TABU LEY: EST-CE LA FIN DE CARRIERE ?
TABU LEY, EST-CE LA FIN DE CARRIERE ?
PLUS DE PEUR QUE DE MAL :
Cet avis demeure d’actualité pour notre idole
Le chanteur congolais TABU LEY « ROCHEREAU »
Qui se porte bien
Après plus de deux ans d’émotions fortes suite à des rumeurs persistantes sur l’inquiétant état de santé de TABU LEY, le voile a été levé depuis sur son bilan médical qui ne suscite plus la grande inquiétude.
D’aucun sait qu’il a été évacué à Bruxelles (Belgique) le 13 Juillet 2008 suite à un accident vasculaire cérébral, à la clinique St Luc, où TABU LEY s’en est sorti sensiblement bien, avant de continuer à Créteil en France sa rééducation qui est arrivé à son terme, mais éventuellement avec un point d’interrogation quant à son retour sur scène.
De très bons moments nous rappellent l’épopée de TABU LEY, pour avoir chez soi un souvenir vivant des soirées festivalières incendiaires, ou des centaines de chef-d’œuvre par celui dont on ne croit plus semble-t-il, voir sur la scène musicale.
Réellement indispensable, en particulier pour la génération actuelle, l’initiative combien louable de KOFFI OLOMIDE de chanter TABLU LEY à travers un double album (dvd-cd), nous a inspiré sur l’opportunité de consacrer cette tribune pour le peu que nous connaissons sur TABU LEY puis ouvrir une porte qui ne se refermera que lorsque tous ceux qui détiennent, un détail, une anecdote, un avis auront tout dit.
Ci après quelques faits saillants :
TABU LEY « Rochereau » demeure l’un des chanteurs les plus impressionnants et les plus spectaculaires. Il est le plus grand de la chanson congolaise après le règne de Joseph KABASELLE.
DATE ET LIEU DE NAISSANCE
Né le 13 Novembre 1940 à Baningville (actuelle Bandundu) Pascal SINAMOYI TABU LEY « Rochereau » a fréquenté l’Athénée de Kalina à Kinshasa où il termine major de sa promotion. C’est en marge de ses études qu’il est parvenu à prendre goût de la chanson qu’elle pratiquait en amateur, souvent avec son collègue de classe Joseph MULAMBA « Mujos » Il retient comme nom de scène
NOM DE SCENE : « ROCHEREAU » : il le doit en hommage au gouverneur de Belfort, Pierre Philippe Denfert-Rochereau.
PREMIER GROUPE D’EXPERIMENTATION.
Son phrasé coulant et limpide et sa voix mélodieuse et timbrée lui donne l’occasion d’accompagner le Rock-A-Mambo dans quelques enregistrements aux éditions « Esengo »
PREMIER GROUPE
En 1959, il intègre l’orchestre « Jazz Africain » du clarinettiste Edo Clary LUTULA. Il y trouvent les chanteurs : Franklin BOUKAKA, Jeannot BOBENGA, les guitaristes Casimir MUTSHIPULE « Casino », André KAMBITE « Damoiseau », Papa BOUANGA, le bassiste Charles KIBONGE, etc... L’orchestre arrive à enregistrer quelques œuvres admirables signées Pascal TABU, notamment « Mwana mawa », « Catalina cha cha » et « Marie Josée ». A cette époque l’orchestre « Jazz Africain » se produisait au bar-dancing « Amuzu » (rue Kitega) à Kinshasa.
Dans sa recherche un peu folle d’une chanson moderne et d’un art qui parle à tous, TABU LEY se fait remarquer, par les meilleures virtuoses de l’époque, au point où Joseph KABASELLE éprouve pour lui une grande sympathie.
1959 – PREMIERE SORTIE DANS L’AFRICAN JAZZ
Le 06 JUIN 1959 au bar-dancing « Vis-à-vis » à Kinshasa TABU LEY fait sa sortie solennelle dans l’African Jazz de Joseph KABASELLE. (En même temps que Joseph MULAMBA « Mujos »). C’est au cours de ce concert mémorable que TABU LEY chante pour la première fois en duo avec Joseph KABASELLE, la merveilleuse chanson « Kelya », l’une des plus belles de la carrière de TABU LEY. Le jeune chanteur est porté en triomphe par le public enthousiaste.
C’était le début d’une carrière de virtuose qui va atteindre sa maturité en très peu de temps aux côtés de son tuteur et maître : Joseph KABASELLE. Précisément, quelque temps après le retour de l’African jazz de Bruxelles. Le style de TABU LEY immédiatement identifiable, combine un admirable timbre avec une articulation recouvrant fréquemment à une inspiration qui fait fort rare dans l’histoire de la musique congolaise.
