Les précurseurs de la musique congolaise moderne
Les précurseurs de la musique congolaise moderne
Georges Edward, Manuel
D'Oliveira et leurs amis
Parmi les acteurs de la musique congolaise des années 40/50, qui ont connu une grande audience et une réputation flatteuse à travers l’Afrique – outre Paul Kamba, Antoine Kolosoy « Wendo » et bien d’autres noms sur les deux rives du Congo - citons les congolais du Katanga et les angolais de San Salvador de M’banza Kongo.
Ils avaient chacun leur style. La structure de leur musique comportait déjà les quatre éléments essentiels de toute musique (harmonie, sonorité, mélodie et rythme) et les instruments marquant le rythme avaient une grande importance. C’est le cas des trois groupes ci-après :
I - LE GROUPE SAN SALVADOR (Angola)
Ce groupe était constitué par le quatuor Edouard Bila, Henri Freitas, Georges Edouard Dula et le chef du groupe Manuel Mayungu d’Oliveira. Tous ont appris à jouer la guitare auprès d’un musicien belge, ainsi que des musiciens ouest-africains qui exerçaient le métier des « krou-boy » (matelots) dans les navires accostant à Luanda. C’est ainsi qu’ils parvinrent à acquérir la technique de jouer la « Polka piqué », rythme qui était la spécialité du groupe ; On lui doit des grands succès comme « Maria Tchebo », « Mwasi kitoko kolala na nkuala », Elongi ya chérie lokola mwinda », « Chérie Bondowe »…qui évoquent tous la beauté de la femme congolaise. Dans certaines de leurs chansons la présence de l’organiste belge des éditions Ngoma ; Gilbert Warnant au solovox est très marquante. Chef du groupe, et membre influent des éditions Ngoma, Manuel Mayungu D’Oliveira composé sans relâche et a obtenu une large audience auprès du public. Il est mort en 1984 en Angola, sans avoir connu les honneurs qu’auraient pu lui réserver ses nombreux fans de Kinshasa et de Brazzaville.
II - LEON BUKASA ET LE GROUPE « WATOTO WA KATANGA »
Léon Bukasa na (et) Watoto wa Katanga.
A puisé aux sources du folklore pour composer de ravissantes chansons de caractère populaire. Il fonde à la fin des années 40 son groupe « Watoto wa Katanga » dans lequel l’élément du rythme (deux guitares et une mandoline) est étudié avec précision, rigueur et variété, avant de gagner des lettres de noblesse en 1952 à Kinshasa. Il a composé avec bonheur en lingala, en swahili et en tshiluba dans un style clair et précis. « Congo na biso basi bayebi kolata », « Mantara mwasi kitoko », « Kitambala moko », « Bibi yangu », « Ya biso na ye esila te », etc. sont des œuvres débordantes de vie, de gaieté, qui ont connu un succès extraordinaire. Son plus grand chef d’œuvre, est sans conteste « Clara Badimwene » réalisée en compagnie du guitariste Antoine Nedule « Papa Noel » en 1956 aux éditions Ngoma. C’est depuis 1974 que Léon Bukasa a quitté ce monde.
III)- LE TRIO B. O. W.
Le Trio B.O.W. regroupait trois acteurs professionnels des éditions Ngoma ci- après : Bukasa – d’Oliveira – Wendo. Ils sont considérés comme les « trouveurs », des inventeurs de la chanson savante, dont l’œuvre formait dans son immensité un tout représentatif d’un génie national qui synthétisait sans effort les tendances de son temps en lui imprimant la marque d’une personnalité multiforme. Appartenant chacun à son groupe, les trois guitaristes-chanteurs Bukasa, d’Oliveira et Wendo se retrouvaient régulièrement en concert ou en studio pour exécuter à l’unisson des mélodies dont le rythme épousait étroitement les accords de la rumba pure. Leurs plus célèbres œuvres datent de l’année 1955 : « Sango ya bana Ngoma », « Victoria apiki drapeau », « Yoka biso ban’Angola », « Landa bango », et, Leur talent a longtemps contribué au développement et au prestige des éditons Ngoma.
La période où ces groupes ont évolué, était essentiellement l’âge des grands noms. On y rencontrait surtout des remarquables chanteurs ténor s’accompagnant à la guitare. Les éditions Ngoma ont procuré pour eux, des grands musiciens belges pour améliorer leurs enregistrements en studio.
Clément Ossinondé, clement.ossinonde@sfr.fr
Kalaka, par Ngombe, Me Taureau
.