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Publié par Messager

 

Réponse à Blondé à propos des chansons congolaises en lingala

Référence : http://www.mbokamosika.com/2017/07/1960-1980-vingt-annees-marquees-par-les-artistes-musiciens.1997-2017-vingt-annees-creuses-artistiquement.html

 

Franchement mon frère, vous venez de nommer directement par des mots justes ce que j'ai appelé le griotisme, le DJ. En fait, je pense que vous congolais qui comprenez les paroles des chansons des artiste congolais devez souffrir actuellement de cette pauvreté. Quand moi j'écoute n'importe lequel des chanteurs congolais des années 50, 60, jusque plus près de nous 70 et 80, je sens un plaisir, je n'y comprends souvent rien mais, la manière de chanter, la voix, le rythme, beaucoup de choses dans ces œuvres font que j'oublie la barrière linguistique. Aujourd'hui la tendance générale en Afrique c'est crier, réciter des noms, ne rien dire, avec en plus les boîtes à rythmes, aucune créativité. C'est le mal des artistes africain d'aujourd'hui et vous avez raison. Moi je n'écoute que la musique du passé.

C'est mon choix.

Blondé

.

Notre réaction,

 

Cher Blondé,

J’ai été peiné d’apprendre à travers votre commentaire ci-haut que, « quand vous écoutez n’importe quel chanteur congolais des années 50, 60, 70, ou 80, vous sentez un plaisir, bien que vous n’y compreniez souvent rien,…….. mais la manière de chanter, la voix, le rythme font que vous oubliez la barrière linguistique »

En effet, cette réaction m’interpelle personnellement dans la mesure où en mettant en œuvre ce site, j’avais accepté de rendre bénévolement service à des milliers de personnes, une manière de rendre à mon tour, ce que le monde m’a offert.

Suite à votre message, je vous prie de me communiquer les titres de quelques chansons congolaises dont vous aimeriez savoir la signification. Je les traduirai, en fonction de ma disponibilité, en français pour vous, et pour les autres lecteurs ne comprenant pas le lingala ou d’autres langues congolaises. Une autre manière de faire la promotion de la chanson congolaise à travers le monde.