Tout commence bien pour TABU LEY qui partage désormais avec KALLE et MUJOS le travail d’enregistrement aux Editions « Esengo » Il utilise au mieux les possibilités de sa voix et participe énormément à la réussite de l’African Jazz.
MAI 1963 – DE L’AFRICAN JAZZ A L’AFRICAN FIESTA
1963 – Dix ans après avoir conquis tous les titres de noblesse du plus grand orchestre du Congo-Kinshasa et parvenu à imposer sa suprématie en Afrique, tout se gâte brusquement au sein de l’African Jazz où l’on signale des gros problèmes d’organisation. En effet, au mois de Mai 1963, Joseph KABASELLE est abandonné par les siens. Tous les musiciens le quittent en bloc pour former un nouvel orchestre sous la direction de Nico KASANDA :
L’AFRICAN FIESTA, dans lequel on retrouve Pascal TABU LEY – Roger IZEIDI – Charles MWAMBA –« Dechaud » - Joseph MULAMBA « Mujos » - Jean MOSSI KWAMI –Antoine KAYA « Depuissant » - Dominique KUNTINA « Willy » - Louis ARMANDO, etc.… tous animés d’une ardeur incroyable. Les tous premiers chef-d’œuvres édités sous la marque « Vita » confirment le grand talent de TABU LEY à travers les titres comme : « Seli Kutu », « Ndaya paradis », « Ya Gaby », « Permission », etc.
1965 – DISSOLUTION DE L’AFRICAN FIESTA
1965 – Le succès de l’African Fiesta, malheureusement ne sera que de courte durée. En 1965, le conflit de compétence qui se consumait depuis quelques mois entre Nico KASANDA et Pascal TABU LEY - vedettes influentes du groupe - éclate au grand jour. Le divorce est inévitable. L’African Fiesta se divise en deux ailes dissidentes qui voient le jour en 1966 :
L’aile Nicolas KASANDA « Nico » : L’AFRICAN FIESTA « Sukisa » avec comme musiciens : Charles MWAMBA « Dechaud » - Pierre BAZETA « De la France » - André LUMINGU « Zoro » - Victor KASANDA « Vixon » - Joseph MINGUIEDI « Jeef » - Pedro MATAFULA « Cailloux » - Gabriel KAYUNGA « Francky » - Paul MIZELE « Paulins » - Michel BANDA « Micky » - Joseph AYOMBE « José » - Dominique DIONGA « Apôtre » - Lambert KALAMOY « Vigny » - et Georges ARMAND
L’aile Pascal TABU LEY : L’AFRICAN FIESTA « National » qui regroupe les musiciens : Roger IZEIDI – BORANZINA « Miss Bora » - René KASANDA – Sam MANGWANA – Joseph MWENA – Auguste FUTU IZEIDI – Paul VANGU « Guivano » - Johnny BUKASA – Jean Pierre NZENZE « Jean Trompette » - Willy KUNTINA – Samu ARMANDO – Henri DONGALA « Fredos » - Jean MATONDO « Zoé » - et Antoine KOLOSOY « Wendo »
1966 – LA PRESENCE DE LA CHANTEUSE MISS BORA ET DU
PIONNIER WENDO DANS L’AFRICAN FIESTA « National »
Fait très marquant dans cette formation de TABU LEY : - la présence d’une jeune chanteuse, Henriette BORANZINA « Miss Bora », dont la brillante prestation a constitué une heureuse surprise dans ses vocalises haut-perchées.
