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Publié par Samuel Malonga

Simon Kimbangu a défrayé la chronique coloniale au début du 20e siècle. Sur lui beaucoup de choses ont été dites et écrites.  Il a de ce fait nourri la littérature religieuse. Il ne s’agit pas dans ces colonnes de faire sa biographie du prophète ou même de revisiter sa vie. Il est seulement question de ressortir l’élément essentiel de son ministère qui a été sciemment dissimulé. Pourtant, c’est cette identité religieuse, qui a fait sa renommée et qui par ricochet a été la source de ses malheurs.

Simon Kimbangu était ngunza, il avait la foi ngunza, il pratiquait le kingunza, religion caractérisée par trois pratiques essentielles : zakama (trembler), bikula (prophétiser), niakisa (guérir). Il est à proprement parler le plus grand ngunza du 20e siècle. Il est reconnu comme tel par ses pairs du ngounzisme. Mais qui sont les ngunza ? Comment pratiquent-ils leur foi ? Il serait donc intéressant de connaître les éléments essentiels de leur structure théologique, leurs préceptes, leur doctrine  ainsi que leur liturgie. 

Le ngounzisme ou le kingunza a pris corps dans l’actuel Kongo Central au tout début des années 20. Même si ce mouvement spirituel kongo est incarné à l’époque par la forte personnalité de Simon Kimbangu, il n’en demeure pas moins le fondateur. Il l’a seulement sorti de son sommeil. Pour retrouver ses sources, il faut remonter dans le temps car sa présence est inhérente à la fondation et à l’existence du Kongo dia Ntotila. 

Les ngunza sont des personnes qui pratiquent le kingunza. Selon la tradition orale et certains écrits historiques, s’élève déjà dans les années 1450 le prophète Ne Buela Muanda. Ce "ntumua" (envoyé) qui a la capacité à prévoir les événements futurs avec exactitude a prédit l’arrivée des Blancs. Il a également averti son peuple des dangers de l’influence et de la domination étrangère. La réduction des Noirs à l’état d’esclave fut aussi l’une de ses prophéties. Mais à cette époque, l’Afrique n’est pas encore chrétienne et le royaume du Kongo vit une spiritualité traditionnelle léguée par les ancêtres et sur laquelle se fonde sa cosmogonie.

Trois siècles plus tard apparaît une femme nommée Apolonia Fumaria Mafuta. Cette prophétesse est la première personne qui a conduit le mouvement messianique dans sa conception actuelle. Elle guérit des malades, fait des miracles, combat les fétiches et les pratiques magiques, lutte avec hargne à l’unité de son royaume. Même si elle est peu connue, Mafuta est la "mère spirituelle" de la jeune et célèbre Kimpa Vita qui fonda le mouvement antonien. C’est elle qui l’a influencée par ses prophéties. Les femmes, Mafuta et Kimpa Vita, ont donc été à l’avant-garde de ce syncrétisme religieux qui mêle christianisme et tradition kongo. Après une longue léthargie de deux siècles, le culte chrétien à caractère spirituel renait de ses cendres avec un certain Simon Kimbangu.

 

D’après certaines sources, les premiers indices du réveil et du renouveau du mouvement ngunza au 20e siècle sont venus de Metesala Nkembo et d’une dame nommée Lukenga. Mais leur ministère qui a eu lieu entre 1918 et 1920 n’a pas connu un succès retentissant. Il faut attendre le 6 avril 1921 avec la résurrection d’une dame à Nkamba par Simon Kimbangu pour que le kingunza retrouve ses lettres de noblesse. Si Apolonia Mafuta déclara que la Vierge lui est apparue un jour, Simon Kimbangu affirme de son côté avoir eu une vision du Christ qui lui a donné une mission. Le petit village de Nkamba, appelé Nouvelle Jérusalem, devient le lieu par excellence où il se dévoile à la face du monde. On l’appelle aussitôt "ngunza". En public, il s’affiche avec un bâton (mvuala), à la fois insigne biblique des prophètes de l’Ancien Testament et marque traditionnelle du pouvoir du chef ou du roi. Kimbangu exhorte son auditoire à renoncer à la polygamie et aux fétiches, interdit les danses licencieuses. Il est souvent pris de violents tremblement, signe de l’inspiration par le Saint-Esprit (mpeve a Nlongo). La transe est en effet la gestuelle essentielle qui caractéristique les mouvements messianiques ou prophétiques. Kimbangu se met parfois à parler en langue du Ciel (ndinga zulu), glossolalie incompréhensible par le commun des mortels. Il prêche, prophétise, guérit les malades par imposition des mains. Il met aussi l’accent sur le chant, la prière, la lecture de la Bible. Après son arrestation, ses adeptes et les autres prophètes ne se réclament plus que de lui. Désormais, il n’est pas seulement le Ngunza ou le Ntumua de Nzambi a Mpungu mais aussi le Mvuluzi (sauveur), le Ntinu (roi) et le Mfumu (chef, seigneur).

