Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Archives

Publié par Samuel Malonga

Le boléro, une danse et un style musical

Selon le dictionnaire Larousse, boléro est un mot espagnol qui veut dire danseur ou air de danse de bola, la boule. Éparpillé dans le monde hispanique, de l’Espagne au Mexique, en passant par Porto-Rico et Cuba, ce rythme a fini par atterrir au Congo. Comme la rumba, la version congolaise est proche de la variante cubaine.

Avalé par son aînée la rumba, on ne trouve presque pas les traces de son existence dans les livres consacrés à la musique congolaise. Certains tendent même à confondre la rumba et le boléro. Et pourtant, ce sont  deux rythmes différents tant par la structure de leur style que par l’apparence de leur cadence, deux danses non identiques.  La valse bolérienne est suave ; le pas est lent, assuré ; le tempo est plus doux et beaucoup plus romantique. L’expression musicale est surtout caractérisée par une singularité : la mise en relief de la trompette. Elle émerge dans le firmament des sons produits par les instruments pour magnifier la mélodie.

La rumba a connu plusieurs versions dont celle dite odemba de l’OK Jazz. Elle a donné naissance à plusieurs danses qui se différencient les unes des autres. Le boléro, lui, est resté presque le même. Il se danse de la même façon et n’a pas vraiment connu de diversité ou de diversification. Il a gardé jalousement son originalité.

Le boléro a connu son apogée avant l’indépendance et s’est allégrement poursuivi jusque dans les années 70. Pendant une bonne vingtaine d’années, il a inspiré plusieurs artistes-musiciens. Des titres dignes d’anthologie avec des phrasés pleins de poésie ont animé plusieurs mariages. Il a fait l’affaire des "déploiements" avec les filles d’honneur pour accompagner les jeunes mariées vers leurs époux. Ces classiques de la musique congolaise moderne ont pour titres Oyangani ngai (Franco), Liwa ya Wetsh (Franco), Maria Maria (Rochereau), Oyo nde zoba (Edo Nganga), Regina Régina (Lutumba), Joujou Zena (Rochereau), Conseil d’ami (Vicky Longomba), Gégé yoka (Lutumba), Zowa (Mario Matadidi), Kinsiona (Luambo). Pendant toutes ces années, l’OK Jazz a été un grand pourvoyeur de boléro.

Les années 80 sonnent le glas de ce style musical. L’unique composition de cette décennie émane de Luambo. L’artiste s’éclate lors d’un show télévisé. Dans une colère proche de l’hystérie, Grand-Maître s’en prend à ses détracteurs dans Kinshasa mboka ya makambo au studio Mama Angebi. Ce pamphlet clôture l’ère bolérienne commencée dans les années 50, car ce titre semble être le dernier boléro de la musique congolaise.

Englouti par de nouveaux rythmes, le boléro tombe en désuétude et disparaît du paysage culturel congolais. Pour retrouver aujourd’hui ses traces, il faut remonter dans le temps, fouiller dans les souvenirs et plonger dans les mélodies du passé, surtout celles des sixties.

