LETTRE OUVERTE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU ET À SON REPRÉSENTANT EN RDC.
Norbert MBU-MPUTU
Journaliste, écrivain et libre-penseur
Room 23, Ron Jones House,
20-30 Jamaica Street, Bristol, BS2 8JW
Email : norbertmbu@yahoo.fr
Royaume-Uni
Bristol, le 25 novembre 2019.
À Monsieur le Secrétaire Général de l’ONU,
Bureau du Porte-parole du Secrétaire général Nations Unies,
Bureau S-378, NEW YORK,
NY 10017, Etats-Unis
À Messieurs les Membres du Conseil de Sécurité de l’ONU,
New York, Etats-Unis
Au représentant du Secrétaire Général de l’ONU en RDC,
Kinshasa, RDC
OBJET : 20.000 HOMMES EN 20 ANS SANS TERMINER LE JOB : C’EST UN PEU FORT ! – LETTRE OUVERTE AU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU ET À SON REPRÉSENTANT EN RDC.
Manzambi,
(…)
Tes yeux disent adieu à la case fuligineuse
Ton regard enflammé m’envoie la furie
Qui te brûlait en sourdine
Et consumait le Kongo de ma joie et de ma peine
(…)
Sur la carapace de ta peau
Les balles trouvent un rempart
Sache, frère luttant contre la mort
Que même dans l’hypothétique au-delà
La foudre et le feu
Transcendent les serments humains.
J’assiste consterné à la réduction
Des tribus sauvages
Moi sauvage aux dents de cannibale.
(...)
Qu’a fait Manzambi, le terrassier de Bukavu,
Assassiné sur la terrasse de son destin ?
Manzambi,
Écoute, toi qui râles : (…)
Si je trahis cette terre,
Terre kongolaise, terre africaine,
Que la foudre et le feu pulvérisent mes os.
(Matala Mukadi Tshiakatumba, Réveil dans un nid de flammes, 1969)
Excellences,
Je me suis finalement décidé de vous écrire cette lettre, tout en sachant que vous ne la lirez pas et, même si par un heureux hasard vous la lisez, elle sera vite jetée dans votre bac à papiers. Car, les conseillers et autres experts autour de vous sont mieux outillés que je le suis. Cette lettre est tout simplement une modeste contribution porte-voix des milliers qui n’ont pas droit au chapitre. Car, le proverbe dit chez nous que le fou et le plus sot du village peut aussi prodiguer des sages conseils au roi et au chef du village ! D’où, c’est rêver avec les yeux grandement ouverts que d’espérer une réponse à cette lettre ouverte. Qu’à cela ne tienne !
Congolais, il est important pour moi d’ajouter ma voix à toutes les autres que vous aurez à entendre et qui s’est exprimée dans ce ras-le-bol à Béni où les installations de la MONUSCO ont été cassées et envahies par une population qui, sans leader attitré et se sentant abandonnée à elle-même, n’a trouvé bon que d’agir de la sorte.
RAS-LE-BOL. Tous les messages surtout via les médias sociaux, les derniers développements de la guerre à l’Est du Congo, une guerre commencée en 1996 et surtout une guerre qui, depuis 20 ans presque, a vu venir 20.000 casques bleus pour la stopper et surtout pour assister la population. Hélas, le constat est navrant : malgré la présence de la MONUSCO, non pas seulement que les rebellions et les rebelles continuent à assassiner et à violer, on aurait pu dire sous le nez et la barbe de l’ONU, mais l’impression est que rien ne semble se faire vraiment pour rendre cette présence couteuse de l’ONU effective. Alors que c’est possible, même si ce n’est pas aussi facile que se présente la situation. Mais, sincèrement, après VINGT ANS de présence au Congo, si l’ONU ou la MONUSCO est incapable d’accomplir le job, n’est-ce pas qu’il faudra revoir, analyser, évaluer et adopter d’autres approches ?
