Telama Besi Kongo (Debout Congolais)
Telama Besi Kongo (Debout Congolais)
Peut-on traduire l’hymne national de son pays dans sa langue maternelle? Combien peut-il exister de versions d’un hymne national? Les questions méritent d’être posées chez nous. Aux Etats-Unis par exemple, les Hispaniques ont leur variante espagnole de la « Bannière étoilée » américaine.
C’est peut-être le signe de leur intégration dans la société yankee et de leur attachement à l’Amérique. Au Congo, sûrement deux frères : Albert Kisukidi et Yala Kisukidi ont franchi le pas. Ils ont traduit notre « Debout Congolais » en kikongo. Est-elle une bonne initiative ? Au-delà des questions diverses que cela peut soulever, qu’en pensent les uns et les autres.
A suivre la chanson de près, l’interprétation est fidèle à la version officielle. C’est comme s’ils avaient transcrit le texte du français en kikongo. Telama Besi Kongo n’a aucune valeur juridique et est presque inconnu du grand public. C’est le reflet d’une volonté marquée par l’africanisation de certains symboles de l’Etat qui possèdent encore et toujours un parfum d’Occident. L’hymne national est en français, langue que ne comprennent que les Congolais instruits.
Beaucoup de nos compatriotes ne saisissent ni la profondeur du texte ni sa portée historique. Du moins, nos deux concitoyens ont osé chanté l’hymne national dans une langue du terroir tout en soulevant la question de diverses traductions qui pourraient s’en suivre. « Telama Besi Kongo» sera compris par tout ceux et toutes celles qui parlent ce patois. Qui sait, peut-être qu’il y aura demain une version swahili, tshiluba, lingala, tetela, yanzi ou ngbaka . Les diverses interprétations vont-elles exacerbées ou réveillées les vieux démons du tribalisme et du régionalisme ? Ou vont-elles au contraire conforter et cimenter notre union dans la diversité.
Peut-être qu’avec cette multitude de versions, les compatriotes qui ne parlent pas le français comprendront dans la langue de leurs ancêtres ne fut-ce que la signification profonde des paroles nobles contenues dans notre hymne national. Est-ce une bonne idée ? En tout cas le débat est ouvert.
Pour rappel, l’hymne sud-africain post apartheid est un mélange de « Nkosi sikelel’i Afrika » (Dieu bénissez l’Afrique) dont les strophes sont chantés en xhosa, zoulou et sotho et de l’ancien hymne de l’apartheid « Die stem van Suid Afrika» (La voix de l´Afrique du sud) dont les paroles sont en anglais et en afrikans. L´hymne tanzanien « Mungu ibariki Afrika » (Dieu bénissez l’Afrique) est en swahili. Les deux hymnes ont la mélodie d’un cantique protestant qui chez nous a pour titre : « Nzambi sambula nsi eto » qui veut dire « Dieu bénissez notre pays ».
Telema Besi Kongo, par Albert Kisukidi & Yala Kisukidi
Samuel Malonga