Aussitôt après sa déportation à Elisabethville (Lubumbashi), le kingunza quitte le sanctuaire de Nkamba, traverse le fleuve Congo et s’installe dans le territoire de Luozi voisin. Les ngunza du Manianga reprennent alors le flambeau et continuent l’œuvre de mfumu Kimbangu en suivant ses préceptes à la lettre. S’illustrent dans cette contrée particulièrement Fili (Philippe) Mbumba, Matayi (Matthieu) Muanda et Esaïe Masamba, Philippe Mbumba a connu le sort de Saul devenu plus tard l’apôtre Paul. Militaire dans la Force publique, il a persécuté les ngunza avant de le devenir lui-même. Déporté, ,il est mort en prison à Befale en 1942. Dans l’inexorable expansion du ngunzisme, l’aura de Kimbangu fait également des émules au-delà des frontières du Congo Belge. Sur cette lancée messianique, apparaissent André Grenard Matsoua dans l’actuel Congo-Brazzaville et Simão Gonçalves Toko en Angola.. Les ngunza sont comme des mystiques munis de pouvoirs puissants qui expliquent les guérisons miraculeuses qu’ils font. Ils prêchent le Dieu de la Bible dont ils tirent leur autorité. Les malades sont guéris au nom de Jésus-Christ.

                                                                          Kimpa Vita

En 1951, surgit le "Munkukusa" ou "Mukunguna" dans le Manianga, probablement dans la région de Masangi. Stigmatisant le kindoki à outrance, c’est une sorte de confession publique organisée dans les villages par les ngunza pour enrayer la sorcellerie, ce mal absolu qui gangrène la société kongo. Ce mouvement anti-sorcier qui a aussi réussi à réconcilier les lignages a pris de l’ampleur en s’étendant jusqu’au Mayombe. Il finira même à franchi les frontières du Congo Belge pour s’installer en pays lari au Congo français. Pour écarter la menace des ndoki, le Munkukusa propage des rites purificateurs. Les sorciers pénitents se couvrent la tête et le corps d'excréments et de terre provenant de tombes ou termitières. Ils reconnaissent publiquement qu'ils ont été ndoki et qu’ils renoncent solennellement à l'être encore. Dieu étant le témoin et le garant du serment, il fera périr ceux qui manqueraient à leur parole. C’est du vocable Munkukusa qu’est sorti le terme "Kinkukusa", collé par les Kinois à toutes les communautés religieuses appartenant au mouvement spirituel ngunza.  

Dans cette nouvelle forme de lutte contre la sorcellerie apparaît en pays lari le "Dibundu dia Croix-Koma". Ce mouvement d’attachement étroit à la Croix du Christ est fondé en avril 1964 par Victor Malanda Nkounkou dit Malanda ma Croix-Koma. Ce catéchiste catholique a reçu, selon ses propres dires, le pouvoir de débarrasser les gens de la sorcellerie et de la magie. Pour dénicher un sorcier qui fait des ravages dans la famille, tout le monde se rendait au village de Kankata à 100 km de Brazzaville pour soulever la croix afin de prouver son innocence. Malanda Nkounkou n’est à proprement parler pas un ngunza. Il a voulu seulement combattre le fléau de la sorcellerie à sa façon. Les rites du mouvement Croix-Koma montrent de fortes similitudes avec ceux du Munkukusa.

