MYTHE DE L’HOMME PROVIDENTIEL EN AFRIQUE (2ème publication)
MYTHE DE L’HOMME PROVIDENTIEL EN AFRIQUE (2ème publication)
En 2013, notre site avait publié un intéressant article titré : « Mythe de l’homme providentiel en Afrique », sous la plume de Claude Kangudie.
Étant donné la pertinence de cet article qui cadre avec la situation politique actuelle en Afrique sud saharienne, le site a décidé de le publier de nouveau afin de permettre à ceux qui ne l’avaiennt pas consulté de le découvrir.
MYTHE DE L'HOMME PROVIDENTIEL EN AFRIQUE.
Joseph Désiré Mobutu: tel Judas l'Iscariote aux côtés de Lumumba. Principal agent intérieur de l' Occidental. Participa activement à la mise à mort de Patrice Emery Lumumba.
Les années 1960 furent l'ère des Indépendances africaines. Partout en Afrique les revendications pour une vie meilleure, pour une liberté juste et totale se firent entendre. Face à cette montée de soif de liberté, l'Européen mit au point des tactiques de contournement et de revirement de plusieurs manières. La grande masse de peuples africains n'avaient pas d'instruction et de background politique nécessaires pour exprimer de manière claire et cohérente ses revendications face au colonisateur. La poignée d'universitaires et autres instruits que comptait l'Afrique se transforma en fer de lance, porte-parole et porte-drapeaux de cette lutte.
Cette place leur revenait de manière naturelle car cette génération comptait quelques universitaires et intellectuels capables de tenir tête et communiquer avec l'homme blanc. Ce fut donc, une génération des leaders naturels de l'Afrique. Et ils fondèrent l'OUA. Parmi ces leaders historiques nous citerons, entre autres, le Président Nkwameh Nkrumah, Barthélemy Boganda, Ahmed Sekou Touré, Sylvanus Olympio, Ahmed Ben Bella, Mehdi Ben Barka, Mwalimu Nyerere, Modibo Keita, Moumié Félix , Ruben Um Nyobe, Patrice Emery Lumumba etc... De combats et du sacrifice suprême menés par ces premiers pionniers, véritables éclaireurs et conducteurs des peuples, naquit dans le subconscient africain le culte du leader, du chef, d'une tête qui pense, conduit tout le monde, indique et balise le chemin à suivre.
Amahdou Babatoura Ahidjo: fut mis au pouvoir par les Français au Cameroun de 1960 à 1982, et envelé du pouvoir par les mêmes Français. Sur la photo, avec un des ses maîtres Jhon Fitzgerald Kennedy...
Cette génération avait, pour la plupart d'entre eux, intronisé l'idée du bien commun de la communauté. L'Occident pour se venger de leur irréductibilité les assassina presque tous. Une fois ce forfait accompli, l'Occident piocha dans les rangs de ceux qui avaient servi dans son armée coloniale des soldats « premières classes » qu'il mit à la tête de nos Etats, souvent de manière violente. Tel fut le cas par exemple du soldat-marmiton Etienne Eyadema au Togo ou Jean-Bedel Bokassa en Centrafrique. A la brillante génération des pères des indépendances, l'Occident nous imposa des individus obscurs, inaptes politiques à la tête de nos états. Ces individus s'accaparèrent des titres et qualificatifs des pères des indépendances. Titres que ceux-ci avaient acquis dans la ferveur et l'abnégation des luttes pour l'indépendance.
LES PRESIDENTS GRANDS MANITOUS.
Bokassa de Berengo, sergent de l'armée coloniale française. Plus tard capitaine de cette même armée. Autoproclamé empereur et prisonnier pendant quelques mois de Valery Giscard d'Estaing, un des présidents français qui s'enchirent sans vergogne sur le dos de l'Afrique.
Les présidents grands manitous sont reconnaissables par leur suffisance et leur nullité notoire. Ils sont tout par la force des armes et de leurs milices qu'ils appellent « armée nationale ». Les présidents grands manitous ont une cour qui leur chante des louanges imaginaires et ils font danser leur peuple à qui ils sont incapables de procurer le moindre bien être. Les présidents grands manitous s'affublent des titres qu'il ont acquis dans leur imagination délirante...ils manquent juste de se proclamer Dieu en public. Dans « Prima Curia », on priait Mobutu comme Grand Maitre...Les présidents grands manitous quand ils réunissent leur gouvernement, soumis à leurs bottes, c'est une réunion entre un patron et ses garçons de course. Les présidents grands manitous engueulent et humilient leurs ministres devant tout le monde et tout le temps.
Sylvanus Olympio: premier président panafricaniste du Togo.
