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   EXCLUSIF                                    

     LE PARCOURS DE

 Franco Luambo                                       LUAMBO MAKIADI Franco

                                          Et   L’O. K.  JAZZ

 

                                                (6 Juillet 1938 – 12 Octobre 1989)

 

Il y a 21 ans, le 12 Octobre 1989 mourait à Namur (Belgique) LUAMBO MAKIADI Franco.-  Musicien célèbre, il compte non seulement parmi les meilleurs guitaristes solos de grand orchestre, mais aussi parmi les auteurs compositeurs les plus inventifs de sa génération, dans un style qui a inspiré de nombreux jeunes orchestres qui se sont réclamés de son école : « L’école OK JAZZ » basée sur la « Rumba

Odemba » (de la tribu Mongo)

 

La fulgurance ascension de LUAMBO MAKIADI  Francoet  son groupe OK JAZZ, tant par l’ampleur du répertoire de ses chansons que par sa participation au développement de la musique africaine a fait de lui, l’une des têtes d’affiche qui a dominé pendant  36 ans, la musique africaine dont il a  su avec compétence et une intelligence particulière, trouver dans les maux qui minent la société, ses principales sources d’inspiration. Un voyage qui au bout  d’une vie d’effort et de persévérance peut se résumer en  trois étapes :

 

 

I – ENFANCE ET INITIATION A LA MUSIQUE (1939 – 1953)

 

1938, le 6 Juillet, naissance de François LUAMBO à Sona-Bata dans la région du Bas-Congo à l’époque du Congo-Belge. De père Joseph  EMONGO et de mère Hélène MBONGA MAKIESE.- De cette union sont nés  trois enfants François LUAMBO, SIONGO Bavon Marie-Marie et Marie- Louise AKANGANA. Mais, maman MAKIESE a eu trois autres enfants avec  deux pères différents : Alphonse Derek MALOLO (né après FRANCO, pendant que Joseph EMONGO se trouvait en prison)  puis,  Marie Jeanne NYANTSA et Jules KINZONZI « Papa » né après la mort de Joseph  EMONGO, le père à FRANCO. Des six enfants, deux seulement sont encore en vie : Marie Jeanne NYANTSA qui est  à Kinshasa (RDC) et Jules KINZONZI « Papa »  à Bruxelles (Belgique). Quant à Mama MBONGA MAKIESE, sa mort est survenue  quelques mois seulement, après celle de son fils François LUAMBO.

 

 François LUAMBO passe son enfance à Léopoldville (Kinshasa), rue Opala, à  Dendale (aujourd’hui, Kasavubu)) puis fréquente l’école de Léo II (Kintambo) où il quitte en 3ème année primaire.

 

1948,l’inspiration de LUAMBOpour la musique lui vient de Joseph KABASELLE, chanteur, certes, mais surtout excellent joueur de l’harmonica, son instrument de prédilection à cette époque.

 

C’est à cet instrument  que LUAMBO  s’initie à la musique au contact avec des jeunes de la rue qui vouaient un culte exclusif aux précurseurs de la musique congolaise moderne : Joseph KABASELLE et   Zacharie ELENGA Jhimmy.

 

1949, l’adolescent de 11 ans  qu’était FRANCO perd son père Joseph EMONGO, du  coup le chemin de l’école est fermé par manque de soutien. Ici commence l’école buissonnière  de FRANCO. Il s’active à jouer à  l’harmonica au sein d’un petit groupe « Kebo » de quartier, dont la rythmique était tenue par le « patenge », un tambour sur cadre en bois que l’on tient entre les jambes et dont on fait varier le timbre en appuyant  sur la peau avec le talon. (Mais plus tard en 1954 le « patenge » laissa la place aux « tumbas » dont,  les brazzavillois,  DIABOUA « Lièvre », PANDI et  LIBERLIN de Soriba Diop furent  les premiers initiateurs aux studios « Loningisa ». Ils ont été d’ailleurs avec FRANCO des fidèles amis d’enfance.)

 

La situation précaire de LUAMBO, frisant  sérieusement  la délinquance, oblige Mama MAKIESE à se confier à une connaissance de son quartier,  Mr. Daniel BANDEKE  qui obtient pour  son fils LUAMBO, un emploi d’emballeur de disques destinés à l’expédition, aux éditions musicales NGOMA.  Très doué, LUAMBO se familiarise rapidement à la guitare avec laquelle il s’entraîne seul en secret dans le studio Ngoma, chaque fois que les musiciens avaient fini  d’enregistrer. Aussi, la surprise sera  grande, le jour où, on s’en est aperçu que l’emballeur était un génie de la guitare en herbe. D’ailleurs,  LUAMBO  aurait pu commencer sa carrière musicale entre 1949/1950, à la Firme « Ngoma » si seulement il s’était offert un parrain pour le présenter à l’éditeur grec Nico JERONIMIDIS.

