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Publié par Samuel Malonga

Jazz, l’épithète la plus portée par les orchestres congolais

 

Dans les années 50 et 60 le terme jazz était populaire. A Kinshasa, la connotation prise par ce vocable n’avait rien avoir avec la musique. Dans la capitale du Congo, jazz désignait un bel habit. Cette nouvelle signification a donné naissance à d’autres mots dérivés dont le substantif jazzeur et le verbe intransitif jazzer.

 

Le jazzeur dans le jargon kinois désignait tout jeune homme qui s’habillait bien. Ce bon chic bon genre était en quelque sorte l’ancêtre de l’actuel sapeur. La grande différence entre les deux amoureux de l’habillement est que contrairement au kitendiste qui vante les marques de luxe venues d’ailleurs, le jazzeur était un authentique congolais qui portait des vêtements cousus par des tailleurs locaux.

A côté du nouveau verbe jazzer qui voulait dire frimer, d’autres nouvelles expressions ont vu le jour. Kobeta jazz ou kobola jazz était le fait de porter de beaux habits. Kotia jazz était synonyme d’être bien vêtu. Kolinga (ba)jazz signifiait aimer l’élégance et la coquetterie. Moto ya jazz était le mec élégant, noceur et ambianceur.

 

Outre son emploi dans le parler quotidien des kinois, c’est dans les noms des orchestres que sa présence était la plus visible. Entre 1950 et 1965, une bonne trentaine de groupes musicaux des deux côtés du fleuve portaient ce terme dans leur appellation. Voici une liste :

 African Jazz, OK Jazz, Affront Jazz, Cercul Jazz, Conga Jazz, Négro Jazz., Micra Jazz, Ryco Jazz, Orphée Jazz, Bantou Jazz, Vedette Jazz, Élégance Jazz, Kongo Jazz, Lulua Jazz, O.D Jazz, Jazz Babalou, Jamel Jazz, Venus Jazz, Dynamic Jazz, Negrita Jazz, Jazz Beguen, Jazz Capable, Tip-Top Jazz, Mystérieux Jazz, Affeinta Jazz, Boga Jazz, Ana Jazz, Angle Jazz, Jazz Mango, Jazz Kwilu.

 

Dans la musique congolaise moderne, les groupes musicaux n’avaient jamais connu un tel engouement pour une épithète. Ces orchestres disparurent les uns après les autres. Jusqu’en en 1989, l’OK Jazz avait été le miraculé des ensembles portant cette dénomination. Malheureusement, il n’a pas survécu au décès de son patron, le Grand-Maître Luambo Makiadi alias Franco.

 

Samuel Malonga

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S
Cher frère Blondé,<br /> Les orchestres qui portaient cette épithète n'avaient de jazz que le nom. La musique congolaise tel que l'avait voulu le Grand Kallé avait plutôt une influence cubaine.
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B
Quand j'ai lu ton article mon frère Malonga, j'ai d'abord souri, puis j'ai éclaté de rire. En fait, je pensais que les orchestres congolais étaient influencé par la musique du jazz et que c'était une manière pour eux de s'en réclamer ou de s'y référer. Et puis, le mot jazz a effectivement généré le verbe jazzer qui veut dire plutôt bavarder, en tout cas un sens péjoratif. Quand on dit de quelqu'un qu'il jazze (toujours accompagné de trop) ou qu'il est jazzeur, cela veut dire qu'il bavarde beaucoup et ne dit rien de bon.
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