EN SOUVENIR D’UNE TRES GRANDE DAME : MYRIAM MAKEBA
EN SOUVENIR D’UNE TRES GRANDE DAME : MYRIAM MAKEBA
Cet article n’a pas pour vocation de présenter Myriam Makeba. Ce serait un sacrilège. On ne présente pas une diva, LA DIVA.
Non ! Ici, je vise un double objectif :
D’abord, nous rappeler qu’il y’a un peu plus de onze ans (le 9 novembre 2008), à Castel Volturno, une obscure ville du sud de l’Italie, non loin de Naples, Mama Africa est partie. Subitement, presque sur scène, comme un certain Jules Presley Shungu Wembadio. Foudroyée par une crise cardiaque. Elle avait 76 ans.
Alors qu’elle se promettait (qu’elle nous promettait) de chanter jusqu’à 90 ans, ses yeux se sont refermés, bien loin de Johannesburg, bien loin de son Azania natal.
Une diva qui avait toujours conjugué sa carrière avec la lutte contre l’oppression et la défense de la liberté. C’est en effet au terme d’un concert organisé pour dénoncer le racisme et soutenir l’écrivain Roberto Saviano, cible d’un « contrat » par la mafia locale depuis la parution de son livre Gomorra, que l’auteure des tubes planétaires Pata Pata et Malaika s’est effondrée en coulisses, peu après sa prestation.
Le reste appartient à l’histoire. Et l’histoire retiendra qu’avec l’Egyptienne Oum Khalsoum (pour la renommée internationale et dans un autre registre), Myriam Makeba demeurera pour longtemps l’une, sinon la plus grande figure musicale féminine de notre continent.
Ce n’était pas pour rien qu’on la surnommait, à juste titre, ‘’l’impératrice de la chanson’’. A la violence du régime honni de l’apartheid, Myriam Makeba avait inlassablement opposé un idéal de paix, d’amour et de tolérance.
A bien des égards, elle était ‘’la petite sœur’’ de Nelson Mandela. Myriam Makeba avait toujours rêvé d'une grande Afrique unie. Pour son pays, elle exhortait ses frères noirs au pardon : « Il faut nous laisser grandir. Les Noirs et les Blancs doivent apprendre à se connaître, à vivre ensemble. » Toute la doxa de la future nation arc-en-ciel. C’est d’ailleurs Madiba qui va la persuader de retourner en Afrique du Sud en 1990, à la chute de l’apartheid ségrégationniste.
Le deuxième objectif de cet article, c’est simplement d’écouter, que dis-je ! de savourer ‘’Comme une symphonie d’amour’’. Probablement l’unique chanson de la Diva en français, langue qu’elle avait fini par maîtriser, après ses longues années d’exil en Guinée d’Ahmed Sékou Touré ainsi qu’en Algérie.
Je recommande aux Mbokatiers d’écouter de préférence cette chanson, pour ceux qui le peuvent, sur un matériel stéréo. L’indicible poésie du texte, servie par la voix unique de la Dame et ses merveilleuses vocalises, confine au sublime. <<L’amitié, c’est une main que l’on me tend…>>. Intemporel !
Cette voix à nulle autre pareille. Tour à tour fine et puissante, susurrée et impérieuse, douce et volcanique, une voix de cantatrice reconnaissable entre mille. C’était la voix de la Dame, de la Grande Dame. La voix de Mama Africa.
L’album Sabelani, enregistré en France, est sorti en 1979. Outre le Franco-Béninois Wally Badarou au piano (sur lequel je reviendrai un de ces jours), le trompettiste sud-africain Hugh Masekela a également participé à sa réalisation, sans oublier sa fille unique Bongi Makeba, tragiquement disparue six ans plus tard, le 17 mars 1985 à Conakry.
D’une gentillesse exquise, loin des caprices des starlettes, Myriam Makeba faisait partie de ces êtres d’exception qu’il fallait avoir rencontrés, au moins une fois, dans sa vie. Deux fois, j’ai eu cet immense privilège. La dernière, c’était en octobre 1997 à Rio au Brésil. Un souvenir impérissable !
C’était une dame, une très grande dame. Ce 4 mars 2020, elle aurait eu 88 ans.
Rest in peace, Mom !
SIMBA NDAYE
PAROLES DE: COMME UNE SYMPHONIE D'AMOUR
Un piano c'est la musique en noir et blanc
La guitare c'est comme une île sous le vent
La batterie c'est tout un monde d'aventure
Le violon un contrechant sur chant d'azur
Un oiseau déchire le ciel comme un éclair
L'olivier a des reflets comme la mer
Une fleur s'éclate au soleil de l'été
L'océan se jette à l'assaut des rochers
J'entends au fond de moi
Comme une symphonie
Je ne sais pas pourquoi
Mon amour est une mélodie
J'entends au fond de moi
Comme une symphonie
J'entends cent mille voix
Mon amour, mon amour de la vie
Le soleil me met la fièvre dans la peau
Un enfant ce serait ton plus grand cadeau
Ma maison elle peut s'ouvrir aux quatre vents
L'amitié c'est une main que l'on me tend
Je me laisse emporter, comme une symphonie
Je ne sais pas pourquoi mon amour est une mélodie
Quelque part il y a, dans un autre pays
Celui qui m'aimera, m'aimera
Comme une Symphonie D'amour