Tout comme l’occasion qui est donné au pionnier des années 40, le chanteur Antoine KOLOSOY « WENDO », de faire la scène en s’intégrant dans un orchestre moderne. C’est un coup de chapeau à celui qui a donné à TABU LEY l’esprit de la rumba. La sonorité spécifique du pionnier WENDO due à ses superbes harmonies vocales va créer un enthousiasme prodigieux, ce bonheur de chanter, cet optimisme à tous crins qui en font les vivants symboles d’une génération avide de trouver ses propres moyens d’expression sa propre culture. D’où est partie d’ailleurs l’appellation : TABU LEY « Mokitani ya Wendo »
La première vertu de TABU LEY est de présenter un grand orchestre plein de fougue, jouant avec une belle mise en place des arrangements simples qui combinent avec les nouvelles conceptions du rythme : « Soum Zoum ».dont, Seskain MOLENGA apprivoise les drums à sa manière. De plus en plus l’AFRICAN FIESTA « National » apparaît comme le carrefour d’époques et de styles. Son art d’une étonnante habilité fait appel à une sensibilité comme on a pu perpétuer son règne au-delà des années 80 sous la nouvelle appellation d’AFRISA (1970)
CI-APRES : La chronologie des faits essentiels qui ont marqué la carrière musicale
De TABU LEY « Rochereau » :
1 – LE SHOW A L’OLYMPIA – PARIS
Le passage de TABU LEY et son groupe l’AFRISA du 12 au 29 Décembre 1970 sur la scène du grand music-hall parisien l’OLYMPIA est sans doute l’évènement le plus passionnant de cette année. C’est après un travail d’arrache pied, qui lui a permis d’acquérir une grande expérience sur scène, que TABU LEY et son groupe des danseuses « Les Rocherettes » sont parvenus à réaliser ce rêve inédit, de parvenir au concept de groupe de spectacles, dont le rythme « Soum Djoum » sera immortaliser par les chef-d’œuvres « Moussa », « Fétiche », « Mystère », « Mundi », « Silikani », « Selija » et « Samba ». Tout comme par la brillante formation d’AFRISA à la grande fête de l’OLYMPIA :
Chant: TABU LEY – Paul NDOMBE – KARE et Malao HENNESSY
Guitares : MICHELINO – FAUGUS – ATHEL – MANTUIKA – KONGOLIA
Basse : MWENA – FILO
Cuivres : EMPOMPO - SACKY – BIOLO et WILLY
Percussions : Seskain MOLENGA et BAKOYENE
Danseuses et danseurs : MARIETOU – ANGELIQUE – ANNIE et SAIDI – PASCAL et DlLINS « Kinsekwa » (+ MUKALA et ONEMA)
2 - LA PROMOTION DES CHANTEUSES.
TABU LEY « Rochereau » est le premier, après le cycle des chanteuses des années 50 à mettre en valeur un évident talent des jeunes chanteuses congolaises, à l’exemple de : Henriette BORANZIMA « Miss Bora » - FAYA TESS – BEYOU CIEL et Marie-Claire MBOYO « M’Bilia Bel ». Il a prouvé qu’il était le seul musicien d’importance à avoir essayé et réussi de populariser les voix de ces chanteuses auparavant méconnues.
3 – LA BONNE COLLABORATIONAVEC LES MUSICIENS D’AUTRES
GROUPES.
- Son apport dans l’éclosion des jeunes talents.
Le trait principal qui distingue TABU LEY de nombreux musiciens de son époque est sans doute sa conscience morale qui transparaîtra souvent dans son désir de collaboration avec ses pairs. Sa capacité de jouer avec des tas de gens différents en conservant toujours autant de qualités. Ses efforts dans ce sens furent couronnés de succès, lorsqu’on tient compte des enregistrements réalisés avec plusieurs musiciens, particulièrement avec : PAPA WEMBA – LUAMBO Franco – PEPE KALE – Patience DABANY – AFRICANDO, MADILU System, pour ne citer que ceux là.
D’autre part, il s’est fait entourer régulièrement des jeunes musiciens pour lesquels il a participé à leur grande éclosion dans la musique de danse : Sam MANWANA – Dino VANGU « Guvano » - MYMY LEY - Paul NDOMBE OPETUM – MAVATIKU – MICHELINO – BEMBA Pablito (Pamelo) – EMPOMPO – KIESE DIAMBU – FAUGUS, etc.
4 – LA DISCOGRAPHIE DETABU LEY
S’il fallait nommer les musiciens congolais qui ont le plus réalisé d’albums en qualité numérique, le deuxième titre après LUAMBO Franco reviendrait sans nul doute à TABU LEY (tout au moins dans les années 60 à 80)
Impossible de résister aux rythmes composés par une musique extraordinaire, synthèse de Rumba, Soum djoum, d’influences diverses, mais qui ne ressemble à aucun autre. Parmi les centaines de disques produits dans différents labels, et qui constituent pour les collectionneurs des pièces historiques, citons quelques titres phares de sa discographie : Mokolo na kokufa – Mokrano – Gypsy – Mundi – Silikani Chérie Samba – Mongali - Sorozo – Seli Kutu – Ponce Pilate – Kinshasa – Ndaya paradis – Maze -Adios Tete – Kashama Nkoy – Djibebeke - Likala na moto - Libala ya 8 h du temps – Nganda Diallo – Ekeseni – Laisse-toi aimer – Nzale – Banda monument - Majolina, Kiyédi etc.
5 – LA GRANDE PRESTATION DE M’BILIA BEL.