Messager

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M
Pedro,<br /> Je viens de t'envoyer un message en privé, pour justifier certaines de mes argumentations<br /> <br /> Messager
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P
Cher Messager,<br /> Une de mes théories, que je ne parviens malheureusement pas encore à développer, est que la pauvreté de la musique actuelle est une espèce de choix encadré dans les possibilités du moment. Sinon, comment justifier que des groupes chantent tous la même chose sans même que l’un d’eux se plaigne des droits d’auteur. Donc, c’est comme s’il y avait un pacte tacite où « makambo ya mikol’oyo » c’est pour tous. Voilà pourquoi je trouve dangereux qu’on arrive à des conclusions au lieu de s’intriguer davantage.
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M
Mon cher Pedro,<br /> <br /> C’est avec plaisir que je te revois sur notre site. Ta réaction au commentaire de notre ami Blondé d’Abidjan a retenu mon attention.<br /> En ce qui me concerne, lorsqu’on stigmatise le fait que la musique de la génération actuelle est pauvre, cela se justifie à deux niveaux : linguistique et rythmique.<br /> Sur le plan linguistique : La plus grande lacune de la musique congolaise est l’absence des chansons à texte. On peut être de générations différentes mais produire des chansons riches en textes. Wemba, Evoloko, Emeneya, Dilu, Koffi … ne sont pas de l’époque de Rochereau, mais leurs chansons sont bien conçues linguistiquement. Je me souviens encore de l’interview de Koffi à ses débuts révélant qu’il s’inspirait souvent du journaliste du Congo/Brazza Laurent Botséké pour enrichir son vocabulaire en lingala, et nous avons vu comment les textes de ses chansons sont riches. Lorsqu’on considère les compositions de Kester Emeneya par exemple, ce sont de véritables poésies, à l’instar des chansons de leurs aînés de générations précédentes. C’est ce qui manque à l’actuelle génération. <br /> Sur le plan rythmique : Faut-il rappeler que les particularités n’existent plus, et que tous les orchestres jouent presque avec quasiment le même rythme.<br /> Le jour où une jeune musicien enrichira ses chansons, nous le féliciterons, ce n’est nullement un conflit de générations. Michael Jackson s’était beaucoup inspiré du style James Brown, mais il l’avait enrichi en faisant un effort pour améliorer son anglais, afin d’éviter de se rapprocher de l’anglais de noirs américains.<br /> Messager
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P
Cher Blondé,<br /> Moi aussi je n’écoute que la musique du passé, mais j’essaie d’être prudent, parce que cette musique que j’aime appartient à ma génération et à la génération précédente à la mienne. J’essaie donc de mitiger les propos sur l’appauvrissement de la créativité des artistes. Je crois plutôt que cette créativité a évolué dans un sens que nous ne comprenons pas. Quand on lit les interventions de Clément Ossinondé, par exemple, on a aussi l’impression que lui, non plus, ne néglige pas la « créativité » actuelle. Je prends un autre exemple et je voudrais que les mbokatiers y réfléchissent. Quand un artiste-musicien reprend une vieille chanson sur un rythme un peu différent ou en y ajoutant une seule phrase, c’est de la créativité. L’autre jour, j’ai par accident suivi un programme de musique africaine animé par Mário Santos sur la télévision angolaise, parce que j’étais assis au salon, ce qui est très rare, et j’ai vu une vidéo du jeune Héritier Watanabe, bien avant le flop de son concert à l’Olympia. Je n’avais jamais entendu parler de lui. Dans cette vidéo, il chante une version des animations de la chanson Zamba-Zamba de Bella Bella : « Eh e e zamba ezalaka boye/Eh e e nzok’ezalaka boye ». Un vers qu’il introduit dans cette chanson, qui n’existe pas dans l’originale, retient mon attention. Il dit : « Solo ya déception nzok’elumbaka boye ». Je dois recourir à la tautologie pour mieux rendre en français ce que ce vers signifie: « Je ne savais pas que l’odeur de la déception exhalait ce degré de fétidité ! ». Eh bien, moi je trouve ce seul vers très créatif, calqué sur une chanson que je connaissais déjà.<br /> <br /> Je crois donc que, justement parce que je n’écoute pas ces chansons, je ne peux pas savoir à quel point elles sont créatives. L’autre exemple que je peux citer est celui de Kofi Olomidé. J’écoute encore ses anciennes chansons du rythme Tchatcho des années 80, et elles me semblent pleines de créativité, même quand ses vers coïncident avec des vers des chansons dans une autre langue, comme ce vers qui dit « Nazali awa lokola mopaya na se ya mbula » (Je suis comme un étranger sous la pluie) qui coïncide avec une chanson de Demis Roussos (I’m like a stranger who came from nowhere on a rainy day). Et, même avant que Kofi ne prît l’habitude de distribuer des coups de pied à de jeunes danseuses à l’aéroport de Nairobi, je crois que c’est lui qui a inventé ce genre de musique où le chœur est composé des dizaines des chanteurs. Mais, puisque je ne prête aucune oreille au Quartier Latin, je ne sais pas ce qu’il dit. Pourtant, quand j’écoute l’album Tempelo (puisque c’est du Tabu Ley), il me semble que certaines chansons sont exactement dans ce genre avec des dizaines des chanteurs en chœur.
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B
Mon cher Pédro,<br /> je suis ravi de la peine que vous vous êtes donnée pour me donner cette longue explication. Seulement, la musique c'est d'abord une question de "fibre". Ce qui vous fait vibrer peut ne pas m'émouvoir. Mais pour ce qui concerne l'avis général que j'ai donné sur la musique en Afrique et au Congo, je suis parti du fait que dans les années 7, 80, il ne se passait pas un jour sans que nous ne recevons dans nos discothèques commerciales une nouvelle oeuvre discographique. Et maintenant, rien de tout cela. Je me suis donc posé la question de savoir pourquoi nous sommes sevrés à ce point. Aussi, il faut que vous sachiez que nous ne vivons tous pas en RDC et Mbokamosika fait bien de nous relier. Il y a d'abord à notre niveau à l'extérieur, la pauvreté quantitative des œuvres musicale congolaise. L'exemple que vous donnez de la chanson de Bella Bella, je ne peux pas m'y trouver puisque je ne comprends pas les paroles de ces chansons. Mais par contre quand j'écoute les deux versions d'une oeuvre comme "PERMISSION", celle du Négro Band et celle de Rochereau (voir les albums SUCCES D'HIER et RUMBA ON THE RIVER), il y a une nette différence avec ce que vous défendez. Et je vous assure que si je fouille bien dans ma bibliothèque, je peux vous donnez d'autres exemples. Prenez RETROUSSONS LES MANCHES. Comparez la version OK Jazz et celle de Rochereau. Même chanson, deux styles différents, tous bien agencés. Franco a chanté COLONEL BANGALA, vous ne voyez pas comment les musiciens d'aujourd'hui, pas seulement ceux du Congo, chante les personnes. Du pure griotisme plat. Ils ne font qu'aligner les noms sans rien d'autre. Convenez que, comme le confesse MESSAGER, il n'y a plus de chanson avec un texte qu'on peut écouter. Donc pauvreté de parolier. Je ne me connais pas en musique, mais à force de l'écouter, j'arrive de fois à distinguer une composition de Tabu Ley, de celle de Franco, de Kallé, de Nico etc. Aujourd'hui, la boîte à rythmes à remplacé la dextérité des instrumentiste au point que tous les sonorités sont uniformes. C'est de cela qu'il s'agit. J'écoute Olomidé, Wemba et beaucoup d'autres dans les chansons du début de leurs carrières. Héritier, ici on ne le connais même pas. A votre avis pourquoi il n'y a plus de promotion des musiciens comme au bon vieux temps. Pour moi si la musique a évoluer, c'est dans un sens qui me laisse nostalgique. Voilà ce que j'ai voulu exprimer. Merci et à bientôt.<br /> Blondé.