 

1950, Mama Hélène MBONGA MAKIESE  et ses enfants quittent  la rue  Opala, à Dendale (Kasavubu)  pour s’installer comme locataires dans la parcelle, sise rue  Bosenge n°100 à  Ngiri-Ngiri  Léopoldville, quartier « Far-West », lieu qui se trouve être la  propriété  de la famille de  Paul EBENGO « Dewayon ». Comble de bonheur, LUAMBO tombe à point nommé sur DEWAYON qui possède une guitare de fortune avec laquelle  il est  suffisamment avancé dans la pratique.  Les deux vont se lier d’amitié, ainsi  FRANCO poursuit l’apprentissage de la guitare auprès de DEWAYON, avant de faire la connaissance d’un autre guitariste  bien confirmé,  Albert LUAMPASI,  vedette des éditions Ngoma, vivant  également à Ngiri-Ngiri, Rue Lokelenge.  Il  va se  charger par la suite à l’accomplissement  de son éducation guitaristique. LUAMBO  et DEWAYON, sont adoptés par Albert LUAMPASI, qui les convient régulièrement aux diverses manifestations animées par son groupe  « Bandidu »

 

Bien qu’à cette époque l’activité musicale était dévalorisante et synonyme de voyou pour celui qui la pratique, LUAMBO s’y accroche avec beaucoup de ferveur et  la forte ambition de parvenir à aider sa mère dont la seule source de revenu pour toute la famille était la tenue par Mama  MAKIESE, d’une échoppe de beignets au marché de  Ngiri-Ngiri.,  « wenze ya bayaka »

 

1952 – Albert LUAMPASI,qui est émerveillé par le talent de LUAMBO, l’intègre dans son groupe « Bandidu ». Une longue  tournée va les conduire dans le Bas-Congo, particulièrement à  Moerbeke (Kwilu Ngongo) où ils séjourneront  plusieurs mois. A cette époque, Albert LUAMPASI avait déjà sorti aux Editions Ngoma quatre chansons qui lui avaient  permis  de se tailler une solide réputation, notamment :

 


  

                                         « Chérie mabanza » - « Nzola andambo »           disque Ngoma n°732 

                                 « Ziunga kia tumba »- “Mu kintwadi kieto »         disque Ngoma n°734

 

1953 De retour à Kinshasa, LUAMBO rejoint Paul EBENGO « Dewayon » qui vient de créer après son absence,  avec les musiciens, Louis BIKUNDA, GANGA MONGWALU et MUTOMBO le groupe WATAM.-  Paul EBENGO « Dewayon » et son groupe ont  déjà marqué leur  présence  au studio « Loningisa « avec  la sortie sur disque, le 05  Février 1953 de deux premières chansons de Paul EBENGO « Dewayon » :

 

                « Bokilo ayébi kobota » et  « Nyekesse ». Disque Loningisa n°0100

 

Au grand plaisir des mélomanes de Ngiri Ngiri, le Groupe BANDIBU d’Albert LUAMPASI  fusionne pendant quelque temps avec  le Groupe WATAM de Paul  EBENGO « Dewayon », et se produisent régulièrement, chez « Kanza bar », rue Bosenge à Ngiri-Ngiri.

 

II – CARRIERE MUSICALE (1953 – 1989)

 

1953 – Le 09 Août, Paul EBENGO « Dewayon » présente LUAMBO à l’éditeur grec des éditions « Loningisa » Mr. PAPADIMITRIOU, qui lui fait signer  le jour même un contrât  de production d’une durée de 10 ans, après un essai très concluant.  Mr. PAPADIMITRIOU, est tellement  impressionné par le talent du jeune LUAMBO qu’il lui offre une sensationnelle  guitare moderne, dont il sera attribué l’appellation  « Libaku ya nguma » (la tête du boa), car,  aussi  grande que FRANCO (15 ans), mais avec laquelle il a su manier avec une troublante force d’expression  pendant la session  d’enregistrement. C’est son premier véritable instrument professionnel, avec lequel,  il  accompagne pour la première fois, DEWAYON en studio. Notamment, dans les quatre morceaux ci-après :

 

-« Esengo ya mokili » - « Tuba mbote » disque n°0111 du 12-08-1953 (Dewayon)

-« Bikunda » - « Groupe Watam »,         disque n°0112 du 12-08-1953 (Dewayon)

 

L’enregistrement de ces quatre morceaux sera suivi deux mois après par celui  des titres suivants, toujours avec le groupe WATAM :

 

« Senene mingi » « Bon okoluka ngai » (Mongwalu)   disque n° 0119 du 20.10.1953

« Bana bosenge » «Nainu ngai nakufi te » (Dewayon)  disque n°0120 du 29.10.1953

 

1953, Le  17 Novembre,  LUAMBO Franco  enregistre avec le Groupe Watam,  ses deux premières compositions aux Editions Loningisa :

 

    « Lilima  chérie wa ngai » et « Kombo ya Loningisa » disque n°0122

 

Sur la même lancée LUAMBO Franco  accompagne le groupe WATAM dans les compositions :

 

« Yembele Yembele» et «Tango ya pokwa »(Dewayon) disque  n°0123 du 16 Décembre 1953

« Tongo etani matata»et «Tika kobola tolo »(Mutombo) disque n°0124 du 17 Décembre 1953

 

1954, LUAMBO Franco dans le groupe LOPADI  (Loningisa de Papadimitriou)

         

François LUAMBO Franco, qui est déjà une figure majeure au sein des éditions Loningisa, ne pouvait plus passer inaperçu du personnage prestigieux qu’était Henri BOWANE au sein de cette firme. (Directeur artistique, auteur-compositeur, guitariste et impresario). Il intègre  François LUAMBO a qui il a attribué le sobriquet « Franco »,  Philippe LANDO « Rossignol » et d’autres musiciens au sein  du groupe LOPADI (Loningisa de Papadimitriou) l’orchestre Maison dirigé par Henri BOWANE. Du coup, il ne fait plus parti du groupe WATAM de Paul EBENGO « Dewayon »

   

Le 14 Octobre 1955,  LUAMBO Francoenregistre ses deux premiers chefs d’œuvre qui d’emblée vont le confirmés comme l’un des rares authentiques poètes et guitaristes révélés par la scène congolaise. Il est adulé par tous  les mélomanes, particulièrement par  les femmes qui lui attribuent le surnom de « Franco de mi amour ». Ces compositions portent  sur le catalogue « Loningisa », les titres :

