QUELQUES SECRETS DE LA MUSIQUE CONGOLAISE
QUELQUES SECRETS DE LA MUSIQUE CONGOLAISE
En cette journée dominicale, je voudrais livrer ces quelques secrets aux Mbokatiers. A vous d’en juger la véracité des faits.
Saviez-vous qu’il y avait une rivalité entre Franco et Johny Bokelo? Et pour cause? Franco aurait emprunté de l’argent à Johny Bokelo. Comme il n’arrivait pas à honorer cette dette, il était devenu très menaçant. Chaque fois que Johny Bokelo venait réclamer son argent, la réponse de l’autre était : "Je n’ai rien". Fâché, Johny Bokelo avait composé la chanson intitulée "Je n’ai rien". En revanche, Franco chanta "Nyongo na yo nakofuta te". Bokelo avait sans doute utilisé des termes voilés pour se moquer de l’autre. Quant à Franco, fidèle à son tempérament, il n’y est pas allé par le dos de la cuillère. Refusant d’honorer sa dette, il est allé jusqu’ à défier Bokelo : "Porte plainte contre moi si le cœur t’en dit". Le Compositeur de "Mwambe" ne s’était pas fait prier et le Grand Maitre Franco se retrouva sous les verrous.
Pendant que je vous révèle ces secrets, mon voisin d’en face me souffle à l’oreille gauche cet autre secret.
Vers les années 1960, Franco effectua son premier voyage avec le T.P. O.K. Jazz en Belgique. A sa descente de l’avion qui les transportait, il doit répondre aux questions des journalistes. Malheureusement pour Oncle Yorgho, il ne maniait pas très bien la langue de Voltaire à cette époque. C’est ainsi qu’on lui conseillera qu’à toute question de journaliste, tu diras simplement : "Demandez Kwamy" et Kwamy qui est à l’aise en français interviendra pour y répondre. A l’atterrissage de l’avion, l’équipe des journalistes était sur le tarmac pour accueillir Franco et son Ok Jazz. Commença alors la série de questions.
-Journaliste : Bonjour Franco.
-Franco : Demandez Kwamy.
-Journaliste : Vous venez de fouler pour la première fois le sol de Bruxelles. Quelles sont vos impressions?
Franco : Demandez Kwamy.
Comme pour dire à toutes les questions posées, la réponse du Grand Maitre était "Demandez Kwamy".
Je vous laisse deviner la suite de l’entrevue.
Franco n’a pas eu que des amis. Il a eu de fils à retordre avec Lubelo alias De la Lune, Célestin Kouka, Edo Ngango et Vicky Longomba, tous co-fondateurs de l’O.K Jazz et dont il a fini par se débarrasser avec la complicité des hommes de la deuxième république pour en faire son bien personnel. Il y a eu une guerre larvée, une véritable guerre des ondes avec Jean Kwamy Munsi. Vous n’avez qu’à vous référer aux chansons "Course au pouvoir", "Faux millionnaire", "chicotte" et j’en passe.
Terminons aujourd’hui par l’épisode des trois chansons obscènes composées par le Grand Maitre en l’occurrence "Falaswa", "Mpaka Lowi" et "Heleni" qui l’ont encore envoyé devant la justice avec ses musiciens. Tenez! Kengo Wa Dondo était procureur de la République à l’époque et il ne badinait pas avec la moralité. Il envoya Franco paitre dans la prison centrale de Makala. Hélas! Qui ignore les manœuvres dilatoires des hommes du régime de Mobutu. Une main invisible tira Franco et ses ouailles du trou. Le grand auteur-compositeur se vengea après la destitution de son ennemi en composant la chanson "Tailleur". Même si Franco n’a pas cité son vis-à-vis, la métaphore qu’il établit entre le justicier trancheur démis de ses fonctions et le tailleur coupeur qui se fit arracher sa machine à coudre et se retrouva dans le dénuement total est bien évidente. Babotoli yo tonga, babotoli yo vidéo, babotoli yo frigo, babotoli yo malili (climatiseur), fungolo (clé de contact de la voiture), tokokani.
Likambo nalobaki lobi, monoko na ngai nganga
Mokolo tonga abotoli tonga, okotonga na nini ee
Lobi lobi ozalaki kobeta tolo, olobi akokoka te kobotola yo tonga
Lelo bayebisi ye masno osalaka, Abotoli tonga
masini etikali polele, okotonga na nini?
Olabaki trop na esika yango, bati yo pembeni
Loba lisusu mama
Kata ndenge okataka,
Loba lisusu mama
Tokokani ee e
Zéphyrin Kirika Nkumu Assana