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Publié par Samuel Malonga

Les variétés instrumentales congolaises

 

Référence : http://www.mbokamosika.com/2017/11/ballade-instrumentale-sur-les-ondes-de-la-voix-du-zaire.html

 

Au Congo, la musique est une question de paroles et d’instruments. Elle se veut à la fois d’être chantée et dansée. Une chanson est d’abord un texte sur lequel est collée une mélodie qui à son tour est copulée aux différents instruments qui produisent des sons harmonieux et rythmiques pour le plaisir de l’oreille. La danse qui suit l’audition n’est que la suite logique qui transcende l’esprit emporté par le lyrisme et la cadence du hit. Tel est l’idée que le Congolais se fait de la musique. Les variétés instrumentales sont donc le parent pauvre de l’art d’Orphée au pays de Wendo.

 

 

En remontant à l’époque des bakolo miziki, rares sont les séquences musicales entièrement instrumentales des pionniers. Le vent semble souffler  dans les années 50 avec une composition majeure. La version instrumentale de Masanga de Jean-Bosco Mwenda sortie en 1952 marque cette époque. La pépite du roi de la guitare acoustique est restée dans les annales de la musque instrumentale comme une référence. Trésor musical inoxydable qui a traversé les décades, il a depuis voyagé dans le monde entier car il est repris par plusieurs guitaristes acoustiques. Il est jusqu’à ce jour la seule œuvre instrumentale congolaise qui a dépassé les frontières nationales. Cette partition a obtenue une consécration quasi planétaire.

Dans les années 60, le mouvement ne s’essouffle pas, au contraire. Plusieurs artistes et non des moindres, mettent la main à la pâte. Béjos et le Kongo Jazz réalise un chef d’œuvre avec Merengue Harmonica. Docteur Nico compose Merengue Président et plus tard Souvenir Air Congo à l’occasion du cinquième anniversaire du léopard volant en 1966. Cette chanson est en prélude du super 45T sorti pour l’occasion.

De son côté, Rochereau monte au créneau avec Négra Sanda. Si jusque-là, les chansons sont des singles sorties sur 45T, l’idole d’ébène sur la route de l’Olympia en 1970 met sur le marché du disque pas moins de 16 chansons enregistrées dans deux albums titrés Le seigneur Rochereau dans la musique congolaise des variétés. Cette compilation englobe quelques titres réalisés par l’African Fiesta National Le Peuple entre 1967 et 1969. A-t-il réalisé ces LP à la demande de la société aérienne Air Zaïre ? En tout cas, le logo de l’ancienne compagnie nationale était visible sur le dos de la pochette. Ce sont ces mélodies qui détendaient et accompagnaient les passagers tout au long de leur voyage.

Les années 70 sonnent en quelque sorte le glas des variétés instrumentales. Les artistes adoptent une pratique pour le moins commercialement rentable. Avec la bénédiction de l’industrie du disque, la partition des chansons gravées sur disque devient la mode et la règle. Avec le système un 45T pour une chanson seulement au lieu de deux, s’impose un système qui règnera plus d’une décade. La face A est celle du texte chanté dans single tandis que la face B est la partie dansante qui met la dextérité des instrumentistes en exergue. Les rifs aigus des sébènes sont dans cette séquence accompagnés par des animations susceptibles de pimenter l’ambiance. Le souci n’est pas de lorgner la musique instrumentale mais plutôt de prolonger la danse. Mais au milieu des années 80, le système arrive à bout de souffle avec la montée en flèche du 33T qui supplante le 45T. Le LP cèdera à son tour la place au CD qui offrait un bel éventail du son avec le stockage des données sous forme numérique.  

Pourtant certains artistes-musiciens reviendront timidement à la charge pour se réconcilier avec la musique instrumentale. Ce sera le cas de Mayaula (Ousmane Bakayoko) ou Tabu Ley (En amour il n’y a pas de calcul, Dernier espoir Itou). En 1995, l’orchestre de l’Hôtel Intercontinental a réalisé une série d’enregistrement incluant plusieurs anciens succès de l’African Jazz, de l’OK Jazz et de l’African Fiesta. Il semble que plusieurs autres variétés instrumentales congolaises ont été réalisées par des artistes étrangers.

 

Samuel Malonga

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N
Il serait tout aussi profitable de savoir si on peut acheter ce cd.
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C
Nganga ya Mazda:<br /> <br /> https://www.youtube.com/watch?v=lOJAN953ycg<br /> <br /> Avec les grands magiciens de la RDC: Mbumba Attel, Mavatiku Michelino, Pépé Ndombe sans oublier l'inoubliable Monstre Sacré, muana ya Tabu dit Rochereau...<br /> <br /> Un jour...ata ndele. Même nos enfants nous réhabiliterons. Congo Kinshasa, Libanga ya Talo...<br /> <br /> Claude Kangudie...
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C
Bonjour Sam. Il faut aussi souligné les merveilleux instrumentaux de l'orchestra Afrisa avec Mbumba Attel au solo et Mavatiku à l'accompagnement des années '70. D'ailleurs cette série a longtemps servi de générique à plusieurs émissions de la voix du Zaïre...remember nganga ya Mazda...Bon week-end à tous...balinga, balinga te...mboka na biso ezali RD Congo, Libanga ya Talo...<br /> <br /> Claude Kangudie.
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P
Ce brillant article me souffle une typologie comparative entre la démarche des concerts dans la musique congolaise et angolaise. Il me semble que la musique instrumentale faisait toujours l’enlever-de-rideau pour la musique chantée, c’est-à-dire, la musique « proprement-dite ». Je me rappelle que tous les concerts d’Afrisa à Lubango ont presque servi à démontrer la maitrise avec laquelle la « défense » (l’attaque étant les chanteurs) maniait les instruments, avant que Tabu Ley, Mbilia Bel, Kiese Diambu et les autres chanteurs n’entrent en scène. Et cette partie instrumentale aidait à prolonger le concert. Quand le concert proprement dit commençait, c’est comme si les instruments ne servaient plus qu’à accompagner le chant. Mais, même dans ce cas, la plupart des chansons exécutées exclusivement instrumentalement évoquent un chant. C'est-à-dire, une guitare ou un saxo « chantait » une chanson dont on connaissait les paroles, comme dans le cas de Jamais Kolonga ou Lineti.<br /> Par contre, dans les concerts des orchestres angolais, comme os Kiezos ou Jovens do Prenda, la musique chantée s’intercale entre des merengues exclusivement instrumentaux. Et les chansons instrumentales n’évoquent aucun chant. Elles sont composées originalement comme instrumentales. D’ailleurs, c’est plus tard que certaines partitions instrumentales sont « surnommées » par les mélomanes. Par exemple, la chanson que vous pouvez écouter sur https://angola45.wordpress.com/2012/10/25/conjunto-merengue-5-de-julho-cda-merengue-1977/ s’intitule « 5 de Julho » (Je crois qu’elle évoque l’indépendance du Cap Vert. Tout le monde dit que les partitions des instruments à vent à la fin de la chanson disent : « Camarada, Patos Fora ». L’expression « patos fora » en portugais angolais sert à chasser les fraudeurs qui sont venus à la fête sans y être invités. Littéralement, ça signifie : « canards, dehors ».
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