 

«  Marie Catho » et « Bayini ngai mpo na yo » (Bolingo na ngai na Béatrice) Disque n°0129 du 14 Octobre 1955. (Disque dans lequel ESSOUS est intervenu à la clarinette)

 

Très émouvant, ce disque est salué comme la plus grande réussite  de l’année 1955.  Le premier disque « populaire » de LUAMBO Franco,  celui qui a accentué sa popularité  au Congo et en Afrique. Fort de ce succès et au moment où la concurrence  battait  son plein entre les  labels « Ngoma » et « Opika », « Loningisa » va au mieux valoriser le talent de ses musiciens et particulièrement celui de LUAMBO MAKIADI, qui  dans ses premières œuvres recherche dans l’harmonie et le rythme, des  subtilités sonores uniques. C’est ainsi qu’à partir de cette date, on trouvera la guitare de LUAMBO Franco sur des dizaines de disques accompagnant divers musiciens de la Firme Loningisa, comme en témoignent  quelques véritables « best of » de l’époque, réalisées  entre Novembre 1955 et Juin 1956.  C’est-à-dire, avant la création de L’OK JAZZ, notamment :

 

- « Mia poza » - «  Komeka te (LOUBELO De la lune)       disque 0131 du 04.11.1955 

- « Tika bizeti »-« Tango ekoki » (LOUBELO De la lune)  disque 0152 du 26.05.1956

- « Vis-à-vis » - «  Locia wa ngai » (DEWAYON)                 disque 0133 du 14.11.1955

-« Mabele okanisaka »-« Dit Antoinette »(DEWAYON)     disque 0146 du 25.04.1956

-« Flamingo » « Véronica o mboka Bukigam » (FRANCO)    disque 0134 du 19.11.55

-« Elo mama » - « Naboyi yo te » (FRANCO)                       disque 0138 du 05.03.1956

-« Ba petits bongo luwo »-Anna mabele ya ngoya » (FRANCO)   0145 du 17.04.1956

-« Nalingi ozonga »-«Mokili mobongwani »(LONGOMBA)         disque 0140 09.03.55

-« Viclong Julie »-« Bolingo eleki kisi » (LONGOMBA)         disque 0147 du 05.04.56

-« Oyo elingi motema »« Rumbamba »(Pholidor TANDJIGORAH)    .0141 du 11.03.56

- «Thérèse d’Amour » « Wa bolingo » (ROSSIGNOL)         disque 0143 du 09.04.1956

-« Chérie Margo »-«Houlala mopanzi » (MONIANIA Roitelet)  disq.   0144 du 2.05.56

-« Alice »- « chérie atiki ngai » (ESSOUS)                           disque 0149 du 18.05.1956

-« Nabosani ndako »-« Palabras amorosas » (BEMI)         disque 0150 du23.05.1956

-« Wapi yo »-« osili obébi » (BOSUMA «Dessoin »)          disque  0151 du 30.05.1956

 

Et,  tant d’autres œuvres, accompagnées par les musiciens  J.S. ESSOUS,  Nino MALAPET,  LONGOMBA « Vicky », LANDO « Rossignol », MONIANIA « Roitelet », Pholidor TANDJIGORA, KOSSI Pedro « Bemi » SARTI, Saturnin PANDI, EBENGO « Dewayon »,   HENRIOT, IVORRA, NGANGA MONGWALU, BOSUMA « Dessoin » DIABOUA « Lièvre » LIBERLIN DE SORIBA DIOP, PELLA « Lamontha », etc...

 

1956, le 6 Juin,  quelques musiciens issus du groupe  « Bana loningisa »  ou « Lopadi » engagés par le barman Oscar  KASHAMA « Kassien », et qui avaient pris l’habitude de jouer dans son dancing  OK BAR, (établissement  qui porte ses initiales), tous les samedis soir et Dimanches après midi, parallèlement à leur emploi pendant la semaine au studio « Loningisa » se constituent ainsi en orchestre qui porte l’appellation  « OK JAZZ ». L’idée  est venue  de Jean Serge ESSOUS  qui avait trouvé mieux d’honorer Oscar Kashama  pour la noble initiative prise par lui d’octroyer au groupe,  les instruments et le bar.  A la question justement de savoir quel nom donner au groupe informel. (Même si par la suite les initiales OKseront interprétés : « Orchestre Kinois »)

 

Le nouvel orchestre sous la houlette d’Oscar KASHAMA  « Kassien »  compte au début près de 10 musiciens : (tous sociétaires des éditions Loningisa)  ESSOUS  – LUAMBO « Franco » – LOUBELO « De la lune » José Philippe LANDO « Rossignol » – Saturnin PANDI « Ben » – Augustin MONIANIA « Roitelet » – Marie-Isidore DIABOUA « Lièvre » – LIBERLIN  DE SHORIBA DIOP, Jacques  PELLA « Lamontha », Nicolas  BOSUMA « Dessoin », avant  de se fixer au nombre de 7  à la sortie solennelle qui a  eu lieu le 20 Juin 1956 au Parc de Boeck (Parc du zoo) , notamment  :

 

Jean Serge ESSOUS, chef d’orchestre (clarinette) – François LUAMBO « Franco » et  Daniel LOUBELO « De la lune » (guitare basse)  José Philippe LANDO « Rossignol » et Victor LONGOMBA (chant) Saturnin PANDI « Ben » et  Nicolas BOSUMA « Dessoin »  (tumbas) - (Remarque importante, dans cette composition il n’y avait  pas de guitariste d’accompagnement, ce rôle était assurée par le duo ESSOUS-LUAMBO)

