Les variétés instrumentales congolaises
Les variétés instrumentales congolaises
Référence : http://www.mbokamosika.com/2017/11/ballade-instrumentale-sur-les-ondes-de-la-voix-du-zaire.html
Au Congo, la musique est une question de paroles et d’instruments. Elle se veut à la fois d’être chantée et dansée. Une chanson est d’abord un texte sur lequel est collée une mélodie qui à son tour est copulée aux différents instruments qui produisent des sons harmonieux et rythmiques pour le plaisir de l’oreille. La danse qui suit l’audition n’est que la suite logique qui transcende l’esprit emporté par le lyrisme et la cadence du hit. Tel est l’idée que le Congolais se fait de la musique. Les variétés instrumentales sont donc le parent pauvre de l’art d’Orphée au pays de Wendo.
En remontant à l’époque des bakolo miziki, rares sont les séquences musicales entièrement instrumentales des pionniers. Le vent semble souffler dans les années 50 avec une composition majeure. La version instrumentale de Masanga de Jean-Bosco Mwenda sortie en 1952 marque cette époque. La pépite du roi de la guitare acoustique est restée dans les annales de la musque instrumentale comme une référence. Trésor musical inoxydable qui a traversé les décades, il a depuis voyagé dans le monde entier car il est repris par plusieurs guitaristes acoustiques. Il est jusqu’à ce jour la seule œuvre instrumentale congolaise qui a dépassé les frontières nationales. Cette partition a obtenue une consécration quasi planétaire.
Dans les années 60, le mouvement ne s’essouffle pas, au contraire. Plusieurs artistes et non des moindres, mettent la main à la pâte. Béjos et le Kongo Jazz réalise un chef d’œuvre avec Merengue Harmonica. Docteur Nico compose Merengue Président et plus tard Souvenir Air Congo à l’occasion du cinquième anniversaire du léopard volant en 1966. Cette chanson est en prélude du super 45T sorti pour l’occasion.
De son côté, Rochereau monte au créneau avec Négra Sanda. Si jusque-là, les chansons sont des singles sorties sur 45T, l’idole d’ébène sur la route de l’Olympia en 1970 met sur le marché du disque pas moins de 16 chansons enregistrées dans deux albums titrés Le seigneur Rochereau dans la musique congolaise des variétés. Cette compilation englobe quelques titres réalisés par l’African Fiesta National Le Peuple entre 1967 et 1969. A-t-il réalisé ces LP à la demande de la société aérienne Air Zaïre ? En tout cas, le logo de l’ancienne compagnie nationale était visible sur le dos de la pochette. Ce sont ces mélodies qui détendaient et accompagnaient les passagers tout au long de leur voyage.
Les années 70 sonnent en quelque sorte le glas des variétés instrumentales. Les artistes adoptent une pratique pour le moins commercialement rentable. Avec la bénédiction de l’industrie du disque, la partition des chansons gravées sur disque devient la mode et la règle. Avec le système un 45T pour une chanson seulement au lieu de deux, s’impose un système qui règnera plus d’une décade. La face A est celle du texte chanté dans single tandis que la face B est la partie dansante qui met la dextérité des instrumentistes en exergue. Les rifs aigus des sébènes sont dans cette séquence accompagnés par des animations susceptibles de pimenter l’ambiance. Le souci n’est pas de lorgner la musique instrumentale mais plutôt de prolonger la danse. Mais au milieu des années 80, le système arrive à bout de souffle avec la montée en flèche du 33T qui supplante le 45T. Le LP cèdera à son tour la place au CD qui offrait un bel éventail du son avec le stockage des données sous forme numérique.
Pourtant certains artistes-musiciens reviendront timidement à la charge pour se réconcilier avec la musique instrumentale. Ce sera le cas de Mayaula (Ousmane Bakayoko) ou Tabu Ley (En amour il n’y a pas de calcul, Dernier espoir Itou). En 1995, l’orchestre de l’Hôtel Intercontinental a réalisé une série d’enregistrement incluant plusieurs anciens succès de l’African Jazz, de l’OK Jazz et de l’African Fiesta. Il semble que plusieurs autres variétés instrumentales congolaises ont été réalisées par des artistes étrangers.
Samuel Malonga