Alors que son procès débute dans 4 mois
L'ordinateur de J.P. Bemba volé mystérieusement à bord d'un train!
Le Palmarès, mercredi le 16 décembre 2009
Il contenait tous les éléments qui devaient nourrir la plaidoirie de la défense. Pire, il contenait plusieurs dossiers top secrets liés à la détention
de Bemba à la CPI ainsi qu'au faiblesses du système d'attaque de l'accusation. Comble de malheur, cet ordinateur portable, véritable coffre-fort du chairman du MIc, a été volé de
façon mystérieuse. Il n'existe pas encore une piste permettant d'orienter les recherches. Jusqu'au moment où sont couchées ces lignes, c'est le trou noir. La défense de l'ancien
vice-Président du Congo autant que lui-même sont inconsolables.
En effet, en partance vers la prison de Schranvigen à La Haye. Maître Aimé Kilolo se sentait filé dès le départ de son domicile. Décidant de semer ses poursuivants, il a décidé
d'abandonner l'autoroute et le véhicule. Il a privilégié le train.
Moyen de transport public susceptible de garantir un minimum de sécurité. L'avocat de la défense était ainsi à bord de son train, les sens en éveil permanent et son pouls en
accélération constante, lorsque l'irréparable s'est accompli. Il se doutait de tout, surtout d'un enlèvement physique, mais pas le moins du monde de la véritable intention des
barbouzes commises à sa filature. Il ne pouvait le moins du monde imaginer que ses poursuivants en voulaient à son ordinateur portable. Ainsi, dans un moment d'inattention, croyant
sûrement avoir semé ceux qui le filaient, Aimé Kilolo s'est fait subtiliser le très stratégique ordinateur de la défense.
Complètement désarmée pour l'heure, cette dernière n'arrive pas à imaginer ce qui lui arrive. Une chose reste sûre néanmoins : les auteurs du forfait n'ont pas posé un acte gratuit.
Le vol de l'ordinateur à bord du train n'est pas à inscrire dans le cadre d'un chapardage de routine. Et ce n'est pas non plus l'œuvre de quelque cleptomane impénitent. Vu les
circonstances actuelles, cet acte procède d'une entreprise intelligente de déstabilisation.
Calcul froid
Dans 4 mois, le 27 avril 2010 précisément, le procès Bemba débute. En perspective de cette redoutable échéance, la défense de ce dernier a déjà réussi un remarquable exploit
judiciaire. Elle a réussi à faire disculper Bemba de la responsabilité pénale individuelle dans les événements de Bangui. Ce chef d'accusation était le plus lourd et ne laissait
aucune issue au patron du MLC s'il avait été retenu. A lui seul, il permettait de boucler tout le dossier et de faire condamner Bemba à perpétuité. Mais aujourd'hui, ce dernier ne
fait face qu'à trois chefs d'accusation.
A savoir le crime de guerre, le crime contre l'humanité et l'accusation de viols et pillages. Il va affronter ces chefs d'accusation non plus comme responsable pénalement, mais
moralement. La différence est très énorme. Et de l'avis de plusieurs techniciens, le tour est jouable si la défense de Bemba se montrait !
Dans les us et coutumes judiciaires, celle-ci part déjà favorite par rapport aux procédures exigées en la matière. D'autant que les éléments d'accusation, les données sur les
témoignages et ses auteurs, bref tout le dossier ficelé par le Procureur ou presque, est tenu de parvenir à la défense. Ceci en vue de lui permettre d'étoffer sa plaidoirie.
Inversement, l'accusation 'travaille à huis clos et n'est tenu de ne rien communiquer, de son dossier, à l'accusation. L'avantage réside ainsi dans le bénéfice du mystère dont jouit
la défense face à l'accusation.
En prévision du procès qui s'annonce, il s'ensuit logiquement que l'accusation s'engage dans une partie où elle ignore tout de la stratégie de son adversaire. De cette inquiétude
naît souvent l'incertitude et le besoin de parer contre toute éventualité. Ce ne serait du reste pas avec déplaisir si nu membre de l'accusation tombait incidemment sur le projet de
plaidoirie de la défense.
Faut-il, dès lors, porter des regards soupçonneux sur Moreno O'Campo et ses services dans l'incident du vol de l’ordinateur portable de la défense de Bemba ? Le geste serait trop
osé, gratuit et fantaisiste.
Retenons néanmoins ce que les faits nous renseignent sur le terrain : le Procureur argentin s'est vu distribuer un carton rouge par la chambre de première instance. Il demandait un
délai supplémentaire pour approfondir son enquête. Pour la première fois, la Haute Cour, par ses services interposés, lui a énergiquement barré la route.
Cet incident de prolongation de délai a fait réfléchir plusieurs personnes. Aimé Kilolo en premier. Tout le monde commence à se convaincre que le Procureur est loin d'avoir maîtrisé
son dossier. Il tâtonne et trahit un manque de confiance dans le travail qu'il a déjà abattu.
Pourtant, dès le début de l'affaire Bemba, il se targuait d'avoir réuni plus de mille pages d'indices et autres preuves ou témoignages. D'où vient qu'à 4 mois du procès, il ait
encore besoin de mener d'autres enquêtes sur terrain ? Ou bien le Procureur serait tombé sur quelques indiscrétions ayant échappé du dossier de la défense et qui mettent à mal toute
son accusation ? Sinon, comment comprendre cette curieuse coïncidence entre la disparition de l'ordinateur de la défense de Bemba et la démangeaison de délais supplémentaires qui
s'empare de Moreno ?
En criminologie, la question fondamentale qui permet de débusquer l'assassin est celle de savoir à qui profite un crime. Dans le dossier sous examen, la formule pourrait aussi faire
recette..."