 

Quoi qu’il en soit, pendant les concerts, ce nombre n’était pas limitatif. La famille Loningisa était tellement soudée, au point où ses sociétaires de marque comme Nino MALAPET, DIABOUA « Lièvre », MONIANIA « Roitelet «  et tant d’autres pouvaient s’improviser à leur guise pendant les concerts de l’OK Jazz, qui il faut le dire était en quelque sorte le groupe de la famille Loningisa. (C’est-à-dire, les musiciens membres des éditions Loningisa  pouvaient à leur guise présenter une chanson pour être accompagner par l’OK Jazz)

 

LUAMBO MAKIADI Franco s’affirme aussitôt après la création de l’OK Jazz, comme l’une des plus marquantes  personnalités de la rumba authentique  dans son ensemble. Il rivalise avec  les deux meilleurs guitaristes de la musique congolaise, de l’époque ;  Emmanuel TSHILUMBA WA BOLOJI « Tino Baroza » et Nicolas KASANDA « Dr Nico ».  LUAMBO Franco galvanise toute la sympathie et l’émotion des mélomanes, par la finesse de son doigté,  et surtout le dynamisme et la compétence de ses collègues de l’OK JAZZ. Toutefois,  Il s’impose comme le meilleur spécialiste du jeu en sixte, technique  qui consiste à jouer la guitare en pinçant plusieurs cordes à la fois, style à partir duquel il a donné naissance à « L’école OK Jazz » basée sur la « rumba odemba », dont la rythmique et la gestuelle serait issue du folklore de la tribu Mongo de Bandaka (RDC) L’exploit de LUAMBO à la guitare, a reconnu un spécialiste, c’était aussi : de ne jouer qu’avec trois doigts de la main gauche,  un doigté tout à fait  particulier.

 

Le meilleur de LUAMBO Franco, aussitôt après la création de l’OK JAZZ ( De Juin à Décembre  1956 aux Editions Loningisa ») se trouve  peut être dans les plages réalisés  avec le célèbre clarinettiste Jean Serge ESSOUS. Ils se complétaient admirablement et s’accompagnaient d’ailleurs mutuellement lors des séances d’enregistrement de la période précitée, en introduisant, comme dit précédemment, un duo ESSOUS (clarinette)-LUAMBO (guitare solo)  Le témoignage de cette  première expérience discographique figure  dans cette sélection qui comprend pour l’essentiel des titres  merveilleusement arrangés. :

 

                     

- « La rumba OK »-« Makambo maiza  » (Franco)       disque 0154 du 20.06.1956           

- « Tika kondima na zolo »  (Franco)                       disque n° 0157 du 26.06.1956                    

-« On entre OK on sort KO »-« La Fiesta » (Franco) disque 0160 du 27.12.1956

-« Bomekaki Rossignol »-« Tété Rossignol »         disque n°0155 du 23.06.1956

-« Pasi ya boloko »-« Nini chérie » (Pandi)             disque n°0161 du 29.11.1956

-« Mado ya sango »-« Nabosani yo te »(Longomba) disque 0162 du 25.12.1956

-« Se pamba »-« Lina » (Essous)                                disque n°163 du 27.12.1956

-« Etali yo »-« Colette » (Loubelo « De la lune »)     disque n°065 du 17.12.1956

-« Alliance mode succès »-«Tongo se elangisa » (Dewayon) disque n°0168 du  

    27.12.1956

 

1956, le  27 Décembre. Première défection au sein  de l’OK Jazz et de la Firme Loningisa :

 

Six mois après, c’est-à-dire le 27 Décembre 1956  et à l’issu du dernier enregistrement de l’année 1956 effectué le même jour, les trois  premiers compagnons  de LUAMBO MAKIADI Franco, ci-après :

Jean Serge ESSOUS, José Philippe LANDO « Rossignol », Saturnin PANDI. Quittent l’OK Jazz.  Avec eux, les sociétaires de Loningisa :   Paul EBENGO « Dewayon,  Augustin MONIANIA « Roitelet ». et tant d’autres. Ils seront accueillis en Janvier 1957 par Henri BOWANE qui les présentera à   l’éditeur grec Dino ANTONOPOULOS de la firme « Esengo » pour créer quelques jours après l’Orchestre Rock-A- Mambo, qui sera rejoint d’ailleurs par les  orchestres Conga Jazz de Paul EBENGO « Dewayon »  et  l’African Jazz de Joseph KABASELLE.

 

1956, le 28 Décembre Intégration dans l’OK JAZZ des nouveaux  musiciens  et  

Sortie le 31 DECEMBRE 1956 de la nouvelle formation OK JAZZ  pour le premier concert.

 

Le 28 Décembre 1956, en effet : Edouard GANGA « Edo », Célestin KOUKA,  Nino MALAPET (issus du groupe Negro Jazz de Brazzaville disloqué à Kinshasa en 1956) et Antoine ARMANDO « Brazzos ». Intègrent  l’orchestre OK Jazz remanié, sous la direction de LUAMBO Franco pour donner le premier concert  le 31 Décembre 1956 à Léopoldville (Kinshasa), dans la nuit de la Saint Sylvestre. Ils étaient : LUAMBO Franco (guitariste soliste), Antoine ARMANDO « Brazzos » (guitariste accompagnement), Daniel LOUBELO « De la lune » (guitariste basse), Edo GANGA, Vicky LONGOMBA, Célestin KOUKA (chanteurs), Nicolas BOSUMA (percussionniste) et Nino MALAPET (saxophoniste, qui s’en ira  15 jours après aux éditions Esengo pour  former avec ESSOUS, LANDO, PANDI, MONIANIA… l’orchestre Rock-A-Mambo) (Remarque ; c’est, à partir de ce moment que LUAMBO devient le chef d’orchestre de l’OK Jazz et que l’on introduit un guitariste accompagnateur en la personne de ARMANDO Brazzos)

