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Publié par Messager

Mbongo zi ya Voni,
Voilà un titre qui me renvoie très loin dans le temps. Je devais avoir 10 ans. C'était un samedi, j'ai accompagné mon père à un "kinzonzi". C'était ma toute première fois. Le Kinzonzi, c'était tout un ballet bien huilée. Et le spectacle commence dès le seuil de la parcelle d'où l'on doit décliner son luvila, payer son passage, ensuite échanger , faire des break pour se concerter derrière les maisons, reprendre la discussion, faire semblant de tout arrêter là, puis accepter de revenir reprendre sa place...Débattre à n'en plus finir et lorsque le soleil commence à se coucher, tomber d'accord. Nous étions du côté du fiancé - notre Nzonzi "Na' Sebastien Nzuangu" (vous noterez que chez les bakongo, chaque individu est présenté avec son prénom et son nom complet), était un collègue de travail de mon père. C'était un érudit dans son genre, toujours calme, la petite barbichette bien taillée. Ses gestes étaient lents et solennels. Son débit de parole mesuré et toujours en permanence, un petit sourire de contentement, chaque fois que son discours faisait mouche. Pour cette première fois, c'est sûr que je n'ai pas tout compris, mais je suis parti de là avec dans la tête une mélodie : "Eh Nsiangi ah nsiangi mayela masaka", chanté sur le modèle de Mbongo zi ya Voni. Cette chanson, reprise par l'assistance a ponctué les différentes étapes du Kinzonzi. Il permettait à Na' Sébastien Nzuangu, de contrecarrer les arguments du nzonzi adverse.
Bien des années plus tard, lorsque c'était à mon tour de me marier, j'ai demandé à mon père la faveur d'avoir Na Sébastien Nzuangu comme Nzonzi. Hélas, ce n'était pas possible. Ce privilège revenait à mon oncle. J'ai du donc me contenter d'un autre Nzonzi (parce qu'il y en avait d'autres). Bien sûr qu'il a su défendre notre cause et obtenir les meilleurs conditions pour mon mariage, mais ce n'était pas Na Sébastien Nzuangu et puis...il ne chantait pas "Nsiangi mayela masaka".
Aujourd'hui évidemment, les nzonzi de la trempe de Na'Sébastien Nzuangu, ne courent pas les rues. Ici en Europe au sein de la diaspora, C'est à peine si les palabres de mariage respectent les étapes d'un bon Kinzonzi; en commençant par le Luvila, ponctuer les propos de proverbes "Kingana kita bambuta" et le nec plus ultra, faire entonner une belle chanson que les participants peuvent reprendre. Bien sûr, quelque fois on tombe sur un "RRR yahh (MPR), sinon un RRR matoko zio...ziola".

Mwan'a Mangembo
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