Le couronnement de la chanteuse Marie-Claire MBOYO « MBilia Bel » dans l’AFRISA, la réussite de sa grande prestation à travers de nombreux albums, ainsi que dans les tournées internationales sont à inscrire en lettre d’or au palmarès de TABU LEY.
Lancée en 1982 par TABU LEY, alors danseuse chez Abéti MASIKINI, MBILIA BEL a fait une carrière impressionnante dans le monde de la chanson et de la danse, grâce à beaucoup de travail et de persévérance. A en juger au nombre des best-sellers chantées en compagnie de TABU LEY : Sarah – Beyanga – Nakei Naïrobi – Boya ye – Eswi yo wapi – Ba gérants ya mabala – La beauté d’une femme – Loyenge – Faux pas – Lisanga ya banganga –
La pénible séparation intervenue en 1987 entre MBILIA BEL et TABU LEY, musicalement et maritalement -, va profondément affecter le bon niveau atteint par l’AFRISA, qui était à son apogée, et aussi bien, la destruction affective que les deux avaient fait de leur union. (Une fille au prénom de Mélodie est née de cette union). La présence de la chanteuse FAYA TESS, à qui l’on joindra en 1989 la nouvelle recrue, BEYOU CIEL, n’apportera pas le résultat escompté.
6 – L’EXIL EN EUROPE DE TABU LEY ET L’AFRISA.
Plus le temps ne passe et plus la nécessité pour TABU LEY d’explorer de nouveaux champs d’expérience pour le rythme et la danse s’imposent, pour mieux relancer le groupe AFRISA. Le cap est fixé : direction l’Europe, pour un exil entre 1989 et 1993. Différents concerts, différentes villes, une même envie de faire partager des moments particuliers autour de la danse. Mais c’est sans compter sur les contraintes difficiles qu’impose l’activité musicale professionnelle en Europe. Tout s’arrête avec la dissidence des musiciens, suivie de la mort lente de l’orchestre AFRISA.
7 – LA CARRIERE SOLO DE TABU LEY.
A la recherche du merveilleux, TABU LEY se crée un nouvel espace pour offrir une nouvelle liberté de carrière solo et une nouvelle pureté de mouvement.
« Exil », titre de l’un des grands succès des années 2000 traduit fidèlement le sens de son exil, son sentiment intime qui est le point de départ d’une autre conception de la musique.
8 – LES 65 ANS D’AGE DE TABU LEY.
2005 – TABU LEY « Rochereau » est à Brazzaville, où il commémore avec faste le 65ème anniversaire de sa naissance. La manifestation est sponsorisée par l’éditeur Norbert DABIRA de DRTV – Brazzaville, après avoir réédité sur plusieurs volumes DVD, les plus grands succès de sa carrière. Ces DVD relèvent le défi d’une autre écriture de danse en play-back ; celle de TABU LEY « Rochereau » et les jeunes danseuses de Brazzaville. Alternant Soum Djoum et Rumba, elles ont voulu mieux célébrer l’œuvre grandiose du génial compositeur.
9 – LA FONCTION MINISTERIELLE DE TABU LEY.
L’ère TABU LEY « Rochereau » était sur le point de s’achever, lorsque l’autorité gouvernementale de la RDC (République Démocratique du Congo) l’élève au rang de Ministre provincial en charge de la culture et des arts. Une fonction qui conforte les certitudes des partisans de la théorie de l’évolution de la musique congolaise et de l’importance que lui accorde le gouvernement congolais. C’est un grand honneur. TABU LEY s’affirme plus que jamais comme l’un des acteurs accomplis, dans la meilleure orientation artistique.
10 – Enfin, ce dont on n’a pas développé :
On ne présente plus les évènements à forte notoriété, auxquels TABU LEY « Rochereau » et l’AFRISA ont fait la part belle à travers le monde. Des chiffres importants révèlent le succès des belles aventures en Afrique, en Europe et en Amérique.
Figure emblématique de la musique africaine depuis plusieurs générations, TABU LEY « Rochereau » détient un record de titres honorifiques,( le dernier étant celui obtenu le 11 juin 2005 à la Havane Cuba : Le pris de la musique zone Afrique, devant plusieurs nominés parmi lesquels Miriam MAKEBA, YOUSSOUF NDOUR, Salif KEITA), des prix, des trophées, des disques d’or, des places de premier plan aux nombreux hit-parades. Autant d’attributs qui font de lui l’un des plus brillants représentants de la musique africaine.
Clément OSSINONDE
SUKE, par Rochereau et l'African-Fiesta
Molangi ya malasi, par Rochereau et l'African-Fiesta