Manuel d'Oliveira, la guitare qui raconte Léo
Manuel d'Oliveira, la guitare qui raconte Léo
Il n'a jamais cherché à avoir une place particulière dans le panthéon des "maitres" de la musique congolaise moderne, pourtant, il le mériterait 1000 fois. Manuel d'Oliveira, s'il est contemporain
de Wendo, a eu une trajectoire exceptionnelle. Guitariste virtuose, il a ouvert la voie à tous les matadiens, qui plus tard, viendront parfaire leur carrière musicale à Kinshasa.
Ce Kongo - il ne chantait en fait que dans cette langue - et quand il el faisait en lingala, il maintenait ce bel accent bakongo comme lorsqu'il chante les joies de l'amour et de la protection
maternelles:
"mama kubuta bisu
ayebi kubuta bana
Soki lelo mbula ebeti
bisu se na kiese na ndaku"
Il faut dire qu'il fait partie de la première génération des Bazombo de Léo, ceux qui ont accompagné la formidable explosion socio-culturelle de Kinshasa poto Moindo. Réécouter Tapale des Bana San
Salvador renseigne aussi sur le comportement des femmes, à une époque où les fontaines publiques , les lieux de rencontre hommes-femmes, étaient aussi prétextes à l'adultère:
"Banketu nionso tapale
kuenda na zando tapale
mambu mamonso tapale tapale
O nakeyi na mamalukuta na ye
O nakeyi na pompi lukuta na ye"
Ah le mensonge! Aussi vieux que Lipopo ville
La guitare et les textes du groupe d'Oliveira ont su, aussi bien que les textes de paul Lomami Tsibamba, nous restituer cette époque héroique, où les noirs n'avaient pas le droit de traîner en
ville, au délà d'une certaine heure.
D'Oliveira est tombé amoureux de Léo. Son trio avec Bukasa et Wendo en est le témoignageindéniable. parce que quand on aime Léo, on s'ouvre aux autres. On est juste LEOMAN.
On ne dira pas de lui qu'il est le père de la rumba congolaise, la place est prise par Wendo. A l'heure où la génération des Lokua Kanza, Maika Munan et autres Olivier Tshimanga, remettent au goût
du jour la guitare acoustique, je souhaiterai juste qu'il se rattachent à Manuel d'Oliveira dont le style sert, aujourd'hui encore de ligne mélodique.
Joseph Pululu