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Publié par Simba Ndaye

MAITRE GAZONGA DU TCHAD : Les jaloux saboteurs

 

En Afrique francophone, Radio France Internationale (RFI) est très écoutée. Ce média, qui se définit comme ‘’La Radio du monde ou La Radio mondiale’’, possède ses têtes d’affiches. Parmi elles, l’humoriste nigérien Mamane et sa chronique désopilante mais pleine d’enseignements sur la République très très démocratique du Gondwana, sa belle capitale Gondwana-City ainsi que son leader bien-aîmé, président-fondateur.

Dans ses ‘’délires’’, Mamane évoque souvent ‘’Les jaloux saboteurs aux yeux de crocodile’’. Peu de gens doivent savoir qu’il emprunte-là le titre et la phrase fétiche d’une chanson de Maître Gazonga, chanteur emblématique du Tchad, dans les années ’80 et ‘90.

De son vrai nom Ahmat Saleh Rougalta, il nait le 27 mai 1948 à Am-Timam, dans le Samalat, région située au sud-est du Tchad et frontalière de la République centrafricaine.

Maître Gazonga a sans doute été le chanteur tchadien le plus connu hors des frontières de son pays, à l’exception du rappeur français d’origine tchadienne, MC Solaar. L’occasion ici, une dernière fois, de tordre le cou à la légende qui voulait que Malao Enessy fut Tchadien. Celui qui avait notamment partagé le micro de Tabu Ley était, lui, bel et bien Centrafricain.

En Afrique centrale, la musique tchadienne n’est pas la plus connue. Mais Mbokamosika ne se veut-il pas un lieu de rencontres et d'échanges entre ressortissants de l'Afrique centrale et australe ?  Tout étranger connaissant ou voulant faire connaissance de cette partie de l'Afrique est le bienvenu. C’est écrit au fronton de notre site.

Gazonga n’avait pas encore 20 ans, lorsqu’avec quelques amis, il fonde le groupe ‘’International Chalal’’. Ils partent en tournée dans tout le Tchad. Et il trouve un mode opératoire particulièrement original pour attirer du monde dans ses concerts.

Comme dans les villes de province et dans les villages, la population n’a pas beaucoup d’argent, elle pourra payer l’entrée en nature : riz, sorgho, mil, arachides, poisson fumé etc… Et pendant que le groupe allait de village en village, deux camions transportaient en urgence les quantités de denrées alimentaires ainsi récoltées pour être vendues, à Ndjamena, chez des grossistes. Et cet argent servait à la paye des musiciens ainsi qu’à la logistique des tournées. Astucieux !

L’un dans l’autre, Me Gazonga était devenu une icône au Tchad. Du nord au sud, de l’est à l’ouest de ce grand pays aux forts brassages mais également aux identités ethniques et culturelles bien établies, il faisait l’unanimité.

En 1984, c’est à Abidjan en Côte d’Ivoire, qu’il enregistre son premier album ‘’Golden Afrique’’. Le titre-phare ? ‘’Les jaloux saboteurs’’. Gazonga réussit l’exploit, avec beaucoup d’humour, de condenser dans un texte minimaliste un puissant message sur les affres de l’exil et le mal du pays.

Deux ans plus tard, le film français ‘’Black mic-mac’’, avec Jacques Villeret et l’Ivoirien Isaac de Bankolé, sort sur les écrans à Paris et dans toute la France. Un carton au box-office. Et quelle chanson retrouve-t-on au générique ? Les jaloux saboteurs...

C’est le triomphe et la reconnaissance internationale pour Maître Gazonga.

Et ce n’est pas tout, car le chanteur tchadien aura beaucoup inspiré le monde du cinéma. En 2013, ‘’Aya de Yopougon’’, un long métrage d’animation basé sur la bande dessinée éponyme, sort également les écrans. L’histoire d’une bande d’adolescents de Yop-City (Yopougon), gigantesque quartier d’Abidjan. Au générique, la voix de la lumineuse Aïssa Maïga, l’une des actrice-phare du cinéma français d’aujourd’hui. Et devinez quelle est la bande-son ? Les jaloux saboteurs de Maître Gazonga.

Presque 14 ans après sa mort, de nombreux Tchadiens demeurent sceptiques et refusent d’y croire. Et pour cause ! A 57 ans, Ahmat Saleh Rougalta (alias Maître Gazonga) avait choisi de s’en aller un 1er avril. Le 1er avril 2006. L’arête de ce poisson reste toujours coincée dans la gorge de ses très nombreux fans, à travers tout le Tchad.

Mais, sur RFI, Mamane pourra toujours fustiger, en rigolant, les jaloux saboteurs aux yeux de crocodile.

 

SIMBA NDAYE                                                             

Paroles
Je suis allé à Kinshasa, j'ai trop souffert
Je suis allé à Brazzaville, j'ai trop souffert
Je suis allé à Bangui yéyé, j'ai trop souffert
Je suis allé à Libreville, j'ai trop souffert
Ceux qui m'ignorent me disent tout haut, tu n'es pas chez toi
De retour à N'Djaména, ma capitale
Les jaloux saboteurs
Aux yeux de crocodile
Veulent mon échec, et souhaitent ma misère
Eééééé, voilà mon problème...
 
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R
Merci cher Simba pour nous faire connaître l'histoire de Maître Gazonga, dont Les Jaloux saboteurs reste l'un des titres phares de la musique africaine contemporaine
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S
Cher Messager,<br /> Pour rire un peu, je dirais que je n'y suis pour rien. Comme je l'ai écrit, c'est la vocation même de Mbokamosika de s'ouvrir sur d'autres parties de notre continent. Et comme, tous ou presque, nous avons eu la chance de voyager, de vivre et de nous confronter à d'autres réalités, autant les mettre en valeur. C'était le sens de mon article il y'a quelques temps sur le virtuose ivoirien Bailly Spinto ainsi que Tédia Wunumbakidi de Bella-Bella et Lipua-Lipua, qui avait fini dans le Muziki de Bangui, avant de décéder dans cette même ville..<br /> Pour revenir à notre héros du jour, Me Gazonga demeure la figure tutélaire de la musique tchadienne. Laquelle musique, comme tu le dis, s'inspire très fortement de la rumba congolaise. D'ailleurs, les Tchadiens ne s'en cachent pas et revendiquent volontiers cette ''parenté''.<br /> Ensuite, en effet, si Malao Hennecy était bien Centrafricain, c'est du Tchad qu'il est parti au Congo faire carrière auprès de Pascal Tabu Ley. L'Afrique centrale regorge de trésors musicaux que nous allons nous atteler à mettre en valeur, si le temps nous le permet.<br /> Enfin rassure-toi. De ses périgrinations, l'Ami commun nous suit toujours.<br /> Excellent week-end à toi, mon cher Messager.<br /> Simba Ndaye
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M
Cher Simba Ndaye,<br /> Merci d’avoir fait la promotion d’une œuvre de l’artiste tchadien MAÎTRE GAZONGA sur mbokamposika. J’estime que la deuxième fois que notre site a l’honneur de parler d’un artiste d’origine tchadienne, en dehors du chanteur centrafricain Malao Honney, dont le parcours artistique fut également lié au Tchad.<br /> Le timbre vocal de maître Gazonga rappelle les belles voix des chanteurs de l’Afrique de l’Ouest, bien que son rythme s‘apparente à la rumba congolaise.<br /> Bon wee-end et mes amitiés à l’ami commun<br /> Messager
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