Réponses à quelques interrogations sur la mort de Bavon
RÉPONSES A QUELQUES INTERROGATIONS DES FANATIQUES SUR LA MORT DE BMM
Mon frère Emmanuel souhaitait voir les chroniqueurs de la musique se pencher sur les quelques interrogations qui pendent encore sur les lèvres des fanatiques mais demeurent sans réponse. Je ne suis pas chroniqueur de la musique, mais après avoir suivi attentivement les témoignages des uns et des autres, les interviews de Bholen et Moreau-Maurice, j’ai cherché à savoir pourquoi il en est ainsi. Je n’ai fait qu’une simple analyse de la situation.
Premièrement, Bavon et Franco sont déjà morts. Ils ont emporté leurs secrets dans l’Au-delà. Qui peut répondre avec exactitude à toutes nos interrogations? «Mamona mbua, mafuila ku mbundu» traduisez par tout ce que le chien voit, il le garde secret dans son coeur. C’est d’ailleurs le titre d’une de ses nombreuses compositions. C'est comme on le dit en Lingala "Ndoto ya Baba" (rêve d'un muet). Un muet ne peut pas communiquer le rêve qu’il a fait à ses semblables. N’est-ce pas un message très significatif pour BMM qui dans toutes ses chansons ne cessait de se plaindre sur son sort. Lui au moins a pu nous dire qu'il voyait des choses même sans trop de précision par la chanson. Mais qu'a-t-il vu plus exactement? Il l'a emporté dans l'Au-delà. Toutefois il dénonce sa mort par cette périphrase « Bo bana ba kedika bazolele ba onda munu ee» (Ils veulent me tuer) pour ceux qui ne connaissent pas le kikongo. BMM n’a pas voulu nous communiquer tout ce qu’il voyait, tout ce qui le tracassait dans sa famille. Peut-être l’avait dit à ses amis. Dans la chanson «Maseke ya meme», il se plaint de cette même famille. (Famille oyo motema mabe, bondoki ekoma mosala. Muana moke lokola ngai, bakundeli ngai maseke ya meme liboso ya lopango)
Deuxièmement, Bholen dans son interview nous apprend que Franco avait ramené de Brazzaville une voiture Renault 16 qu’il n’utilisait presque pas. BMM voulait bien que son frère ainé lui cède cette voiture. Franco de son côté était ferme dans sa décision de ne pas lui offrir cette voiture. Après l’avoir longtemps fait marcher, il lui dira : «Osalaka mosala. Yebisa patron na yo Bholen aya yo mbongo po osomba voiture». Il lui exprimait là son désir de lui revendre la voiture au lieu de la lui donner gratuitement. Mis au parfum, Bholen n’a pas tardé à se présenter chez Franco accompagné de BMM pour marchander le prix de la voiture. Après une longue discussion, ils arrivent à un compromis, c’est-à-dire, Franco accepte la proposition de leur accorder la voiture moyennant la somme 400Z. Bholen confirme que sur les 800Z perçus pour la vente de disques, il avait mis de côté 300Z pour l’achat de cette voiture. Finalement Bholen avait-il versé la totalité de la somme convenue ou il avait simplement avancé les 300Z prévus pour cette fin? Le marché ayant été conclu à trois (franco, Bholen et BMM), tous les trois acteurs sont morts et personne aujourd’hui ne peut répondre avec exactitude à la question. Si la réponse est oui, pourquoi le soir de sa mort, Franco a-t-il dit à son jeune frère «Lobi oya kozongisela ngai voiture»? Pourquoi avait-il craché sa colère en importunant son frère devant ses amis ou devant le public pour arrangement qui était fait à huit clos?
Troisièmement, si la totalité du montant convenu pour l’achat de la voiture était versée, je suis en droit de me demander si la voiture que Luambo demandait à BMM de lui ramener était la Renault16 ou une voiture symbolique. En tant qu’Africains, nous avons nos propres croyances. Quand on va voir un Marabout ou un «Nganga nkisi», il nous demande un «soso pembe» qui n’est pas le véritable poulet au sens du terme pour les initiés. Il est à prendre dans un sens figuré. Le terme prend une toute autre connotation. Et surtout pour Franco qu’on disait très versé dans les sciences occultes. Avait-il entraîné son jeune frère dans ce domaine? C’est une simple question oratoire qui ne mérite pas de réponse. A moins que quelqu‘un ait des preuves à nous apporter.
Selon Moreau-Maurice, le fait que BMM lui ait dit : «Ah mais nazwi tango mingi na yo te» insinuait qu’il sentait déjà sa mort prochaine. La preuve se retrouve aussi dans le thème de ses chansons mélancoliques. C’est quelqu’un qui déplorait sa mort, qui ne se sentait pas aimé par sa famille et qui se plaignait incessamment de son sort.
BMM d’après Bholen avait l’habitude prendre de la drogue et une boisson forte donc la Guinness. Comme le soir de sa mort, l’orchestre avait un concert, c’est certain qu’il en avait pris avant de venir jouer la guitare. Arrivé au bar Kimpwanza, c’est la déception et le groupe se disperse pour se retrouver au bar Vis-à-vis dans le concert de Conga 68 avec Johnny Bokelo. Sur place, on sentait bien qu’il était sous les effets de la drogue et de la boisson. Il va jouer au tam-tam, à la guitare basse et fait le touche à tout alors qu’il n’était pas membre de cet orchestre. Au sortir, il croise Franco qui lui dit des choses pas trop catholiques et Marie-Josée qui était venue à ce concert à son insu. Il s’élance dans une course folle avec le taximan dans le but de récupérer Marie-Josée. Dans la voiture, c’est la bagarre qui s’engage entre les deux tout en conduisant. Plus loin, il se fait appréhendé par un policier de roulage qui le relâche. Peut-on conduire la voiture sous les effets de la drogue et de la boisson et avec un tel énervement? La conséquence devait bien être fatale et l’inévitable s’est produit. A l’analyse faite ici, on peut interpréter les causes de la mort de BMM. Je reste très ouvert aux commentaires et critiques des autres.
Zéphyrin Kirika Nkumu