Les ngunza qui font peur à l’autorité établie sont traqués. Devenus des dangers publics, beaucoup n’échappent pas aux rafles et persécutions qui ont suivi l’arrestation de Simon Kimbangu. Ils sont déportés loin de leurs contrées, à Stanleyville, au Kasaï, à l’Équateur. Considérés comme anticolonialistes, les mouvements ngunza sont interdits par la puissance coloniale belge entre 1921 et 1959. Forcée d’œuvrer dans la clandestinité, l’église du silence ne baisse pas les bras ni ne s’avoue vaincu. Malgré les risques et les persécutions, des séances mobiles de prière sont organisées aux domiciles des membres. Pendant ces cultes, les braves ngunza prient et chantent quasiment en chuchotant et n’utilisent aucun instrument de musique. L’instinct de survie va les pousser a beaucoup plus de prudence dans la persévérance. Le ngunzisme reprend vie au lendemain de la levée de son interdiction. Le nom de Kimbangu se confond désormais avec le kingunza car il est le plus important d’une lignée de prophètes dont l’Afrique centrale est le terreau.

Le kingunza est-il une nouvelle religion ? Les autorités coloniales belges, françaises et portugaises se sont posées bien des questions sur ce mouvement messianique qui dérange. Les ngunza reconnaissent l’autorité des Saintes Écritures (Masonukwa ma Nlongo). Ils sont chrétiens mais certaines de leurs pratiques ainsi que leurs rites ne sont pas en phase avec le catholicisme et le protestantisme. Ils sont totalement en dehors des normes chrétiens tels que perçus en Occident. C’est un christianisme d’un genre nouveau. Le programme du culte se compose de trois parties fondamentales : la prédication, la guérison des malades et la pesée spirituelle.

 

La doctrine

La spiritualité ngunza a une liturgie et une doctrine. Celle-ci se fonde sur plusieurs textes de l’Ancien testament (Luwawanu lua ntama). Respectant la loi mosaïque, la notion du pur et de l’impur prend toute sa dimension dans la vie des membres. Ils suivent les prescriptions de Lévitique 15, 19 : « Quand une femme a ses règles, que du sang s'écoule de son corps, elle est tenue pour impure pendant une semaine. Celui qui la touche devient impur et le reste jusqu'au soir.» Une jeune demoiselle qui voit ses règles par exemple ne peut pas participer à la cérémonie du culte pour cause d’impureté. Il lui est aussi interdit de préparer de la nourriture pour son père. La mère est donc tenue de veiller aux cycles menstruels de ses filles pour parer à toute éventualité. La consommation du porc, viande impure, est également interdite. En outre, le ngunza ne boit pas l’alcool, ne fume pas, ne consulte pas les féticheurs, ne danse pas, ne fréquente pas les bars, ne doit pas être polygame car tenu à avoir un comportement digne d’un chrétien. La présence du Saint-Esprit se manifeste lorsque le ngunza parle en langue ou entre en transe. C’est la raison pour laquelle leurs détracteurs les appellent les "trembleurs". Avant de dire "Amen", les ngunza clôturent leurs prières par « Mu nkumbu a Se, ye Muana, ya Mpeve ya Nlongo » (au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit), la célèbre formule qui fait référence à la Trinité.

 

Le culte (lokela)

Présidé par un dirigeant (ntuadisi), le culte se déroule exclusivement en kikongo, Il commence par des prières individuelles suivies par une confession personnelle et une demande de pardon afin de rétablir la communion avec Dieu qui a été rompue par les péchés commis dans la semaine. Viens ensuite l’étape de la guérison des malades. Les chants sacrés entonnés proviennent du cantique protestant "Nkunga mia kintuadi". Les ngunza ont aussi leurs propres chansons. Elles sont inspirées c’est-à-dire que l’auteur-compositeur l’écrit sous l’impulsion du Saint-Esprit. Après la prédication, vient la partie la plus importante du culte ngunza : la bascule. Elle est toujours accompagnée par des cantiques d’appel et de réponse de la part des hommes et des femmes. Après la pesée spirituelle et tout ce qui s’ensuit, vient enfin la prière finale qui met un terme au culte.

