement né à l’ombre du pionnier Bukasa?

 

Le single est sorti en février 1957 sous le numéro Ngoma 1778 avec deux titres : "Clara Badimwene" et "Nalembi makambo". La première chanson, celle de la face A fait un véritable tabac. Ce succès suscite la curiosité du public qui veut connaître l’inconnu qui a si bien joué la guitare solo. Les mélomanes sont abasourdis lorsqu’ils découvrent que ce Papa Noël dont le nom est mentionné sur la pochette du disque n’est autre qu’un ado de 16 ans. A cet âge si tendre, c’est le grand départ pour l’ancien chantre de la paroisse sainte Anne qui de plein pied fait ses premiers pas dans la musique. Avec son nom d’artiste taillé sur mesure, le voilà parti pour une longue carrière musicale. Le pseudonyme éclipse aussitôt son vrai patronyme et va pour toujours se confondre avec sa vie d’artiste.

Samuel Malonga

Compilation : Léon Bukasa . Clara (Kalala) Badimwene. Papa Noël : La luna yel sol, Bang’o mboka, Naleli Bébé & Bantous Jazz.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Sans être guitariste ou avoir quoi que ce soit d'approchant dans mes cordes (je ne l'ai pas fait sciemment, je vous assure !), j'aime beaucoup nos virtuoses, dont Papa Noël Nedule Monswet. Merci à MM pour ces informations sur notre dernier grand maestro, un véritable monument artistique du Kongo (RDC-CG-ANG).
Répondre
S
Sur la 3e photo, Raymond Braink est sixième avec sa guitare. et no 5e
Répondre
M
Sam<br /> Merci pour ce détail pour le moins insolite. On apprendra toujours quelque chose sur l’histoire de la musique congolaise.
Répondre