Mavuela Somo avait-il plagié Kwamy Munsi ?
Mavuela Somo avait-il plagié Kwamy Munsi ?
La Fania All Stars, qui s’en souvient encore ? C’est le nom de l’attaque-chant de Yoka Lokole. Elle se composait des voix élégantes et enchanteresses, celles de Papa Wemba, Djo Issa, Mavuela Somo, Mbuta Mashakado et Bozi Boziana. Ces cinq chanteurs garantissaient à eux seuls le succès du groupe.
En 1976, l’orchestre lança plusieurs chansons sur le marché du disque notamment Mabita de Mbuta Mashakado, Lisuma ya zazu de Papa Wemba, Maloba bakoko de Mavuela Somo et surtout Bana Kin du même Géant Catalogue à la Muzungu. Cette dernière chanson fit grand bruit et mit en évidence le mot mapeka qui stigmatisa les Kinois qui n’étaient pas nés dans la capitale mais qui avaient y émigré. En des termes clairs, Cheik Vuelas dit : « Bana kinshasa bazonga nde sima. Bauta bakoma kotombola mapeka. ».
A l’époque de sa sortie, les mélomanes avaient unanimement accordé la nouvelle signification de ce terme tant décrié à Mavuela Somo, le compositeur de la chanson. Mais était-ce la réalité?. Cheik Vuelas n’avait-il pas plagié son aîné Kwamy Munsi ? En tout cas, la simularité de certaines paroles voire même du titre semblent confirmer cette assertion.
Kwamy La Sintura aurait écrit et composé en 1967 une mélodie au titre similaire dont les paroles disaient à peu près la même chose. Elle est sortie neuf ans avant celle de Mavuela. Le titre est éloquent : Bana Lipopo. On y retrouve cette phrase : « Bauta bakomi kotombola mapeka. Balobi baleki biso bana Lipopo. » Le thème principal exploité est la guéguerre latente mais non déclarée entre les arrivants et les Kinois de souche qui se sentaient leser par l’arrivée massive des provinciaux dans leurs terres. Comme Kwamy, la même idée avait été exploitée par Mavuela ; comme La Sintura, le même titre avait été donné par Cheik Vuelas à sa chanson. La seule petite différence est l’usage de l’appelation Kin à la place de Lipopo.
Même si le nom du groupe qui a accompagné le gantsie n’est pas connu, même si nos propres recherches ne nous ont pas permis de mettre la main sur cette œuvre de Kwamy, on découvre les traces de son existence dans le livre intitulé Terre de la chanson écrit par Manda Tchebwa. Une demande expresse est maintenant faite aux mbokatiers pour retrouver ce joli morceau. Peut-être que quelqu’un est en possession de ce tritre que nous cherchons. Peut-être qu’il se trouve quelque part dans le tiroir d’un des nôtres. Nous lui serons gré de nous l’envoyer pour diffusion. A sa place, nous vous proposons la version de Mavuela Somo en attendant de voir se réaliser l’appel lancé aux lecteurs de Mbokamosika.
Samuel Malonga