HISTOIRE ET ÉCHEC DE L’ONU AU CONGO : Et surtout que ce n’est pas la première fois que l’ONU et les casques bleus viennent ainsi au chevet du Congo. La première fois de 1960 à 1964, cette mission a connue des hauts et des bas, des imbroglios et surtout des tragédies dont l’assassinat du Premier ministre Patrice Lumumba ayant été celui à avoir prié l’ONU à venir au chevet du Congo, et ses deux compagnons, Maurice Mpolo et Joseph Okito, alors que l’ONU aurait pu les sauver. Puis, il eut aussi le Secrétaire général de l’ONU avec ses collaborateurs et l’équipage de l’avion dans une situation où le Secrétaire général et ses collaborateurs sur terrain semblaient un chacun tirer la couverture de son côté, alors que le numéro un de l’ONU, les chancelleries, les ambassades, les pays ayant un mot à dire sur Congo avaient un chacun des cabinets privés discutant, analysant, décidant sur le Congo, sans tenir compte des Congolais dont nombreux perdirent aussi la vie. Au clair, l’analyse historique démontre que, cette équation s’est trouvée compliquée surtout parce que tous les acteurs précités n’avaient pas la même vision sur le Congo et surtout que les différents acteurs congolais ont continué à jouer au marché des dupes avec les partenaires internationaux : les premiers pensant user les Congolais avec leurs agendas, alors que ces derniers avaient aussi leurs agendas particuliers, personnels, individuels et même collectifs de leurs corporations et coterie tribales, religieuses et même idéologiques. L’on sait comment l’ONU quitta le Congo sans résoudre en gros le problème Congolais et en laissant le pays dans un début d’une dictature qui allait durer trente-deux ans. L’impression était que l’ONU semblait se dire : après nous c’est le déluge congolais.
La MONUSCO actuelle a-t-elle alors besoin d’un autre Lumumba et ses deux compagnons ou d’un autre Secrétaire général de l’ONU ou un autre grand de ce monde qui perdra sa vie dans la crise congolaise pour enfin, comme dans les années 60, à changer son mandat et à terminer les sécessions et à imposer la paix pour les Congolais ?
La question actuelle se pose dans ce sens : la MONUSCO quittera-t-elle un jour le Congo en laissant derrière un autre déluge ? Que faire pour éviter à une telle institution objet de l’espoir du peuple une telle situation préjudiciable pour sa réputation ? Existe-t-elle une autre approche pour terminer la guerre et permettre au peuple congolais de cultiver ses champs, d’envoyer ses enfants à l’école, de ne plus être violé et volé, car, il n’est un secret pour personne qu’alors que la guerre continue à faire rage à l’est notamment, le business continue comme si rien ne s’y passait !
CERCLE VICIEUX. Pour sortit d’un tel cercle vicieux tragique pour nous Congolais, pourquoi ne pas très vite réunir une vingtaine des personnes, experts, pour leur poser une seule question : comment finir la guerre au Congo-Kinshasa ?
MES PROPOSITIONS.
Juste pour éviter de nager dans l’abstraction, voici mes propositions, après observation, analyse et comparaison :
- Délocaliser tous les contingents de la MONUSCO pour les faire stationner dans les frontières est séparant le Congo et le Rwanda, le Congo et l’Uganda et le Congo et le Sud-Soudan.
- Délocaliser tous les outils et bureaux de liaison et logistiques de la MONUSCO pour les faire baser au Congo et rien qu’au Congo. Le pays ne manque pas d’espace pour héberger ces équipements et cette logistique. Car, laissant d’autres bureaux dans les pays limitrophes peut faire à ce que ces pays usent de la MONUSCO pour leurs intérêts.
- Changer toutes les troupes sur terrain en les remplaçant par ceux aguerries à la guerre et acceptant de risquer pour la protection des civils. La MONUSCO, dans sa constitution actuelle, a tellement des contingents provenant de nombreux pays qu’il va se poser un problème de commandement ou de transmission d’instructions. Une armée homogène jouerait un rôle plus efficace avec même un petit effectif. En outre, comment expliquer et comprendre que les Indiens, les Bangladeshies et les Pakistanais au Congo peuvent s’entendre alors que chez eux, ces trois se regardent comme des chiens et chats, à une certaine mesure ? C’est comme on dit chez nous : planter des calebassiers et espérer récolter des cruches. Arrêtons cette quasi-comédie qui n’a que trop durée ! Dès qu’un contingent plus homogène arrivera, mêmes les rebelles deviendront plus disciplinés. Car, à cause des 20 ans des actuels contingents, aucun groupe rebelle n’a peur d’eux ; il coure entre les rebelles et mêmes les soldats congolais que ces soldats furent des civils habillés rapidement pour venir au Congo et se faire bien payer. D’où, personne ne risquera sa vie au Congo.
- Rapidement réunir une conférence de paix pour le Congo à Kinshasa, sans per diem, en invitant quelques Congolais seulement et des représentants de l’Ouganda, du Rwanda, du Burundi, du Sud-Soudan et des principaux groupes rebelles avec une seule question : comment pensez-vous terminer cette guerre ? Chacun ne viendra qu’avec trois recommandations et on les adoptera alors dans un manifeste, avec une chronologie bien précise ne dépassant pas trois mois, le départ de la MONUSCO compris. Une telle réunion ne durera que trois jours.