Samuel Malonga

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
M
Bonjour,<br /> <br /> Et sans oublier bien sûr “Etape”, oeuvre de Max Mongali, interprêté brilliamment par Zaïko Langa-Langa.
Répondre
M
OK, nous informons Mozande que la chanson Etape de Max Mongali et le Zaïko vient d'être incluse sur le Hit- parade.<br /> <br /> Messager
M
Effectivement, nous étions sur le point de la diffuser , mais il y a eu beaucoup de choix. Vous pouvez toujours suggérer un article sur Etape, il sera sans doute publié.<br /> Messager
N
Cher Pedro,bonjour et il me semble que vous faites partie d'une majorité,dans le public des mélomanes,qui considérait que le boléro était un style musical auxiliaire de la rumba et lui servait de plat d'entrée lors d'un concert! Oui, c'est ce que faisaient la plupart des orchestres car,si le temps d'un concert était long,il fallait détendre l'atmosphère en attendant la venue des rythmes et sons endiablés dont raffole le public et c'est ainsi un peu partout dans le monde.Le public adore ce qui fait bouger et trémousser. Cette situation nous fait comprendre le peu de succès en vente des disques au rythme de boléro,par rapport à la rumba,d'où la rationalité des musiciens.Je tiens à féliciter Sam Malonga et notre Messager pour avoir abordé ce sujet,sur l'un des autres rythmes de la musique congolaise,pour que les jeunes,ceux qui pourront consulter notre site,sachent quels étaient les différents rythmes de la musique congolaise car,pour la majorité,d'entre eux,ils ne pensent qu'à la rumba.Je ne fais pas le procès de la rumba et ne la renie pas mais juste pour évacuer des clichés formatés sur la musique congolaise qui est dense voire diversifiée. Et je fais part que des orchestres,en Belgique dans les années soixantes,tels que Afro-négro,Los nickelos et Yéyé national avaient dans leur répertoire tous les rythmes qui étaient dans l'air au Congo. Si on peut se souvenir de"Nzinzi epesi yo trouble,Ave maria et Consolation"des beaux boléros de feu Zatho-Kinzonzi avec les Los nickelos et des"Princessia nono et Imedja génèviève"des belles chansons-merengue du récent feu Bokito-Tony dée avec Afro-négro et la belle chanson en rumba"Ngenge"de feu Max Mongali avec le Yéyé national qui sont des belles œuvres.Enfin,pour clore le récit de cette diversité de la musique congolaise,il y a lieu de remarquer le croisement,le mixage voire le métissage,par l'introduction du folklore traditionnel,de différentes ethnies,avec les rythmes issus de nos diasporas,tels que Chacha-cha,merengue,rumba et boléro, dans cette musique moderne de par les instruments utilisés. Si on peut se souvenir de la chanson"Mamona Mbwa ma fuila ku mbundu"du feu Bavon qui est chantée en Kongo sur un air de Boléro. Mamona mbwa,c'est à dire ce que le chien a vu mais il ne peut pas rélater ce fait à son maître ni à un autre humain,ce qui suppose qu'il y a un danger! Et on peut aussi se souvenir de la chanson"Mfumbwa"du regénérant en musique,Verckys,composée dans une association du folklore kongo avec la rumba-soukouss au pas de danse Sakumuna animée par son trio des chanteurs amusants. Enfin,on ne pourra tout citer,sans oublier Bombenga-jeannot qui,maniant bien sa culture mongo,avait merveilleusement croisé la rumba et le folklore mongo dans des belles chansons telles que"Aontona,Lolango"et autres dont les titres m'échappent. Et Bien à vous et mes remerciements vont à Sam Malonga,notre Messager,Pedro et notre frère Blondé dont la venue au site nous a poussés à explorer pour expliquer davantage.
Répondre
P
Malheureusement moi, j’ai toujours considéré le boléro comme 1. enlever-le-rideau pour la vraie musique, c'est-à-dire, la rumba. 2. Interlude musical pour permettre à la vedette de se reposer un peu, avant de réchauffer. Et quand il arrive qu’un boléro semble être « mainstream » parce que la chanson devient célèbre, comme Conseil d’Ami ou Régina-Régina, c’est comme par accident. La preuve, c’est que j’avais toujours l’impression que les boléros sur 45T/33T single (du moins ceux que moi j’ai vus sur disque pendant les rares fois que j’étais autorisé à m’approcher d’un tourne-disque) étaient mis sur la face B d’une chanson très célèbre (par exemple, il y a, je crois, un boléro qui dit « O mokili pasi o,… sur la face B de Bankoko Baboyi. Donc, à mon avis, Verckys, qui est très malin, n’a pas voulu une autre chanson sur le même disque ; c’est-à-dire, si le système 1 et 2 avait déjà commencé en 1968/69, le disque aurait Bankoko Baboyi 1 sur la face A et Bankoko Baboyi 2 sur la face B. Je me rappelle aussi d’un autre boléro de l’OK Jazz qui est sur la face B d’une autre chanson très célèbre, et je ne me rappelle pas laquelle. Mais ce boléro, chanté en solo par Franco lui-même, dit : « Koseka moninga te, soki azwi likambo/Soki ezwi yo, nani akoseke/Ata ezwi yo te, bana okobota/… »