Les présidents grands manitous ont droit de mort et de vie sur tout et sur tous. Mobutu déclara, pince sans rire: « quand je pense à tout ce que me dois ce peuple (congolais), j'en ai les larmes aux yeux »...Mais le même Occident, qui met en place nos présidents grands manitous pour ses intérêts, rejette ces grands manitous présidents quand il n'a plus besoin d'eux comme de vulgaires pantins. Dans la honte et l'humiliation, les manitous Président-Fondateurs se retrouvent alors entre le marteau et l'enclume: ni leur peuple qu'ils ont humilié des années, ni leurs maîtres occidentaux, plus personne ne veut d'eux alors. Telle est la fin de nos grands manitous, « hommes providentiels ». Nous citerons Jean-Bedel Bokassa, Hissein Habré, Joseph-Désiré Mobutu, Ahmadou Ahidjo etc...Mais ceux qui sont encore au pouvoir, sont incapables de tirer des leçons sur la chute de leurs prédécesseurs...maudits et aveuglés par la gloire ils sont.
1) Mwalimu Julius Nyerere: un des pères du socialisme africain. Il quitta le pouvoir après avoir accompli son temps...
Nous sommes en 1940. La France vient d'être vaincue par l'Allemagne. Le Général De Gaulle, tel un irréductible Gaulois dans les bandes dessinées d'Alix et Obélix, fit entendre sa voix, à Londres, le 18 juin 1940 pour dire que la France n'était pas vaincue. Il avait parlé au nom de son peuple...Et son peuple, se reconnaissant dans son acte combattant pour sa souveraineté, appela le Général de Gaulle « l'homme du 18 juin ». De cet acte de bravoure posé par un homme courageux pour les intérêts des siens va naître une litanie d'appellations du même genre en Afrique: Mobutu, « homme du 24 novembre 1965 »; Sassou Ngouesso, « l'homme du 5 février » etc..Mais qu'ont fait ces présidents africains en ces dates ? Que retiendront les peuples de ces grands manitous pour ces dates ? Déjà à Kinshasa, le peuple a récupéré sa journée travaillée du 24 novembre...et Mobutu vite jeté aux oubliettes. De Gaulle, bien que mort, est toujours adulé à Colombey...Voici quelques appellations de nos présidents grands manitous: Grand Bâtisseur, Grand Timonier, Maréchal, 1er sportif du pays, 1er parents du pays (ceci quand bien même les enfants du grand manitou de président sont des cancres mal éduqués), Fondateur (leur fondation est en pâte à papier), Papa Bonheur, Haute Hiérarchie, L'homme à la grande écoute etc... Arrêtons-nous sur cette dernière stupidité. Voici un homme, alias « Joseph Kabila », notoirement connu pour ses lacunes intellectuelles, politiques, économiques et inapte à la maîtrise de grands sujets internationaux. Et on transforme cette malformation morale et intellectuelle en appellation d'honneur...ceci pour bien cacher ces tares. Pauvres africains que nous sommes !
Barthelemy Boganda, de la Centrafrique, combattant de la dignité et de l'émancipation de l'Afrique.
Nous autres, au Zaïre de Mobutu dit l'Aigle de Kawele, on était super gavés. Les journaux écrits, on les achetait et on passait directement aux rubriques de sport et de musique ou de faits divers. La une des journaux était invariablement dédiée aux exploits du Guide Mobutu, l'homme qui tua un léopard à l'âge de huit ans...Voici quelques titres fréquemment utilisés en ces années là: « Don du Guide aux populations éprouvées de Kikwit »; « Magnanimité de la Mama Présidente aux populations et malades de l'hôpital Robert Kansele de Mbuji-Mayi », « le Président-Fondateur offre 60 véhicules aux députés de l'Ituri », « Inauguration par le Chef de l'Etat de l'hôpital de Kananga », « Mbandaka, bientôt de l'électricité. Le Guide de la Nation inaugure la ligne haute tension de l'Equateur »...Inutile de préciser que cette ligne était constituée de 3 ou 4 pylônes qui sortaient d'une forêt dense et que derrière il n'y avait rien. Mais ce jour là, le peuple fêta le bienfait du Maréchal « Lokuta monene ». Toutes ces farces n'avaient rien de concret derrière. C' étaient soit des dons ou des œuvres locales des quelques âmes de bonne foi. Ceci n'était pas que l'apanage du Congo RDC, mais presque partout en Afrique noire, cette honte persiste toujours. Le président grand manitou, tout égoïste qu'il est, se doit d'être lui même le premier bienfaiteur de son peuple !!! Aux vrais leaders de l'Afrique s'est substituée une race d'imposteurs qui se font appeler « leader du peuple »...De quelle leadership se revendiquent-ils ?
Félix MOUMIE, Leader historique du Cameroun: médecin et homme politique empoisonné par la France en 1960.
