Haro sur le tribalisme
L’annonce de la victoire provisoire de Félix Tshisekedi a fait resurgir les vieux démons du tribalisme. Les penchants ethniques ont pris le dessus sur ce qui nous unis tous : notre appartenance à un même pays. On a vu un déchirement de la notion de nation par des propos tribalo-ethniques d’un autre âge.
La xénophobie et la ségrégation écartent l’autre parce qu’il n’est pas de sa tribu, de son ethnie, de sa province, parce qu´il parle un dialecte différent du sien. Ce déferlement de la haine sur son propre compatriote a quelque peu dénaturé cette tolérance et cette magnanimité que le Congolais témoigne envers un étranger.
Quoi de plus horrible que voir les Congolais se quereller. Quoi de plus incroyable que de voir les Rdéciens s’entretuer pour un poste fut-il celui qui mène à la magistrature suprême. Quoi de plus pénible que de voir des compatriotes étaler à la face du monde des images ségrégationnistes et des propos dégradants qui mettent à mal la cohésion et l’unité nationale.
Honte à ceux qui ont au nom de leur ethnie ont vilipendé leurs propres frères. Honte à ceux qui emportés par le tribalisme ont propagé la haine contre d’autres fils et filles du Congo. Honte à ceux qui ont prononcé l’anathème contre d’autres Congolais comme eux-mêmes. Honte à ceux qui manipulent les autres ou incitent à la violence. Honte à ceux qui veulent diviser pour une parcelle de pouvoir qui ne durera que l’espace d’un moment.
N’en déplaise aux extrémistes de tout bord, la nationalité luba, kongo, ngala, tetela, yansi, pende, lokele, nande, mongo, mbuza, songe, lunda, kuba, humbu, tshokwe, topoke, mangbetu, bemba, yeke et autre n’existe pas. N’en déplaise aux séparatistes, la nationalité congolaise est au-dessus de nos clans. Elle le cordon ombilical qui nourrit la population congolaise. C’est l’union de toutes nos tribus qui fait notre force. C’est la diversité de nos ethnies qui garantie notre avenir commun dans cet espace national que nous devons protéger comme la prunelle de nos yeux. C’est l’amour de la patrie qui doit effacer cet attrait primaire régionaliste qui freine notre élan. Mon compatriote n’est pas celui qui parle ma langue maternelle mais plutôt celui dont les ancêtres ont vécu dans ce grand pays qui a conquis son indépendance un certain 30 juin 1960.
Joseph Kasa-Vubu, Patrice Lumumba, Moïse Tshombe, Mobutu Sese Seko, Étienne Tshisekedi, Simon Kimbangu ou Laurent-Désiré Kabila n’ont-ils pas été la voix du Congo ? Rossy Mukendi, Éric Boloko, Thérèse Kapangala, Cédric Mbala, Armand Tungulu, Floribert Chebeya, Fidèle Bazana, Luc Nkulula, colonel Mamadou Ndala ont-ils sacrifié leur vie pour leurs tribus ou leurs provinces d’origine ? Tous ces Congolais assassinés et parfois enterrés dans des fosses communes sont-ils morts pour leurs ethnies ? Le sang versé par nos martyrs doit nous amener à aimer le Congo par-dessus tout.
Nous ne sortirons vainqueur de cette grande bataille de la reconquête de notre terre que par le dynamisme de l’union et de l’amour pour notre pays. Nos tribus, nos ethnies et nos dialectes ne trouvent leur sens plénier que dans un Congo uni tel que légué par les Pères-fondateurs. Le tribalisme nous rabaisse. Il nous enferme dans la coquille de la mesquinerie. Il rétrécit notre esprit. Il nous aveugle et nous empêche de voir les forces alentours qui font la fierté et la vigueur du grand Congo. Le tribalisme est en réalité un complexe.
Allumons la flamme du nationalisme et soyons fiers d’être congolais car nous partageons tous le même territoire, le même passé, la même histoire, le même drapeau, le même idéal, les mêmes peines et les mêmes joies. L'avenir de la nation est en jeu. Ne nous trompons pas de combat ni d’ennemi.
Samuel Malonga