 

1957 – 1959 Désormais seul maître à bord, LUAMBO Franco se fixe comme priorité de juguler les mouvements au sein de l’OK JAZZ, en apportant chaque fois du sang nouveau à travers le dynamisme et la compétence des nouvelles recrues. C’est ainsi que l’on va assister  aux mutations ci-après de 1957 à 1959 :

 

- A l’intégration le 20 Août 1958, du saxophoniste Isaac MUSEKIWA, suivi du clarinettiste Edo Clary LUTULA

 

- Au départ en Avril 1959  des chanteurs : GANGA Edo, Célestin KOUKA  et du bassiste  Daniel LOUBELO « De la lune » pour l’orchestre Bantous de Brazzaville.

Ils sont remplacés par les chanteurs Jean Munsi KWAMY et Joseph MULAMBA « Mujos »

 

1960 Intégration dans l’OK JAZZdes musiciens TSHAMALA Jean « Picolo » (guitare), KALOMBO Albino (saxo), BOMBOLO Léon « Bolhen », (guitare) EPAYO Alphonse (basse),  MOKE Simon (percussion)

 

 1960 Un départ de l’OK JAZZ qui n’est pas de moindre, celui du chanteur Victor LONGOMBA « Vicky », Il rejoint Joseph KABASELLE pour participer avec l’African Jazz à la table ronde belgo-congolaise du 20 Janvier au 20 février 1960, avec eux, un autre musicien de l’OK Jazz, le bassiste Antoine ARMANDO Brazzos.

 

1960  - Rupture de contrat entre LUAMBO et les Editions Loningisa

              Des frères grecs Basile et Athanase PAPADIMITRIOU

 

Deux ans avant son expiration en 1962, et  grâce à l’implication de Mr Justin BOMBOKO, alors ministre congolais des affaires étrangères, LUAMBO MAKIADI Franco rond son  contrat  avec les Editions Loningisa.

 

1961 – L’OK JAZZ est le deuxième orchestre  congolais  à se rendre à Bruxelles, après l’African Jazz en 1960. LUAMBO MAKIADI  Franco et son groupe sont conviés par les Editions musicales « Surboum African Jazz », propriété de Joseph KABASELLE, (premier éditeur congolais) à enregistrer sous son label. On se souvient des grands succès comme « La mode ya puis », « Amida muziki ya OK, « Nabanzi Zozo », « Jalousie ya nini na ngai », « Como quere »,  etc, réalisés  avec la chaleureuse voix de MULAMBA « Mujos ». A  l’actif  de ses enregistrements, le premier équipement musical de l’OK Jazz acheté par l Joseph KABASELLE, fruit de la vente des disques OK Jazz par les éditions « Surboum African Jazz »

 

1961 – Création de l’édition musicale « EPANZA MAKITA » de  LUAMBO MAKIADI Franco. Première expérience dans l’autoproduction.

 

 En effet, de retour  de Bruxelles, LUAMBO MAKIADI  s’inspire de l’expérience de Joseph KABASELLE, et crée à son tour  l’Edition  « Epanza Makita »,  avec le concours de Mr Thomas KANZA (personnalité politique de l’ABACO) qui à assurer les bons offices auprès de la firme belge Fonior. Néanmoins, LUAMBO va parallèlement avec ses éditions continuer  à sortir quelques  disques chez Loningisa jusqu’en 1962.

 

 

1961 – 1989 – LUAMBO MAKIADI  Franco à la croisée des chemins

 

Placées sous le signe de la maturité et de la réussite, les années 1961 à 1989, vont situer LUAMBO MAKIADI

Franco et son groupe OK JAZZ à la croisée des chemins. Beaucoup de mutations, en effet, sont connus au fil des années, au niveau des hommes. LUAMBO Franco, le patron, à l’audace de jouer avec des jeunes talents et des vedettes confirmées avec qui le dialogue est  passionnant et fructueux. Certes,  la notion de gain était le lev motif à travers lequel toutes les tentatives étaient permises, LUAMBO Franco plaçait souvent en tête le profit. C’est ce qui a expliqué dans les années 70, la formule de TOUT PUISSANT OK JAZZ, ou « ORCHESTRE ENTREPRISE », avec près de 50 musiciens  qui au début des années  80 étaient repartis en deux groupes : un à Kinshasa et  un autre  à Bruxelles, avant de s’implanter en 1982 en Belgique. Il tourne dans les pays de l’’Union Européenne, puis au Etats-Unis d’Amérique en 1983, récoltant partout un succès énorme.

 

De retour au bercail en 1985, LUAMBO s’engage à fond dans une nouvelle forme d’expression,  « le duo LUAMBO- MADILU »  qui veut retourner à la rumba de base, va embrasser toutes les philosophies, toucher à toutes les expériences, C’est l’époque des « Mamou » (1984) et « Mario » (1985).

 

Au nombre des musiciens qui  pendant cette période se sont révélés exceptionnellement doués et « rumberos » de haut nivau,  tout comme quelques évènements  qui s’y rattachent, notons :

 

1961 - 1963 : L’entrée des musiciens ; LUTUMBA  Simon « Simaro » (1961) KIAMUANGANA Georges « Verckys » - DJALI Christophe, DJANGI Checain « Lola » - DJALI Christophe (1963).