 

La liturgie ngunza accepte l’usage des instruments pour accompagner les cantiques. Ils sont rudimentaires. Les plus utilisés sont : le tam-tam (ngoma), de petits tambours à double face (bandi) frappés avec des bâtons, deux troncs de bambou longs et fins appelés "bikualakala" frappés avec des bâtons, des hochets à main (nsakala) secoués par les femmes à la tête voilée pendant que les hommes battent leurs mains tout en chantant. L’usage du  sifflet n’est pas rare. Dans l’église, il y a deux rangées, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes.  

Pendant le culte, tout le monde est pieds nus. Personne n’est chaussée comme il est écrit dans Exode 3, 5 lorsque dans le buisson ardent Dieu parla à Moise en ces termes : « Ôte tes souliers de tes pieds car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte ». L'uniforme immaculée a également un soubassement biblique comme il est écrit dans Apoc 7, 13-15 . « Et l’un des vieillards prit la parole et me dit : Ceux qui sont revêtus de robes blanches, qui sont-ils, et d’où sont-ils venus? Je lui dis : Mon seigneur, tu le sais. Et il me dit : Ce sont ceux qui viennent de la grande tribulation; ils ont lavé leurs robes, et ils les ont blanchies dans le sang de l’agneau. C’est pour cela qu’ils sont devant le trône de Dieu, et le servent jour et nuit dans son temple. Celui qui est assis sur le trône dressera sa tente sur eux. »

Le culte a lieu deux fois par semaine, le mercredi soir et le dimanche matin. Le jour de mercredi autrefois appelé "mpika" a un caractère particulier chez les ngunza. Dans le calendrier kongo, ce fut un jour sacré et férié. Les gens ne partaient pas travailler aux champs. Selon la tradition, c’est le jour de l’investiture spirituelle de Mbanza-Kongo par Nzambi Mpungu  (Dieu Puissant).

 

 

 

Thérapie spirituelle avec la prière et de l’eau

Après la prédication, un moment spécial est réservé aux malades. Ils reçoivent un traitement de type spirituel. Afin de bénéficier des faveurs du Ciel, les soins donnés aux malades n’ont pour médicaments que la prière et de l’eau qui dit-on calme les courroux de l’Invisible. Le patient s’agenouille devant son guérisseur qui va engager une bataille avec un invisible ennemi occulte. Grâce aux vibrations des percussions, ce dernier munis d’une serviette blanche est aussitôt envahi et possédé par le Saint-Esprit qui le fait entrer en transe. Il fait des mouvements brusques, des grimaces, des tournoiements, parle parfois en langue. Puis il pose ses mains sur le malade, prie, touche différentes parties de son corps : la tête d’abord, puis l'abdomen et le dos simultanément, enfin les jambes et les bras. Le guérisseur agite vigoureusement sa serviette immaculée sur le patient pour chasser les démons qui se trouvent dans son corps. Il le fait avec autorité tout en disant : « Vayika mpeve za mbi » (sors mauvais esprit). Pendant cette séance thérapeutique, un mot peut-être dite sur la  nature de la pathologie  Le guérisseur continue à trembler et au même moment, les tambours jouent fort et tout le monde chante à nouveau. Enfin, le guérisseur fait boire de l’eau bénite au malade.

Le traitement peut se poursuivre à la maison. A son  passage au domicile de son patient, il bénit les médicaments que prend le malade afin que le Ciel renforce leur capacité de guérison. Pour conjurer les démons, il n’est pas rare que le guérisseur ngunza asperge de l’eau bénite dans la maison et autour de la parcelle de son patient.

La bascule ou pesée (mpezolo)

C’est la phase la plus spectaculaire du culte. La pesée de l'esprit (mpezolo a mpeve) tire son existence du livre de Job 31, 5-6 : «  Si j'ai marché dans la vanité, si mon pied s'est laissé aller à la tromperie, que je sois pesé dans une balance égale, afin que Dieu connaisse mon intégrité. ». La bascule spirituelle consiste à sauter sur place devant le peseur tout en tentant d’attraper sa main. Si la main du chrétien ne s’accroche pas fermement à celle du peseur, mais au contraire glisse ou même se détache, c’est le signe que celui-ci est sous le poids du péché. Il est aussitôt convié de faire en solitude une confession personnelle dans un coin de l’église et de demander pardon à Dieu (milemvo). Parfois, le peseur le rejoins pour chasser les démons qui l’habitent en agitant sa serviette blanche su lui. Le pénitent doit aussi réciter le "Se dieto" (Notre Père) autant de fois que lui a imposé le peseur. Après avoir accompli toutes ces obligations, il pourrait de nouveau participer à la pesée spirituelle. Le tout se passe dans la ferveur des cantiques et sous les vibrations soutenues des percussions.

