L'origine du nom "Tekele"
Dans mon enfance, lorsque l'on s'appelait Tekele,
on ne pouvait qu'être du Haut ou de l'Equateur, Mungala ou "Mbangala" comme disaient les Kongo, qui, dotés de très bonne notions de geographie, ont su faire la relation entre l'Equateur et le
soleil. Mbangala rappelle ce soleil qui tape fort, comme cela est le cas chez les Bangala. mais j'ai appris aussi, en grandissant à côté des bangala, que chez eux, il y a la "Mongala", une
rivière ou un fleuve qui irrigue la contrée des populations Bangala.
La première fois que j'ai entendu le nom de Tekele, ou plutôt Maman Tekele, c'était à un deuil. une certaine Maman Tekele venait de mourir et les pleureuses répétaient jusqu'à n'en plus finir
"Tekele okendeke". des jours après ce deuil, dans nos jeux, on reprenait le refrain "tekele okendeke".Jusqu'à ce qu'un jour, dans notre quartier a débarqué une jeune fille répondant au doux nom
ou prénom de Tekele. Ah qu'elle était belle cette Tekele. D'un teint d'ébène, avec un sourire et des dents d'une blancheur éclatante, que rendait irrésistible l'usage de "nzete ya mino". mais
surtout Tekele, avec son accent Bangala, a fait tourner la tête à tous les garçons. Évidemment, nous ne savions pas qu'elle n'était là que pour les vacances - les grandes. On devait avoir
entre 11 et 12 ans, mais à côté d'elle, on se sentait un peu plus "homme, si vous voyez ce que je veux dire. Et puis, pour ne rien arranger, toute ma bande - on se promenait à 4- nous étions
tombés amoureux de Tekele. Chacun était de toute façon persuadé d'avoir conquis le coeur de Tekele, jusqu'à ce qu'un jour, nous ne sommes rendus comptes que nous étions trop jeunes pour Tekele
- Elle devait avoir entre 13 et 15 ans. Elle avait déjà des seins de femmes et portait le soutien. Alors pourquoi venait-elle nous voir chacun à notre tour, eh bien tout simplement parce que
nous avions de grands frères qui s'intéressaient à elle. J'en ai tiré un chagrin gros comme çà, le jour où elle m'a dit que j'étais trop jeune pour elle. Tekele m'avait brisé le coeur! je
croyais ne plus jamais m'en remettre. Un jour, comme par hasard, j'ai entendu Tekele de Fiesta Sukisa à la radio. C'était comme si Lessa Lassan l'avait chanté pour moi. En une journée , j'en
connaissais les paroles que je chantais à tue-tête, perché sur les branches de notre avocatier, espérant que de là où elle était, deux ou trois parcelles, Tekele m'entendrait. Et puis un jour,
comme elle était arrivée, Tekele est partie chez elle, nous a dit sa tante Mama Sophie, tout simplement. Et moi j'ai été attiré par une autre fille de mon âge, mais je n'ai jamais oublié Tekele
Marie Pauline.
Joseph Pululu