 

 - En 1962,Vicky LONGOMBA, réintègre l’OK Jazz après une absence de deux ans au cours desquels, il a évolué dans l’African Jazz et le  Negro Succès. C’est lui qui pèsera sur la balance, pour obtenir le retour dans l’OK Jazz de GANGA Edo et LOUBELO « De la lune » le 11 Août 1962.

 

 1964 – 1966 :l’Entrée de : BOYBANDA Michel, DELE Pedro (1964) LUNUNA-MBEMBA (1965), YOULOU MABIALA Gilbert (1966), BITSOUMANOU Francis « Celi Bitsu », (1966) POUELA Jean-Félix « Dupool » (1966)   DIANGANI Nestor (1966), MOSE SE SENGO « Fanfan » (1968).-  

 

1965 – Au niveau de la production, les éditions « Epanza Makita » vont succéder aux éditions « Populaires. Un progrès et une nouvelle jeunesse pour le progrès phonographique de LUAMBO MAKIADI.

 

- Cette période est particulièrement marquée par le conflit qui va opposer en 1965 LUAMBO Franco et Jean KWAMY a l’issu du départ de ce dernier dans l’African Fiesta. Conflit qui va générer deux chansons conflictuelles : « Faux millionnaire » de KWAMY et la réponse  « Chicotte »  de FRANCO.  Il est à noter aussi, la participation de l’OK Jazz en 1966 au premier festival mondial des arts nègres de Dakar, aux côtés des Bantous de la capitale de Brazzaville.

 

-  BOYIBANDA Michel(13.04.1964). POUELA J.Félix « Dupool » (1966) YOULOU MABIALA (15.08.1966)  inaugurent une nouvelle ère de la présence des musiciens brazzavillois dans l’OK Jazz. Notamment après  l’expulsion des brazzavillois de Kinshasa,  le 22 Août 1964 par Moïse TCHOMBE.

 

DEDE KABOLA MIKOLO

 

1967 – La naissance en Avril,  de l’Orchestre Révolution, va constituer le plus grand mouvement que LUAMBO Franco n’avait jamais connu dans  son groupe. Il a été sérieusement ébranlé par  le départ massif des musiciens : MULAMBA,  KWAMY (ex. A. Fiesta) WELAKINGARA « John Payne » ARMANDO Brazzos, TSHAMALA Picolo,  BOSUMA « Dessoin » MUSEKIWA Isaac,  DJALI Christophe, Michel BOYIBANDA, qui par un élan de solidarité ont voulu démontrer leur force. Hélas !  L’orchestre Révolution » n’a vécu que le temps d’un feu de paille. Cependant,  il a tout de même sorti un album qui a été salué comme l’un des grandes réussites de l’année, avec les titres : « Ngai mwana Congo » et « Divorce » de MUJOS, « Mopepe ya mbula » et « Kinshasa nayaki de KWAMI. Il est à noter que bon nombre des dissidents avaient rejoint LUAMBO MAKIADI  quelque temps après.

 

1969 -1975: L’entrée des musiciens : NTOYA FWALA « Pajos» (1969), KASONGO KAWAKA « Rondo »,

 (1969) , MPUDI Decca (1970) , KONGI Aska (1971), ADAMO SEYE Kadimoke (1971) BARAMI MIRANDA (1971), KAPITENA KASONGO (1971) , KALLOUX “Vieux”, MANGWANA  Samuel « Sam » (1972), KIAMBUTUKA  “Josky” (1971) MAYAULA MAYONI (1974) DOMBE  OPETUM (1975)  WUTA-MAYI Blaise (1974), NGIANDU KANZA (1974),  YOKA MANGAYA « Gege » (1974), MAVATIKU VISI « Michelino, IMPOMPO LOWAY (1975).

 

1972 – LONGOMBA Vicky  est de nouveau en porte à faux avec LUAMBO MAKIADI Franco. Il le quitte pour former l’Orchestre LOVY du Zaïre dont dépendent les Editions « Viclong ». LUAMBO Franco et LONGOMBA Vicky deux cofondateurs de l’OK Jazz qui ne s’appréciaient  pas tellement.

 

1972, le 27 Octobre, MOBUTU, président du Zaïre, décrète la loi de recours à l’authenticité, obligeant les zaïrois à abandonner leur prénom chrétien  pour un prénom authentiquement  zaïrois. C’est à partir de cette date,  que  François LUAMBO Franco est devenu LUAMBO MAKIADI et d’ajouter un autre nom qui traduit ses origines tribales : L’OKANGA LA NDJU PENE.

 

1976 - 1989 : L’entrée des musiciens :  NZITANI NTESA Daniel « Dalienst » (1976)  MANKONKO KINKUDI « Makos » (1976) Flavien MAKABI MINGINI (1976) Thierry MANTUIKA KOBI (1976) , MONOGI MOPIA « Petit Pierre » (1976), TCHANDALA KOSUANA (1976) LUKOKI Diatho (1977), DIALUNGANA KASIA « Gerry » (1977) NEDULE  Antoine « Papa Noël » (1978) MADILU BIALU (1982), CARLITO (1984)  LOKOMBE, Dizzy MANDJEKU,  JO MPOY,  MALAGE, (1986) , et tant d’autres.…

 

1978,  peut être considérée comme la pire année dans la carrière de LUAMBO MAKIADI Franco : Son emprisonnement. En effet, le génial chroniqueur dont on appréciait la vocation de pédagogue social, s’est laissé aller dans les caricatures obscènes. Il chante « Hélène » et  « Jacquie » deux titres à caractère pornographique, (vendus à la sauvette) qui le conduisent directement en prison.  Au sortir de là, il se repenti auprès de son public ; mais son honneur avait pris un coup.