- Que la MONUSCO prennent en charge la paye et l’approvisionnement en minution des militaires congolais ; ne plus et ne pas laisser cette charge aux généraux Congolais et cela pour ces trois mois précités.
Telles sont des propositions auxquelles peuvent s’ajouter d’autres.
INCONCEVABLE. Car, sincèrement, la chose devient inconcevable de continuer une telle présence de 20.000 hommes de l’ONU et que dix, vingt, trente Congolais continuent à se faire tuer chaque jour et autant des femmes violées chaque jour. La chose doit interpeller un chacun et surtout tous ceux en charge de la MONUSCO. Continuer à se promener dans de grosses jeeps, bénéficier de ces salaires que nous connaissons et ne pas démontrer que le job se fait demande une démission.
SYNDROME DU 4 JANVIER 1959. Le pays est grand et la guerre congolaise fut une guerre complexe. Mais elle est claire actuellement que tous savons que ce fut une guerre et c’est une guerre par procuration où les voisins du Congo, le Rwanda et l’Ouganda, ont profité d’une situation de non-État (jusqu’alors) pour faire du Congo un État self-service, avec la complicité des Congolais certes, ou avec l’impuissance du peuple du Congo qui, avec ce qui s’est passé à Beni, risque d’user de son syndrome du 4 janvier 1959. La guerre congolaise est une guerre business ; une guerre pour le profit ; une guerre financière. Et si cette conférence doit poser clairement le problème de la dette du Congo envers ses voisins venus l’aider à chasser le dictateur, comme ils le disent, c’est bon ; mais il faudra aussi mettre sur table, et trop des rapports le mentionnent déjà, la part du gain de ces pays venus au Congo et contrebalancer les chiffres. Même alors, ceci ne donne doit à aucun de continuer à tuer et à égorger les Congolais.
Ce peuple du Congo, réputé calme, s’est illustré dans son histoire avec des actes de révolte et nous risquons que n’être qu’au début.
Ce qui s’est passé à Beni n’est nullement un manque de respect envers l’ONU, mais c’est à considérer comme une boite de Pandore ouverte : une déception de tout un peuple contre une institution en qui elle a placé toute sa confiance et tout son enthousiasme à l’aider à ne plus enterrer des morts ! Et dire qu’en 1960, Patrice Lumumba qui avait invité l’ONU quitta cette terre congolaise avec ces mêmes sentiments noirs contre l’ONU !
À moins que l’on dise qu’il existe un nombre des morts attendus et voulus ou une quantité des litres de sang congolais à voir encore verser ou encore un nombre déterminer des femmes à encore violer. Alors, la chose est simple : que l’on nous dise ce nombre-là et cette quantité de ces litres et nous les donnerons en sacrifice pour que nous puissions alors avoir la paix chez nous ! Immoler quelques âmes pour le bien de tous est la loi la plus ancienne de l’humanité et de toutes les religions et nous n’allons pas nous en échapper !
AGIR ET AGIR VITE AVEC LES CONGOLAIS. Il faut vraiment agir et agir très vite, s’il vous plait ! Un mort de plus est une mauvaise publicité pour l’ONU et les 20.000 casques bleus car on se pose la question : pourquoi sont-ils encore ici si ce n’est pas pour nous sécuriser ?
Il est possible de trouver une solution. Une seule chose : veuillez écouter les Congolais ; travailler avec eux ; ayez confiance en eux ; invitez-le à vous proposer une feuille de route ! Quand je dis « Congolais », ne commettez pas l’imprudence de convoquer et d’écouter les mêmes que vous avez écouté, depuis vingt ans, ou ceux les ayant remplacés sur les mêmes fauteuils actuellement : tous ont échoué et se ressemblent comme l’est le chacal et le chien ! Au fait, ils ont trop des cadavres sous leurs placards et trop des coups bas et trop de règlements de comptes et surtout qu’ils se lancent tous dans une course effrénée pour avoir des millions des dollars pouvant provenir même de vous ! Ouvrez vos fenêtres et écoutes d’autres Congolais ! Nous sommes nombreux : 80 millions ! Nous ne sommes pas seulement une part du problème, mais nous somme surtout une part de solution. Et, cette solution ne passe pas par quatre chemins : la fin de la guerre au Congo. Je n’accuse personne. Je ne blâme personne. Mais, comme tout Congolais, je dis tout simplement qu’il doit avoir un temps pour tout et que nous voulons et pouvons inaugurer la paix dans nos villages et nos savanes et nos forêts. Et, je crois que vous êtes capables de le faire arriver maintenant et même vite ! Et ce ne sont vraiment pas les moyens qui vous manquent !
Veuillez agréer, Excellences, l’expression de ma considération distinguée !
Norbert MBU-MPUTU