Blaise Campaoré recule-t-il avant de s'effondrer ?
Après une journée agitée, marquée par des manifestations populaires qui ont entraîné l’incendie du Parlement Burkinabé, le président Blaise Campaoré vient de retirer le projet de loi portant sur la modification de la constitution.
Ce soulèvement est un avertissement pour tous les "potentats" africains, particulièrement pour Joseph Kabila qui ne rêvait qu’à violer à son tour la constitution pour briguer un énième mandat et pérenniser son pouvoir.
C'est le peuple qui a toujours le dernier mot !
Dépêche de l'AFP
Après une journée d'émeutes contre le régime de Blaise Compaoré, au pouvoir depuis près de 30 ans, des tractations se sont engagées jeudi au Burkina Faso entre militaires pour trouver une issue à cette crise d'une ampleur exceptionnelle en Afrique subsaharienne.
Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: en pleine tourmente, le gouvernement a dû "annuler le vote" du projet de révision constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres, prévu dans la matinée, et a appelé "au calme et à la retenue".
Partenaires du Burkina Faso, qui joue un rôle-clé dans l'instable zone sahélienne, Paris et Washington sont montés au créneau. La France, ex-puissance coloniale, a plaidé pour un "retour au calme" et les Etats-Unis ont exprimé leur "vive inquiétude". L'ONU a décidé d'envoyer sur place un émissaire.
Pour le régime en place depuis le putsch de 1987, c'est la crise la plus grave depuis la vague de mutineries de 2011, qui avait fait trembler le pouvoir.
Dans l'après-midi, les grandes manoeuvres ont commencé. Le général en retraite Kouamé Lougué, à qui des dizaines de milliers de manifestants ont demandé de prendre le pouvoir, rencontrait le chef d'état-major Nabéré Honoré Traoré, ainsi que les plus hauts gradés du pays.
Très apprécié des troupes et de la population, Kouamé Lougué, ancien chef d'état-major et ministre de la Défense jusqu'à son limogeage en 2003, s'est imposé au coeur du jeu.
Il a ainsi rencontré le Mogho Naba, le "roi" des Mossi, une autorité coutumière très respectée dans le pays. Le chef de l'Etat appartient à cette ethnie, la plus importante du Burkina.
"L'armée est soudée avec le peuple", a affirmé Bénéwendé Sankara, l'un des ténors de l'opposition, demandant "la démission pure et simple du président Blaise Compaoré".
L'ONU et l'Afrique joignent leurs forces pour la recherche d'une solution. L'émissaire de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, sera dans le pays vendredi, au sein d'une mission de paix conjointe à l'Union africaine et à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).
- télévision publique attaquée -
Ces tractations se sont ouvertes après que la capitale Ouagadougou a sombré dans le chaos dans la matinée, sous l'oeil de forces de l'ordre plutôt passives.
Les violences ont fait au moins un mort, un homme tué à quelques centaines de mètres du domicile de François Compaoré, frère cadet du chef de l'Etat et personnalité influente du régime.
Les manifestants ont saccagé et incendié une partie du bâtiment de l'Assemblée nationale. D'épaisses et spectaculaires fumées noires sortaient par les fenêtres brisées.
Selon un député de l'opposition, ses collègues de la majorité - qui auraient passés la nuit dans un hôtel voisin - avaient été exfiltrés avant les violences.
Aux abords du palais présidentiel, plus au sud dans la ville, la tension restait palpable. Plusieurs centaines de manifestants faisaient face aux soldats de la garde présidentielle, qu'ils tenaient à distance. Certains soldats ont effectué des tirs de sommation au-dessus des protestataires.
Autre symbole du pouvoir attaqué: la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). Plusieurs centaines de personnes sont entrées dans ses locaux, où elles ont pillé le matériel, avant de quitter les lieux. Les transmissions ont été coupées.
Des troubles ont également été signalés à Bobo Dioulasso, deuxième ville du pays (sud-ouest). La mairie et le siège du parti présidentiel y ont été incendiés, selon des témoins.
Le Burkina a basculé dans la crise avec l'annonce, le 21 octobre, d'un projet de révision constitutionnelle portant de deux à trois le nombre maximum de quinquennats présidentiels.
Arrivé aux affaires il y a 27 ans, le président Compaoré devait achever l'an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015).