 

LUAMBO MAKIADI Franco, n’était pas à sa première prison. Les deux premières fois en 1952 et 1959 par l’administration coloniale belge (faute de pièce d’identité, puis de permis de conduire - accident sur la Vespa -). Infractions qui étaient toujours, sévèrement  réprimées par les Belges.

 

SEPTEMBRE 1987- Excellente idée de LUAMBO Franco, de faire appel à deux chanteuses : NANA et BANIEL  pour un exercice de style aux voix veloutées. , L’expérience n’a pas duré, certes, mais, elle a été couronnée par deux disques dont les morceaux ont été tous des reflets de l’univers urbain comme on le ressentait à Kinshasa : « C’est dur », « Je vis comme un PDG », « Les ont dit », « La vie d’une femme célibataire », « Flora est une femme difficile ».

 

1988 – LONGOMBA Vicky tire sa révérence  le 12 Mars à Kinshasa, après 36 ans de carrière musicale bien remplis, au sein des éditions CEFA, dans l’OK JAZZ, l’African Jazz, le Negro Succès et le Lovy du Zaîre. A cette date, LUAMBO MAKIADI et BOSUMA « Dessoin » se trouvaient être les deux survivants kinois cofondateurs de l’OK Jazz en 1956. (Présentement il ne reste plus en vie, aucun kinois cofondateur  de l’OK Jazz. Sauf à Brazzaville,  en la personne de Jean Serge ESSOUS, premier chef d’orchestre du groupe)

 

Avec LUAMBO MAKIADI Franco, tous ses musiciens précités, ont parcouru  l’Afrique, l’Europe, l’Amérique et ont  enregistré des milliers des disques. LUAMBO MAKIADI Franco, particulièrement s’est révélé  à travers tout l’œuvre de son orchestre un technicien extraordinaire qui a exploité toutes les possibilités de sa guitare et de sa voix,  générateur  de plus merveilleuses acrobaties sonores.

 

SEPTEMBRE 1989LES CONCERTS D’ADIEU DE LUAMBO MAKIADI.

 

Septembre 1989, soit un mois avant sa mort, LUAMBO MAKIADI qui n’avait plus la maîtrise de son état de santé, trouve quand même les forces de livrer les concerts à Bruxelles, à Londres et  à Amsterdam. Le 22 Septembre, à Amsterdam  a lieu  le concert à l’issu duquel il est admis à l’hôpital le 23 Septembre 1989. Auparavant, LUAMBO MAKIADI a enregistré à Bruxelles son dernier album « Forever «  accompagné par le chanteur Sam MANGWANA. Cet album met fin à son apogée discographique qui a commencée en 1953 avec « Lilima wa ngai » et « Kombo ya Loningisa » : Groupe WATAM, soit 36 ans de présence sur le marché du disque.

 

 Enfin, très sympathique et tolérant dans ses relations avec ses musiciens, LUAMBO MAKIADI  n’a jamais osé fermer la porte à tous ceux  des musiciens qui quittaient l’OK JAZZ et qui demandaient à y revenir. Formé à l’école de la vie, au bout de l’effort et de la persévérance, LUAMBO MAKIADI Franco a vécu au milieu d’un peuple dont il a écouté, exprimé les sentiments les plus profonds. Tout comme il a su courageument dénoncé les  injustices et les faiblesses de la société congolaise ses principales sources d’inspiration.  Notamment , des thèmes incendiaires, liés à la prostitution, à la pédophilie, à la maladie, à la sérénité dans le coupe, au célibat, au  divorce, à la mendicité, à l’infidélité (2ème bureau), aux « Zigolo » , au travail, à l’amour, à la vie , à la mort, etc… à travers lesquels chaque mélomane avait trouvé son compte.

 

D’aucun se souviennent encore de la reconnaissance des mérites discographiques de LUAMBO et son groupe. Entre autre « les maracas d’or », les disques d’or. Un bestseller inoubliable, celui du duo TABU LEY- LUAMBO « Lisanga ya banganga » (1983),  OK Jazz plébiscité meilleur orchestre  de l’année 1982, des distinctions nationales pendant le règne de MOBUTU, etc.

 

Si chaque époque génère son messie, on peut affirmer  que  LUAMBO MAKIADI  a constitué pendant tout son règne, le « messie » de la musique congolaise, dont l’œuvre a pris un caractère de parole d’évangile. Hélas ! Comme tout messie humain, LUAMBO MAKIADI Franco n’a pas échappé à notre sort commun : La mort. Elle est intervenue le 12 Octobre 1989 à Namur en Belgique., après plusieurs mois d’incertitude, quant à la nature de la  maladie qui le rongeait.- Rapatrié le 15 Octobre  à Kinshasa il a été inhumé le 18 Octobre au cimetière de la NGOMBE, après tous les honneurs dus à un dignitaire, un héro national. Quelques années après sa mort une avenue de Kinshasa porte depuis son nom : - Avenue LUAMBO MAKIADI Franco - (ex. avenue Bokassa)

 

III – L’HERITAGE  LUAMBO MAKIADI

 

Quel héritage a-t-il laissé à l’OK JAZZ ? Question que s’est posé un confrère du journal « Etumba » en 1996 et qui répond :

 

 « Les espoirs que tous les mélomanes avaient mis sur l’immortalisation de l’OK JAZZ se sont estompés trois ans seulement après  la mort de FRANCO. Les musiciens, en effet, n’ont pas pu arrêter leurs ambitions personnelles pour sauver l’essentiel, c’est-à-dire : l’OK JAZZ.

