Dérive à Kinshasa: Le 8 mars, pire que le St Valentin
Chers Mbokatiers,
Au début de cette semaine, j’avais écrit un article sur l’encadrement des
jeunes. Je ne m’illustrais nullement en prophète de malheur. Je vous invite à parcourir cet article du journal L’avenir sur ce qui s’est passé la journée du 8 mars à Kinshasa. Il faut battre le
fer pendant qu’il est encore chaud comme c’est bien dit à la fin de l’article.
Zéphyrin Kirika Nkumu Assana
Dérive à Kinshasa : Le 8 mars, pire que le St
Valentin
De petites filles en pagnes jusque tard la nuit hors de la maison, des mères de famille dans des maisons de tolérance,... C’est comme si le port de pagne est une licence, une permission de vivre au-dessus de son âge et en deçà de sa dignité de femme. *Il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Il faut repenser l’organisation de cette journée afin de respecter les objectifs lui assignés par ses initiateurs.
Le monde entier a célébré mardi dernier la journée internationale de la femme. L’importance de cette journée dans un monde où la femme connaît un sort déplorable, n’est plus à démontrer. C’est pourquoi il est prévu que le mois de la femme soit marqué par des réflexions, par un défilé, en ce qui concerne la Rdc. On constate, en ce qui concerne la ville de Kinshasa, voire les autres villes du pays, que le côté festif prend le dessus sur le volet réflexion. Dans une sorte de parade, on voyait venir le port du pagne devenir un objectif à atteindre pour un jour. Pour le reste de jours, les mini-jupes et autres extravagances reprenaient le dessus.
Pire que la St Valentin
Pour cette année, beaucoup de jeunes filles ont choisi de robes pourvu qu’elles soient faites avec le pagne de la Journée de la femme. C’est un point de départ. Demain, ce sera de mini-jupes en pagne de la Journée de la femme. Telle n’est pas la grande préoccupation. Les observateurs avertis s’inquiètent de la dérive de la journée de la femme qui prend les allures de la St Valentin. On a même dépassé les bornes à tel point que le 8 mars dernier a été pire que la St Valentin.
Car, à la St Valentin, les amoureux qui sortent le font en connaissance de cause. Mais, le 8 mars est devenu un prétexte. En quelque sorte, cette fête officielle sert d’alibi à beaucoup de femmes pour rester en dehors de leurs foyers. Il y a même des foyers où la journée de la femme a été synonyme de l’indépendance de la femme par rapport à ses tâches de ménagère. Ainsi, certaines ménagères ont purement pensé que le 8 mars, les hommes devraient les remplacer à la cuisine. En termes clairs, le 8 mars, en dépit du pagne ostentatoire, la femme mettait le pantalon alors que l’homme mettait le pagne. Un renversement de rôle dans le foyer. Et pourtant, le 8 mars, à l’occasion de cette journée, il est plus question pour la femme de renforcer son rôle de femme. C’est caricatural, dira-t-on, mais c’était pourtant la réalité dans certains foyers. Mais, ce n’est pas encore la grande dérive que l’on a vécue dans la soirée du 8 mars dans la ville de Kinshasa. On ne revient pas sur les problèmes organisationnels et une certaine indiscipline au lieu de défilé. Alors que la première dame faisait son discours, on a vu les mamans se ruer sur les bouteilles d’eau obligeant même l’oratrice d’exiger le silence. Ce n’était pas honorable de la part des mamans.
Problèmes organisationnels
Le défilé, comme on devrait s’y attendre, les mêmes causes appelées à produire les mêmes effets, on a été obligé de faire défiler moins que l’on avait mobilisé. La question que plus d’un se posent est de savoir s’il est vraiment difficile de savoir avec plus ou moins de précisions, le nombre de défilants attendues. On s’interdirait alors de mobiliser des gens que l’on ne peut faire défiler. Encore une fois, ce n’est pas encore le hic de ce que d’aucuns ont appelé avec raison « Sodome et Gomorrhe ».
Il était presque, pour exagérer un peu, 15 heures lorsque le défilé avait pris fin. Aussitôt après, les bars et autres débits de boisson ont été envahis. Certaines femmes, quel que soit leur statut matrimonial, sont restées dans ces coins jusqu’aux petites heures du matin pour ne pas dire jusqu’à l’aube. Le 8 mars prochain, nous invitons la ministre du Genre, Famille et Enfant à faire la ronde des débits de boisson après le défilé. A la place Victoire, il n’y avait pratiquement plus de place dans les bars et boîtes de nuit. Ce qui est normal. Il semble que c’est le côté festif de la journée de la femme.
Les lieux indignes
Pire, les lieux de tolérance, les hôtels ne désemplissaient pas. Les réceptionnistes étaient obligés de mettre certaines demandes de chambres en attente pendant que les premiers occupants dans beaucoup d’endroits étaient soumis à la pression afin de céder la place aux autres. Cet aspect-là ne figure sur aucun programme, ni celui du ministère ni celui de ceux qui avaient pris l’initiative de consacrer cette journée à la femme. Le même scenario à la Place Kintambo Magasin. Devant certaines boîtes de nuit, il n’y avait pas de place pour parquer les jeeps de luxe, ce qui trahissait la qualité de personnes qui les ont fréquentées jusque très tard la nuit. Des filles dont des mineures, en pagne, sont restées dehors jusqu’au matin. C’est comme si le port de pagne leur servait de licence, d’autorisation pour briser certains interdits. Ce sont-elles mis en tête que le fait de porter le pagne leur permettait de vivre au-dessus de leur âge ? On a vécu une scène cocasse. Une dame ne pouvant répondre à son époux resté à la maison et qui s’inquiétait du retard que prenait sa femme hors du foyer, était obligé de s’éloigner des bruits du bar. Il était presque minuit. Elle a son mari au téléphone « tata na bana olingi nazonga ndenge nini ? Nayebi que l’heure ekeyi, mais nakoki kozonga te mpo mokonzi na biso azali nano ». Traduisez : « Mon chéri, je suis consciente qu’il fait tard, mais veux-tu que je rentre à la maison tant que mon patron ne bouge pas » ? Qu’est-ce que le patron a à voir avec l’absence de cette dame hors de son foyer aux heures qui ne sont pas celles de service ».
D’autres scènes qu’on a vécues à la Place Victoire ne méritent pas d’être contées. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’on a amorcé la dérive avec la journée de la femme. Comme on dit, il faut battre le fer pendant qu’il est encore chaud. Si on ne veut pas que le 8 mars se transforme en une fête licencieuse, c’est le moment de repenser l’organisation de cette journée. Il y a moyen de concilier le faste avec les objectifs de cette journée dans le respect de ce qu’il y a de sacrée dans la femme, dans la maman. Ce qu’on a vécu le 8 mars dernier en beaucoup d’endroits est une négation, un déni de la dignité de la maman. Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. Car, il ne faut pas que le 8 mars devienne comme la St Valentin, une affaire des marginaux.
L’Avenir