 

Le mouvement ngunza a dans sa diversité gardé la tradition liturgique et doctrinale léguée par Simon Kimbangu. Tous ceux qui se réclament de lui ont préservé ses préceptes et les respectent comme la prunelle de leurs yeux. Les ngunza ont des particularités qui les différentient des autres églises chrétiennes. Le rituel de la pesée, la transe, la guérison des malades seulement par l’imposition des mains, la prière et l’eau sont leur véritable marque de fabrique. Il n’y a d’eucharistie ni de baptême. Les ngunza du 20e siècle ne reconnaissent que Kimbangu comme ce prophète qui avoir tiré le kingunza de sa torpeur. Ils reconnaissent aussi certains illustres continuateurs de son œuvre (André Matswa, Matthieu Muanda, Philippe Mbumba) qui ont porté haut le flambeau messianique pendant son emprisonnement.

Dans le kingunza se côtoient deux courants. Il y a la tendance chrétienne (qui a été l’objet de notre étude) laquelle procède d’un syncrétisme avec le christianisme, et le courant traditionnel qui se réfère aux croyances léguées par les anciens (bakulu). Si les ngunza chrétiens proclament leur foi en Christ, les traditionalistes par contre exaltent la spiritualité ancestrale, celle-là même qui a existé avant l’arrivée des Blancs et l’introduction du christianisme au Kongo dia Ntotila. Ces deux courants du ngounzisme pourtant nés dans le même terroir ont de Dieu des conceptions diamétralement opposées. Les traditionalistes qui affirment pratiquer le "kingunza kia kikulu" (kingunza traditionnel) allèguent par dérision que les ngunza chrétiens recourent au "kinguza kia nsangi" c’est-à-dire un kingunza mélangé de tradition et de christianisme. Pour eux, c’est une espèce d’entité hybride aux contours dont on ne sait pas trop où va l’énergie des invocations. Ces mêmes ngunza traditionnels qui se disent puristes vénèrent Kimpa Vita, Simon Kimbangu, André Matsoua et Philippe Mbumba qui sont pourtant chrétiens. De leur côté, les adeptes de Kimbangu croient dur comme fer que les traditionalistes sont en réalité  de vrais animistes.

