Lisanga ya Banganga
Lisanga ya Banganga
L’année 1982 est à marquer d’une pierre blanche. La musique congolaise a vu se rencontrer les deux grandes écoles qui la composent. Luambo et Tabu Ley ont uni leurs voix sur disque. La nouvelle a surpris les mélomanes.
L’idée est venue du producteur Jules Lusangi Fataki dit Tshika-Tshika de réunir les deux ténors de la musique congolaise moderne à savoir Rochereau et Franco. Au-delà de toute apparence, ces deux grands symbolisent ce qu’il y a de plus merveilleux dans la culture congolaise. Cette rencontre n’est pas seulement celle de deux artistes ou de deux hommes Luambo et Ley mais la symbiose des deux écoles (celle de l’OK Jazz et de l’African Jazz) donc des deux styles de musique qui ont fait le tour de l’Afrique est qui ont fait dansé tant de monde
Le groupe a connu deux sections, celles de l’OK Jazz et de l’Afrisa. Dans chacune de structures composant le fameux Lisanga ya Banganga, deux 33 T sont mis sur le marché et des concerts ont lieu en Europe seulement.
Pour marquer l’existence de cette collaboration, la section Afrisa annonce les couleurs avec les premiers titres du groupe. Les quatre premières chansons dont trois de Tabu Ley (Ngungi, Lisanga ya Banganga et Kabasele in memoriam) et une composition de Modero Mekanisi (Omona wapi) précèdent l’album de la section OK Jazz intitulé "Lettre à Monsieur le Directeur général" de Luambo.
La production phonographique est suivie des concerts. Il y en a en tout et pour que deux. Seules les deux capitales européennes qui concentrent en elles le gros contingent de la diaspora congolaise en Europe sont honorées. Lisanga ya Banganga se produit d’abord dans la salle de La Madeleine à Bruxelles le 25 décembre 1982 puis à Paris le 29 janvier 1983 dans la salle de La Roquette.
Les deux grands de la musique congolaise moderne ont ajouté un troisième larron dans leur groupe. Il s’agit de Mavatiku à l’époque patron de l’orchestre Mak’fe International. Le guitariste a tour à tour évolué dans l’Afrisa et dans l’OK Jazz avant de s’envoler de ses propres ailes. Il a servi de pont entre les deux écoles. Le trio Franco-Rochereau-Michelino est donc devenu une réalité.
Lors du retour des deux ténors de Lisanga ya Banganga à Kinshasa, l’idée d’un concert est évoquée par Lukunku et Luambo lors d’une production de l’OK Jazz dans l’émission télévisée Zaïre n⁰ 1. Malheureusement, elle ne s’est jamais réalisée au grand dam des mélomanes kinois qui auraient bien voulu voir de leurs propres yeux les deux géants, Rochereau et Franco, évoluer côte à côte.
Samuel Malonga