 

Les problèmes de discipline, aggravés  par ceux du patrimoine légué à la famille LUAMBO ont conduit au début de l’année 1994 à l’éclatement de l’OK JAZZ.-  MADILU, la famille LUAMBO, l’OK Jazz (vidé de ses  musiciens) d’un côté. LUTUMBA Simaro et presque tous les musiciens de l’OK Jazz, avec lui ; de l’autre. Les derniers sous la direction de LUTUMBA vont former  le 01 Février 1994, le  nouvel orchestre  dénommé   «  BANA OK  » 

 

Malgré toutes les interventions des autorités gouvernementales du Zaïre, aucun arrangement ne sera  obtenu pour réconcilier les deux parties. »

 

Tout est parti, en fait,  d’un concert donné par MADILU pendant son séjour à Bruxelles , avec les anciens musiciens de l’OK Jazz installés dans cette ville, et pour lequel il enfreint au règlement du groupe, qui interdit l’organisation à l’étranger des concerts  en empruntant le sigle OK Jazz. Pour ce faire il a été suspendu pour trois mois. Cette suspension ne sera pas du goût de la Famille LUAMBO, particulièrement,  Marie Louise AKANGANA, la sœur à FRANCO,  qui réagira par la confiscation des instruments. Elle va même plus loin en exigeant l’augmentation du pourcentage sur les  royalties  que l’OK Jazz devra dorénavant versées à la Famille LUAMBO dans le cadre du pactole laissé par son  frère. La famille soutient  la position de MADILU, selon laquelle le concert donné à  Bruxelles était  motivé par l’aide à apporter aux enfants de FRANCO, sérieusement dans le besoin.

 

La décision de LUTUMBA, après la confiscation des instruments est sans recours, malgré l’engagement qu’il avait pris à la mort de FRANCO, de sauvegarder  l’œuvre  du Grand Maître.

 

Ainsi, s’est confirmé – ce que redoutait  tous les mélomanes -  « La suprématie de FRANCO pour qui, l’OK JAZZ n’existait qu’à travers lui  seul et sa famille, laissant LUTUMBA Simaro, prétendu successeur sans aucun pouvoir » -

 

En attendant, si oui ou non l’OK Jazz va se reconstituer, MADILU System sort au mois d’Avril 1994 une cassette dans laquelle la chanson « Ya Jean » est à la une de tous les hit-parades (K7 réalisée avec le concours des anciens musiciens de l’OK Jazz en Europe). De retour à Kinshasa et sur la même lancée, il continue la production musicale avec des musiciens mieux placés pour réactualiser la Rumba traditionnelle, la popularisée auprès des nostalgiques de LUAMBO MAKIADI.

 

De son côté LUTUMBA Simaro qui a confirmé l’existence de son groupe « BANA OK »  depuis le 1 Février 1994 réagit par la sortie, lui aussi, d’une cassette  qui lui confère  son titre inaliénable de poète de la chanson congolaise : « Cabinet molili ».

 

ET,  L’OK JAZZ. QU’EST- IL DEVENU ?   Après  la création de « BANA OK » et le

passage à la carrière solo de BIALU MADILU « System ».

 

Les réponses à ces questions trouvent leurs réponses en 1996, lorsque l’un des fils à LUAMBO Franco, dans le souci de perpétuer la mémoire de son père, sollicite les services de YOULOU MABIALA Gilbert et de  BOYIBANDA Michel pour restaurer l’orchestre OK JAZZ,  La demande acquière le consentement  des deux musiciens brazzavillois. Cependant,  BOYIBANDA Michel rétractera par la suite, laissant YOULOU MABIALA faire  cavalier seul avec des jeunes musiciens de Kinshasa et de Brazzaville, parmi lesquels ceux qui avaient  évolué avec lui dans le groupe KAMIKAZE. 

 

Le 24 Décembre 1996, YOULOU MABIALA exhume l’OK Jazz et ouvre  aussitôt les hostilités  par une chanson très controversée,  car elle ne plait pas à  LUTUMBA Simaro  qui se sent visé : « Mwana ya LUAMBO ».  Une chanson bien réussie, mais qui est une diatribe.  Elle fustige, en quelque sorte la bande à LUTUMBA Simaro pour avoir trahi la mémoire du Grand Maître. YOULOU MABIALA  qui se dit « MwanaLUAMBO » (« le fis à Luambo ») est le seul à avoir relevé le défit. Et comme pour sceller indéfiniment sa vocation à LUAMBO,

YOULOU MABIALA prend comme épouse la fille ainée à LUAMBO MAKIADI  (Marie-Hélène LUAMBO « Mama Leti ») avec qui il forme désormais  une famille.

 

Depuis, YOULOU MABIALA est demeuré chef de l’OK JAZZ  et avait  recouvré une énergie nouvelle, une conception qui lui avait  fait éviter  l’asphyxie, et lui avait  permis  de communiquer  à nouveau avec le vrai public de l’OK Jazz à travers les concerts et les disques, jusqu’ au malheureux concert du 15 Août 2004à Pointe-Noire où YOULOU MABIALA est  terrassé par une crise d’hypertention. Un tournant  douloureux qui du coup a mis  définitivement fin à l’existence de l’OK JAZZ,  principal héritage de LUAMBO MAKIADI Franco et de tous ceux qui à travers le monde ont été bercé par sa musique

 

NASEKI MINGI

 

Le temps nous dira si les efforts d’EMONGO le fils à LUAMBO, ses frères et sœurs, la fondation LUAMBO MAKIADI qui se proposent  de  transférer le corps de LUAMBO MAKIADI  à SONA BATA (Bas-Congo),  son village de naissance, seront  à même de remettre  l’OK JAZZ  sur les rails !

 

Clément OSSINONDE

(clement.ossinonde@sfr.fr

 


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