Samuel Malonga

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P
Et les sautillements à la maasai qu'on voit sur la vidéo, c'est une sorte de transe? En lisant l'article, il ne me manque que le lien aux églises d'éveil du présent avec leur néo-calvinisme qui veut que la prospérité est la preuve que Dieu nous aime, alors que la richesse des pasteurs appauvrit les fidèles. En 1976, j'ai assisté, dans la salle à côté du Stade 24 novembre (comment s'appelle-t-il de nos jours?) une belle reprise de Béatrice du Congo de Bernard Dadié. Cette pièce de théâtre a planté dans ma tête l'idée que Kimpa Vita a été brûlée vive pour avoir résisté contre la pénétration du Christianisme. C'est avec une certaine stupeur que j'ai plus tard compris que Dona Beatriz, en fait, entendait des voix de la Vierge, elle qui, à 22 ans, n'était plus vierge et avait déjà son enfant. Donc elle a été brûlée parce qu'à cette époque-là, entendre des voix et le déclarer signifiait qu'elle était une sorcière. C'est le sort qu'a connu Jeanne d'Arc qui, elle du moins, était une vraie vierge, me dit-on.
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S
"Sautillement à la Massaï "?. C'et plutôt leur façon d'affronter l'épreuve de la bascule. Ce n'est pas la transe qui est un état d'exaltation de quelqu'un qui est transporté hors de lui-même et hors du monde réel. Un personne en transe tremble. En plus, il ne faudrait surtout pas confondre le ngunzisme et les églises de réveil. Chez les ngunza, les leaders religieux ne sont pas appelés "pasteurs" mais plutôt "ntuadisi". Ce sont des hommes humbles qui n'ont aucun rapport avec les pasteurs des églises de réveil que tu as décrie l'enrichissement illicite. Ils mènent une vie normale comme monsieur tout le monde. Ils ne sont pas attirés par l'argent.
S
Les Manianga sont la seule tribu kongo qui a daigné continuer l'oeuvre de Simon Kimbangu sans la dénaturer. Ils ont réussi à garder l'originalité de son entreprise alors que beaucoup sont devenus kimbanguistes. Les Manianga ont repris à leur compte cette façon de prier quelque peu vulgarisée par Kimbangu mais qui en réalité date du royaume du Kongo. C'est la raison pour laquelle, outre Kimbangu, tous les grands noms du ngouzisme au Kongo-Central sont issus du territoire de Luozi. Au Congo Brazzaville, ce sont les Lari. qui sous la férule d'André Matsoua, ont suivis les traces de Simon Kimbangu.<br /> <br /> C'est seulement au niveau des chants que les ngunza ont un peu d'affinités avec les protestants, car ils ngunza utilisent aussi le cantique protestant 'Nkunga mia kintuadi" dans une partie de leur culte . Kimbangu lui-même fut baptiste lorsque Nkamba dépendait encore de Ngombe-Lutete. Mais il y avait aussi des catholiques convertis comme Philippe Mbumba considéré par ses adeptes comme un grand prophète (mais pas de la trempe de Kimbangu).
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L
Très intéressant comme article. Je connais l'existence de la localité de Masangi (du côté de Mangembo) et je sais que ce phénomène de Munkukusa" ou "Mukunguna" a sévi jusque chez nous de l'autre côté de la
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L
de la frontière. Deux questions me traversent l'esprit : 1- pourquoi tous ces mouvements magico-spirituelssont presque tous nés dans cette partie du congo-central (spécialement manianga) ? 2- Je suis personnellement d'essence protestante suédoise arrivée au congo vers 1900, pourquoi dans cette église, l'on a affaire Régulièrement à ce genre de personnages qui mettent en exergue les prédictions (mi-mbikudi) ? ce qui semble si éloigné pourtant de la doctrine chrétienne. peux-t-on dire que finalement l'église protestante telle qu'exercée chez nous s'est Nguzifiée ??!!!!!!. merci
M
Sam<br /> Merci pour ton article. Je l’ai lu avec beaucoup d’avidité. En tout cas, il n’a fait que confirmer ce que j’ai toujours pensé du mouvement de Simon Kimbangu. Pour moi, il s’agit d’un réveil spirituel tel que ce que l’on avait connu en Grande Bretagne. Les pratiques et le recours à l’Evangile démontrent qu’il s’est agi d’un mouvement chrétien : rejet des fétiches, rejet de la polygamie, guérison par imposition des mains….sont des pratiques issues du pentecôtisme.<br /> Mais si nous nous plaçons dans le contexte historique, Ce mouvement du prophète Simon Kimbangu surgit au Congo Belge au moment où en Europe on sortait de la guerre des religions. L’Eglise Catholique au Congo a mené une lutte acharnée contre les Protestants. Simon Kimbangu était d’abord un évangéliste protestant dont les pratiques devraient être combattues.<br /> L’Eglise Catholique était le fer de lance de la colonisation belge. Tous ceux qui représentaient un danger pour la survie de la colonisation étaient des ennemis à abattre : Simon Kimbangu, Lumumba….furent par conséquent des victimes politiques.<br /> <br /> Messsager
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S
OK
M
Par Pentecôtetisme, je voulais simplement faire allusion à la puissance du Saint Esprit dans toutes ses expressions.
S
Le but de l'article était de parler seulement de la "foi ngunza" de Simon Kimbangu qui est le plus souvent occultée. Dans le Kongo dia Ntotila, le rejet des fétiches date de l'époque des prophétesses Mafuta et Kimpa Vita qui avaient vécu au 18e siecle, Il n'a donc rien avoir avec le pentecotisme dans ce cas précis. Les deux dames étaient catholiques. En plus, Kimbangu n'était pas seulement combattu par les catholiques, les protestants étaient éga;lement de la partie. Les baptistes de la BMS d'où était sorti Kimbangu, voyaient eux-aussi d'un très mauvais oeil son ascension. C'étaient ces deux églises qui avaient des missions dans le district des Cataractes à l'époque.