Répondre
N
Cher Sam,bonjour et merci pour votre observation sur le devenir de la rumba et espérons qu'elle survivra. Si nous avons cité d'autres rythmes ou styles de musique,autres que la rumba,c'est pour que ceux qui nous suivent se rendent compte de la diversité de la musique congolaise. En ce qui concerne le boléro,comme l'a si bien dit notre Messager,l'orchestre Afro-négro,en Belgique en soixante-six,avait sorti un boléro au titre"Pallado-Pallado"et Los Nickelos avait aussi ses boléros,par Jo Rino,tels que"Mboka mopaya et Liboko na Litama"y compris ceux composés par le regretté Zatho-Kinzonzi. Et Nimy Nzonga pourra nous fournir tout ça. Pour étoffer cette diversité de la musique congolaise,il y a lieu de souligner l'introduction du rythme folklorique dans cette modernité,à côté de ces rythmes qui nous étaient revenus de nos diasporas victimes de l'esclavage par la traite humaine dite"négrière",suivant une ethnie à une autre. Ainsi on peut se souvenir de la chanson fantaisiste"Kiboloso"de l'African fiesta lors de leur arrivée en Belgique en soixante-cinq,tout comme"Biantondi Kassanda"à cadence Mutwashi. Rochereau dans"Ana Mokoy",Kallé dans"Mbombo wa Tshimbalanga",Lutumba dans"Nani akundisila mwana"et que dire de Franco qui,au début des annés soixante,va mettre en valeur la culture kongo,en digne fils de maman Mbonga et né à Sona-Bata,dans"Benu ba Congo sika","Si,si,si eh bandoki baza..","Koyimbi ko"et autres sans oublier"Luvumbu ndoki et Camp Luka"et,dernier morceau,"Kimpa kisangameni". Et sans oublier les Los angeles,version des employés de Tshibangu ayant pris le micro après le départ de Robin et autres,dans leur fantaisiste"Mesu mani ma mbote"et,enfin,la liste n'est pas exhaustive,le regretté Papa Wemba dans"Ana Lengo"et ses autres compositions en folklore Tetela dont les titres m'échappent. A plus et bien à vous,merci pour votre compréhension.
Répondre
N
Chers Sam Malonga et notre Messager,bonjour et grand merci pour cet exposé sur le boléro dans la musique congolaise qui a été,comme le chacha-cha,le merengue,la rumba et la salsa,un des rythmes qu'on a connus. Et je m'étais efforcé à expliquer que la musique congolaise ne devait pas se limiter à la rumba ainsi que la plupart des chroniqueurs extérieurs la définissent. Si la rumba a acquis le monopole du rythme,dans la musique congolaise,c'est parce que la plupart des chansons en rumba ont été des grands succès et avaient connu des grandes ventes de par les éditions et comprenne qui pourra. Pour tout musicien,en ce qui concerne la survie de son art,c'est la rentabilité. Bien à vous.
Répondre
M
Sam,<br /> Encore un sujet de fond qui démontre que la musique congolaise est une véritable mine d’or non encore totalement exploitée.<br /> Votre exposé a exploré les principaux points sur lesquels je voulais revenir dans mon commentaire, entre autres l’importance du boléro lors des cérémonies de mariages.<br /> <br /> Personnellement, j’estime que c’est malheureux que les jeunes formations n’aient pas réussi à intégrer le boléro dans leur répertoire. En effet, si on considère les deux albums des slows classiques de la musique congolaise en notre possession, tous les titres reviennent à l’OK-Jazz et à la famille African-Jazz, les jeunes orchestres (relativement parlant), à savoir : Los Nickelos, Cercul-Jazz, et Négro-succès n’ont composé que quelques titres.<br /> <br /> Messager
Répondre
S
Comme l'a si bien dit notre frère Nyanguila, la musique congolaise est une véritable mosaïque de rythmes, de sons et de styles. Elle ne se limite pas seulement à la rumba. Auourd'hui la même rumba est en perte de vitesse. C'est un pan de notre culture qui est en train de disparaître.
B
Pendant toutes ces années, l’OK Jazz a été un grand pourvoyeur de boléro a écrit Monsieur Samuel Malonga. En effet je puis affirmer avec ma petite expérience qu'effectivement ici nous ne connaissons le boléro que par l'O.K. Jazz en ce qui concerne la musique congolaise je veux dire. D'ailleurs quand chez nous on parle boléro on pense tout de suite aux chansons devenues presque des classiques comme "Quand le filme est triste de Vicky Longoma, Si vous passez, Sala omona basi ya mbongo, Annie obosani ngai etc. par là de Franco" Personnellement certaines des chansons données ici sont pour moi une découverte. Donc merci à vous.
Répondre