LES SOUVENIRS DES ANNEES ‘90
LES SOUVENIRS DES ANNEES ‘90
Depuis la création de ce blog, nous n’avons évoqué que des événements socio-culturels des époques très reculées dont certains ont été appris des anciens, durant nos études ou à travers les documentations. Durant presque quatre ans, nous n’avons fait que renvoyer à plus tard le récit de l’histoire politique et musicale des années ’90, pourtant plus proche de nous et dont nous avons été des témoins oculaires, sous le prétexte que cette période est très récente.
Mais en faisant les calculs, il s’avère que nos enfants nés au début des années ’90 viennent de fêter leur 20e anniversaire. Leurs aînés (e) de quelques années ayant quitté le pays à bas âge sont devenus de jeunes hommes et de jeunes femmes et peuvent être considérés comme une génération des enfants de l’exile. Donc, les années ’90 font partie intégrante de notre histoire et méritent d’être racontées.
C’est ainsi que nous avons décidé d’ouvrir aujourd’hui cette page de l’histoire douloureuse de notre existence, durant laquelle nous avons, en ce qui nous concerne, pris le risque d’effectuer un saut dans l’inconnu en immigrant avec nos familles.
Nous aborderons les souvenirs des années’90 sous trois aspects : politique, social, et musical.
ASPECT POLITIQUE.
Les années ’90 ont marqué en Afrique Centrale le début de la démocratisation après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, un des socles des dictatures dans le tiers monde. Dans les deux Congo, tout comme un peu partout en Afrique francophone, les conférences nationales ont été organisées. Au Congo Brazzaville à partir du 25/02/1991. En RDC à partir du 07/08/1991 pour se terminer trois ans après .
Mgr Monsengwo, président de la Conférence Nationale
Durant cette longue transition qui n’avait profité qu'aux politiciens, la population de la RDC a été exposée à la misère la plus noire suite à une transition qui n’en finissait pas , engendrée par un régime avide du pouvoir et une opposition irresponsable. Il s’en est suivie une guerre téléguidée depuis le Rwanda , laquelle a amené l’AFDL et Laurent Kabila au pouvoir après avoir contraint Mobutu à l’exile.
ASPECT SOCIAL
Sur le plan socio-économique, les années ’90 furent parmi les plus néfastes de notre histoire pour des raisons évoquées plus haut. La crise économique caractérisée par la fermeture de la Gécamines (principal outil de production du pays) et l’exode de presque tous ses cadres a laissé des traces jusqu’à ce jour.
La Gécamines ne fut pas l’unique secteur à connaître la saignée de ses cadres. Les musiciens, officiers, militaires, commerçants, étudiants, élèves, sportifs…prirent le chemin de l’exile par familles entières. L’Angola, la Zambie, l’Afrique du Sud furent envahis par de milliers de congolais en route pour l’Europe , le Canada et les USA.
C’est à partir de cette période (années ’90) que la diaspora congolaise s’est considérablement agrandie à l’extérieur. Son contact avec la pratique de la démocratie et la libre expression dans des pays d’accueil l’a rendue plus exigeante vis-à-vis du pouvoir en place au pays.
ASPECT MUSICAL
Sur le plan musical, les années ’90 en RDC peuvent être considérées comme des années orphelines. Le grand maître Franco disparaît le 12 octobre 1989, après les frères Soki. Tabu Ley Rochereau s’exile en France, Emeneya en Grande Bretagne. Papa Wemba s’établit à Paris.Lita Bembo et Evoloko à Bruxelles. Plusieurs formations musicales cherchent le salut à l’extérieur. Bref, l’exode des artistes qui a commencé vers les années ’80 s’amplifie durant les années ’90.
Sur le plan purement artistique, la production des chansons durant les années ‘90 se fait de plus en plus au studio, avec la possibilité de corriger les erreurs et d’ajouter des sons à sa guise. Finie la période des enregistrements à une piste aux studios Vévé ou de Johnny Bokelo, qui avaient l’avantage de reproduire des chansons enregistrées en direct, avec tous les musiciens, parfois stressés mais plus performants, et capables d’improviser en pleine séance d’enregistrement. Ce sont ces chansons originales contenant quelques erreurs (cachet de leur authenticité) que mbokamosika diffuse depuis quatre ans .
Sur la scène, quatre formations musicales de deux rives se sont distinguées durant les années ’90. Le Quartier Latin de Koffidont l’ossature est composée des jeunes issus d’une formation de Binza . Viva la Musica au sein duquel Reddy Amisise révèle comme une vedette à part entière aux côtés de Papa Wemba. Wenge Musica BCBGde J.B Mpiana, Werra Son, Didier Masela, Blaise Bula, et Alain Makaba, fondée vers la fin des années ’80 sur le style de chant de Kester Emeneya de Victoria Eleison. et Extra Musica de Brazzaville de Rogga Rogga , qui s’inspire à son tour de Wenge Musica.
Trois de quatre formations citées, c’est –à- dire Quartier latin, Wenge Musica, et Extra Musica vont adopter la danse populaire « Ndombolo » et sombrer, comme le reste de formations musicale de leur génération, dans l’uniformisation du rythme . Les sons créés par leurs guitaristes sont très dansants, agréables à l’oreille mais à la portée de tous les imitateurs. Ils ont fini par être reproduits partout en Afrique au point où la musique congolaise a perdu l’originalité et la créativité qui constituaient sa valeur ajoutée.
Paradoxalement, ces trois formations adeptes du Ndombolo et du rythme "passe partout" ont survécu jusqu’à ce jour. Tandis que Reddy Amisi qui avait opté pour un style original de Viva la Musica semble actuellement effacé de la scène. Peut-on en déduire que la facilité a été plus profitable que l’originalité et la créativité ?
Nous invitons tous ceux qui ont des témoignages sur cette prériode tant sur le plan personnel que sur celui de la musique à s'exprimer. Que ceux qui disposent des chansons souvenirs des années '90 veuillent bien les envoyer à la direction du blog, avec leurs propres commentaires.
P.S. Nous remercions Clément Ossinonde et Samuel Malonga qui nous ont envoyé les chansons d'Extra Musica et de Reddy Amisi.
Messager
LES QAUTRE ORCHESTRES PHARES DES ANNEES '90.
QUARTIER LATIN
LOI
2.Papa Bonheur
3.Micko
WENGE MUSICA
1.Mulolo
2.Willy Muntu
3.Etepe Buengo
EXTRA MUSICA
1.Freddy Nelson
2.Succès Extra Musica
3.Losambo
VIVA LA MUSICA
1.Injustice, par Reddy Amisi
2.Anzunga
3.Likombe