Cet espace se veut un lieu de rencontres et d'échanges entre ressortissants de l'Afrique Centrale et Australe . Tout étranger connaissant ou voulant faire connaissance de cette partie de l'Afrique est le bienvenu. Nous y aborderons des sujets culturels en français, portugais, ou en lingala, selon les interlocuteurs . Notre devise:réduire la distance qui nous sépare du continent, par l'entretien de la mémoire collective, en recourant à notre musique dans toute sa diversité
Derrière chaque chanson se cache une histoire. En 1951, le Congo danse au rythme de "Tout le monde samedi soir" d’Adou Elenga. Le single est sorti aux éditions Ngoma sous le numéro 513. Ce vinyle 78 tours fait parler de lui. En 1980, Evoloko y emprunte un extrait pour son célèbre "Fièvre Mondo" avant de composer plus tard "Samedi soir". Le guitariste Bopol Mansiamina en fera de même. Mais beaucoup de mélomanes ignorent que cette chanson est bien une adaptation et qu’elle vient d’Afrique de l’Ouest.
Ce titre est né dans les années 40 alors que le Nigeria est encore une colonie anglaise. C’est une chanson populaire qui a vu le jour dans des conditions particulières. En effet, les colons britanniques ayant imposé un couvre-feu dans tout le pays, la population qui ne l’entend pas de cette oreille marque son désaccord et proteste. Débordée par la détermination du peuple, l’administration coloniale lâche du lest. Elle maintient le couvre-feu tant décrié mais accepte de le lever seulement le samedi soir. A l’annonce de cette décision, les gens sortent dans la rue pour manifester leur joie. Dans cette cohue joyeuse naît la chanson. Composée spontanément, elle est aussitôt reprise par toute la foule qui à l’unisson chante en Yoruba : "Gbogbo eniyan feran ale Satide" qui veut dire en anglais "Everybody loves saturday night " soit en français "Tout le monde aime le samedi soir". Si pendant la semaine, la population reste confinée, du moins on pouvait passer le week-end dehors, entre amis ou en famille, en bonne compagnie ou en boîte sans risque d’être inquiété par la police.
Concernant l’origine de cette chanson et outre la version la plus répandue, les uns disent qu’elle n’est que le fragment d’une vieille mélodie oubliée. Mais Music Together Worldwide affirme que la chanson est venue du Ghana. Selon ses recherches, ce titre n’a rien avoir avec les couvre-feux et que la première version imprimée date de 1932.
Mais aussi curieux que cela puisse paraître, les phares en Yoruba sont remplacées par des mots d’une langue inconnue qui sûrement n’existe pas. En effet, "Gbogbo eniyan feran ale Satide" est transformée en "Bobo waro fero satodeh". C’est cette fausse version qui est souvent reprise et qui circulent dans les réseaux sociaux.
La première adaptation anglaise connue de cette chanson populaire est celle de l’artiste-musicien nigérian Akanbi Wrigth en 1942 sous le titre "Everybody likes saturday nigth". La version d’Adou est certainement la première version française. S’en sont suivies beaucoup de reprises dans diverses langues.