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Publié par Fred Valet/watson

 

Le seigneur des anneaux?

Macron a cloué le bec de «ces râleurs de Français»

Une cérémonie d'ouverture impressionnante, une météo idéale, un décor à couper le souffle, des performances vertigineuses, une sécurité maîtrisée et... une étonnante béatitude font briller la capitale dans le monde entier. Même les Français, ces râleurs, semblent contraints de l'avouer: jusqu'à présent (croisons les doigts), on est très loin de la catastrophe redoutée.

En Suisse aussi, avouons-le, on se délectait d'avance du fiasco des JO. Une bête Schadenfreude, comme seuls le disent nos amis alémaniques. A écouter la ribambelle de pessimistes, notre voisin, ce pays politiquement en roue libre et socialement à bout de nerfs, devait forcément foirer ses olympiades. Alors que les Français ont passé plus d'une année à râler contre le comité d'organisation, la maire de Paris, Emmanuel Macron, Dieu en personne, les rats, les punaises de lit et les rames de métro de la capitale, force est de constater que le cataclysme a refusé l'invitation.

Pire, les JO de Paris 2024 sont une franche réussite. Jusqu'à présent, entendons-nous. Rien ne nous dit qu'un gradin ne va pas s'effondrer demain matin ou que l'eau de la Seine n'avalera pas quelques corps moulés dans du Néoprène avant le 11 août.

N'oublions pas non plus ce que l'on appelle la trêve des Jeux. Ces deux grosses semaines suspendues à la performance des champions, dans un mois d'août qui sue au ralenti et une ville nettoyée qui a l'autorisation, sinon le devoir, d'ignorer ses tracas et défauts du quotidien. Nul besoin d'un Emmanuel Macron qui appelle au calme, d'un air sournois et intéressé, pour que la magie opère.

Et puis, il y a fort à parier que les passes d'armes reprendront de plus belle dans la foulée de la cérémonie de clôture. C'est la vie. C'est ainsi.

Mais jusqu'au 11 août, Paris sera sans doute une immense fête.

D'abord, c'est d'une beauté à tomber. La France n'a pas seulement bien démarré les Jeux, mais les siens. Une manifestation qui transpire l'Hexagone par tous les pores, avec des infrastructures dont il a été décidé qu'elles se fondraient naturellement dans le décor. Et quel décor! Avec l'incroyable verrière du Grand Palais pour l'escrime, la tour Eiffel pour le beach-volley, l’Obélisque de Louxor pour le BMX et les Invalides pour le triathlon, les photographes n'en demandaient pas tant.

Paris, comme les Français ne la voyaient plus. Plus fort encore: Paris, telle que le monde est en train de la regarder.

Des JO de Paris qui sont aussi ceux des athlètes du cru, irréprochables depuis le début de la compétition. Du rugby à 7 au pongiste Felix Lebrun qui défie les Chinois la raquette haute, jusqu'au nouveau héros national marchant littéralement sur l'eau, Mbappé peut compter ses cheveux blancs. Les médailles pleuvent et les performances émeuvent. (On aimerait pouvoir en dire autant des Suisses.)

Ce n'est pas tous les jours qu'un champion comme Michael Phelps éclabousse de louanges le petit frenchie qui nage dans ses vagues. Ce n'est pas tous les jours que les autres compétitions s'interrompent de longues secondes, le temps de saluer cet incroyable doublé qui entrait dans l'histoire à l'autre bout de Paris.

Plus étonnant encore, de nouvelles voix s'élèvent. On entend désormais les regrets de certains Parisiens ayant fui la gabegie annoncée, comme les mots doux de ceux qui ont voulu (dû?) rester dans la capitale. Cette ville, que beaucoup pensaient invivable en période olympique, apparaît peu à peu comme une oasis dans un désert de scepticisme.

«Six fois par jour, je regarde la billetterie pour savoir s’il y a des places qui se libèrent. J’essaye de trouver un moyen de remonter sur Paris, où je vis toute l’année, pour avoir un peu de rabs sur les JO»

On rappellera tout de même qu'un Francilien sur deux envisageait de quitter la capitale au mois d’août, selon une étude réalisée en mars par l'institut Ipsos. C'est beaucoup et ça participait sans doute à propager la lourde morosité qui régnait sur la manifestation, avant le décapsulage de la cérémonie d'ouverture vendredi dernier.

Aujourd'hui, et une fois les premières médailles autour des cous, même les journalistes étrangers n'en reviennent pas: «C’est tellement magique, j’en pleure presque!», confiera Stefanie Markert, correspondante à la radio publique allemande ARD, dans Le Parisien.

«Autrefois, sur la place de la Concorde, on perdait la tête. Maintenant, on perd la raison. Et personne ne rend les Français plus fous qu’un nageur de 22 ans nommé Léon Marchand»
Le Wall Street Journal, se moquant de la mauvaise humeur de «ces Français qui se sont détendus» depuis le début des Jeux.