De par notre culture africaine, nous sommes prédisposés à être conduits par un leader. Mais bien souvent ceux qui s'accaparent de ce titre, ne sont pas de leaders. Ce ne sont que des usurpateurs. Cette résignation nous a conduit à une situation et un état d'esprit catastrophique. Etre un leader ne se décrète pas. Un leader est conjugué par son peuple au travers de ses actes pour les siens. La conjoncture et la configuration du monde actuel nous oblige à déplacer le curseur au sujet de cette notion de leadership. Cette notion de leader doit être revue et réadaptée au monde d'aujourd'hui. Nous pensons, qu'en plein 21ème siècle, la nouvelle conception du leadership doit être commune et personnelle, c'est à dire que toute personne, tout citoyen doit se sentir lui même un leader. C'est à dire qu'il doit être un acteur actif de l'avenir et du devenir de son pays. Nous avons longtemps délégué notre bien-être aux hommes providentiels. Malgré la richesse de l'Afrique en hommes providentiels de tout genre, notrecontinent est aujourd'hui la terre de tous les maux économiques, sociaux, environnementaux etc...
Thomas Sankara, l'Africain: le camarade Thomas est la conscience patriotique de l'Afrique actuelle.
QUELQUES SCENARIOS A VENIR POUR LA RD CONGO.
Nous allons esquisser quelques scénarios politiques à venir, à court terme, pour la RDC. Mais on retrouve les mêmes maux presque dans tous les pays africains lorsqu'il s'agit de se cramponner au pouvoir par nos dirigeants « élus démocratiquement ». Voici presque un an et demi qu'il y a eu des « élections » dans cette partie de l'Afrique. Comme presque partout en Afrique Noire, ces élections se sont soldées par une tricherie et une honte nationale pour tout un peuple. Nous assistons depuis ce simulacre d'élections de mauvais goût, à une confiscation totale de l'expression, de la volonté de mieux-vivre et du mieux-être de tout un peuple. Ces élections ont été organisées avec la complicité de ceux qui dirigent le monde au travers de leur outil de domination en RDC, l'ONU. La Communauté dite « Internationale » a reconnu et validé cette escroquerie contre tout un peuple. Cette même Communauté s'est faite complice de la descente aux enfers de tout un pays. En effet qui ignore les drames qui se déroulent dans notre pays ? Le scénario qui se déroule en RD Congo doit interpeller tout Africain et tout Africaine au sud du Sahara...Depuis ces « élections » grassement truquées, il a été mis en place tout un processus d'anéantissement de tout un pays. Premier scénario: isoler, maintenir en résidence surveillée Mr Etienne Tshisekedi. Deuxièmement: falsifier et modifier la constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels, afin de permettre à « Joseph Kabila » de se présenter indéfiniment. On voit, par ce qui se passe actuellement en RD Congo, la mise en oeuvre de cette énième opération de tricherie et violation du droit souverain du peuple congolais. Troisième scénario: vu son âge, à la disparition d'Etienne Tshisekedi, s'emparer définitivement de ce qui reste encore d'espoir au peuple congolais. Les indices de la météo politique de la RD Congo montrent très bien que ces scénarios sont en œuvre . Et dans l'entre-temps, il y a encore un homme providentiel à la tête du pays !!! Pendant ce temps aussi, nous attendons que Etienne Tshisekedi nous désigne un leader à sa succession pour nous conduire !!! Mais ceux qui sont au pouvoir savent que Tshisekedi n'en a plus pour longtemps...
Hier pour des raisons d'instruction, d'ouverture sur le monde et de culture générale il était naturellement indiqué qu'un leader se désigne parmi le nombre restreint de ceux qui avaient fréquenté l'école du Blanc. Aujourd'hui cette donne est dépassée et elle doit être replacée et réévaluée dans un nouveau contexte. Nous ne pensons pas qu'il soit utile de désigner ou de plébisciter un leader au peuple congolais dans le combat de son destin...Il nous semble plus efficace que chaque Congolais et chaque Congolaise s'engage dans une prise de conscience patriotique non négociable sur les enjeux concernant son pays. Une hygiène et une discipline personnelle dans sa vie est d'abord indispensable. Ainsi de l'élévation de la conscience nationale et patriotique de tous et des toutes sera issue une nouvelle génération. Cette génération conduira le Congo pour les enjeux du 21ème siècle. La qualité, la force, la lucidité et l'esprit de sacrifice d'un leader ne sont pas héréditaires. Et un leader ne se créé pas dans une passation de pouvoir du chef suprême à un dauphin. La configuration actuelle de notre pays ne permet pas ce genre de transition. Un des nôtres nous montre la voie. Il s'agit du Docteur Denis Mukwege. Il est venu en Occident après une tentative d'assassinat sur sa personne...Et il ne fut reçu dans aucun pays ténor de l'Occident, tous complices dans la tragédie que vit notre pays au nom de leurs intérêts économiques et stratégiques...Soyons aussi comme lui...
Claude Kangudie.