La grosse surprise de ces Jeux, et le WSJ en est apparemment témoin, c'est que «même les Français n'ont rien à redire». Alors que le journal américain rappelle avec malice que, sur la plateforme d'Elon Musk, la très parodique «Fédération Française de la Lose» compte 100 000 abonnés de plus que l’Equipe de France Olympique et Paralympique, on serait tenté de croire que quelque chose a changé au pays des ronchons.

Emmanuel Macron a misé sa réputation sur des Jeux olympiques féériques. Après la contre-performance de son chouchou à l'Euro et en plein marécage politique, il lui fallait devenir le seigneur des anneaux. Au pied de la compétition, le président de la République voulait d'ailleurs croire à la mission d'«écrire l'Histoire à la maison».

A mi-chemin, soyons francs, le contrat est honoré. Le monde est à genoux devant cette France qui a du charme et les Américains flippent à l'idée de faire mieux dans quatre ans, à Los Angeles. Pour Macron, ce sera la preuve bruyante que le pays sait encore s'unir, mais aussi un pied de nez à ses ennemis qui n'attendaient que la catastrophe olympique pour l'achever.

Si l'image ne fait pas tout (et surtout pas un nouveau gouvernement), la réputation du chef de l'Etat, d'abord à l'international, s'en retrouve miraculeusement rapiécée.

De quoi terminer son turbulent quinquennat sur un petit nuage? Bien sûr que non. Pour les partisans du Nouveau Front populaire, armé d'une proposition de première ministre reléguée aux oubliettes, cette trêve n'est rien d'autre qu'un «coup d'Etat».

En revanche, même sans avoir à mouiller le maillot, il a déjà remporté la médaille d'or qu'il espérait: dans les livres d'histoire, ces JO réussis se seront déroulés sous son règne. Jupiter rêve sans doute déjà de s'approprier la devise olympique, pour sonner son retour aux affaires (pas si) courantes. Car, dans son esprit, «Plus vite, plus haut, plus fort – ensemble», ne pourrait pas sonner plus macroniste.

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S
Un peu d’Histoire. La grande, avec un H majuscule. Ca tombe bien, c’était mon métier.<br /> Nous sommes en l’an 49 avant Jésus-Christ. Après avoir guerroyé en Gaule, Jules César doit coûte que coûte rentrer à Rome. Son fauteuil est en danger. En son absence, Pompée fomente un complot pour le renverser. <br /> A la tête de ses troupes, il arrive au Rubicon, petite rivière qui délimite les territoires de Rome et de la Gaule. Or, il est formellement interdit à quiconque de franchir ce cours d’eau à la tête d’une armée. <br /> Ce 11 janvier de l’an de grâce 49, César décide pourtant de ‘’franchir le Rubicon’’, en prononçant, semble-t-il, une formule restée célèbre : ‘’Alea jacta est’’, ‘’Les dés sont jetés’’. La suite est connue. Il parvient à Rome et chasse Pompée. <br /> Le ‘’franchissement du Rubicon’’, comme la formule qui lui est attribuée, sont passés à la postérité. La preuve, plus de 2.000 ans après, ils sont toujours utilisés.<br /> C’est étrange ! J’ai soigneusement cherché dans les manuels d’histoire traitant de ce moment fatidique, je ne trouve nulle part le nom de l’écuyer ou du palefrenier de l’illustre personnage. Il n’était pas seul dans cette aventure. Et pourtant, l’Histoire (souvent ingrate) n’a retenu que le nom de Jules César, le Grand César. Toutes proportions gardées mais toutes choses étant égales par ailleurs…<br /> Morale de cette histoire, il y’a souvent de vaines polémiques dont nous pouvons faire l’économie. A force de vouloir trop se pousser du col, on attrape le torticolis. Au passage, ‘’méandre’’ est du genre masculin.
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A
Cher Fred Valet,<br /> <br /> J'imagine que tu ne vis pas en France ou ne connais pas toutes les méandres de l'organisation française.<br /> Car faire l'éloge de Macron pour le succès des JO de Paris me paraît quelque peu erroné.<br /> Contrairement aux dictatures où les mérites sont attribués aux tyrans, ici c'est toute une organisation où les rôles sont bien définis.<br /> Si le côté sécurité était dévolu au pouvoir public, l'organisation des jeux, donc de la cérémonie, incombe a un comité d'organisation dont le président était Tony Estanguet et la mairie de Paris qui ont décidé du lieu et de la méthode.<br /> L'État était juste dans l'obligation de fournir les moyens, les retombées économiques devant profiter au pays tout entier.<br /> Pour preuve, c'est la maire de Paris qui a transmis le flambeau à celle de Los Angeles (et non Macron).<br /> Macron n'a donc cloué le bec à personne !<br /> Il n'était même pas à l'origine du projet qu'il a juste accompagné une fois au pouvoir (l'idée a d'ailleurs été lancé, contre toute attente, par son prédécesseur).
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