- Un 'printemps' burkinabè? -
Lui qui a déjà modifié deux fois l'article 37 de la Loi fondamentale, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, défend la stricte légalité de sa démarche pour cette troisième retouche.
Mais l'opposition craint que ce nouveau changement conduise le chef de l'Etat, déjà élu quatre fois avec des scores soviétiques, à accomplir non pas un mais trois mandats supplémentaires, lui garantissant 15 années de plus au pouvoir.
Les opposants se prenaient ces derniers jours à rêver d'un renversement du régime, longtemps considéré comme l'un des plus stables de la région.
Un "printemps noir au Burkina Faso, à l'image du printemps arabe", lançait mercredi l'opposant Emile Pargui Paré.
Mardi, des centaines de milliers de personnes - un million, selon l'opposition - étaient descendues dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel".
Quelque 60% des 17 millions d'habitants ont moins de 25 ans et n'ont jamais connu d'autre dirigeant que M. Compaoré.
Le projet de révision et les tensions qu'il suscite inquiètent les partenaires du "pays des hommes intègres" (Burkina Faso, en langues locales) qui joue un rôle incontournable dans la zone sahélienne, en proie aux menées de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda.
Sur le continent africain, les développements de la crise burkinabè sont suivis de près.
Au moins quatre chefs d'Etat préparent ou envisagent des révisions constitutionnelles similaires pour se maintenir au pouvoir, au Congo Brazzaville, au Burundi, en République démocratique du Congo et au Bénin. Le procédé, classique, a déjà été utilisé dans huit pays africains ces dernières années.
AFP
Vous pouvez suivre l'évolution de la situation au Burkina Faso sur Africatime (Burkina Faso) dont le lien se trouve à la une de notre site mbokamosika.
Jeudi 30 octobre 2014 - 14:59 (Paris) | ![]() |
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Burkina Faso: des émetteurs radio, dont celui de RFI, ont été coupés à Ouagadougou | ||||
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Le président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, confronté à une contestation populaire d'une ampleur sans précédent, a annoncé vendredi qu'il quittait le pouvoir après 27 ans de règne.
"Dans le souci de préserver les acquis démocratiques, ainsi que la paix sociale (...), je déclare la vacance du pouvoir en vue de permettre la mise en place d'une transition", a déclaré M. Compaoré dans un communiqué lu à la mi-journée par une journaliste à la télévision privée BF1.
Cette transition devra "aboutir à des élections libres et transparentes dans un délai maximal de 90 jours", a ajouté M. Compaoré, dont on ignore où il se trouve actuellement.
Au lendemain de violentes émeutes contre le régime et de l'annonce par les militaires qu'ils prenaient le contrôle du pays, des dizaines de milliers de manifestants sont à nouveau descendus vendredi matin dans la rue à Ouagadougou.
Massés sur la place de la Nation, devant l'état-major des armées, ils criaient notamment "Blaise dégage!" et "Kouamé Lougué président". Kouamé Lougué, général en retraite, ancien ministre de la Défense limogé en 2003, bénéficie d'un fort capital de sympathie parmi les contestataires.
"Nous sommes en pourparlers avec l'armée pour qu'elle nous garantisse le départ de Compaoré", avait déclaré dans la foule Smokey, un cadre du +Balai citoyen+, un mouvement hostile au maintien au pouvoir de Blaise Compaoré.
Pour l'opposition, "toute transition politique à venir doit être conçue, organisée (...) autour des forces de la société civile, et intégrer toutes les composantes de la nation (...), y compris l'armée", selon une déclaration lors d'un point de presse dans la matinée.
"A partir de ce jour, Blaise Compaoré n'est plus au pouvoir", a lancé sous les applaudissements de la foule réunie place de la Nation, peu avant 12H30 locales et GMT, le colonel Boureima Farta, hissé sur les épaules de militaires.
L'opposition avait appelé dans la matinée "à maintenir la pression en occupant l'espace public", selon un de ses principaux responsables, Zéphirin Diabré.
"Le préalable à toute discussion relative à toute transition politique est le départ pur et simple et sans condition de M. Blaise Compaoré", avait-il insisté lors d'un point de presse dans la matinée.
- printemps burkinabè -
C'est l'annonce d'un projet de révision constitutionnelle, qui aurait permis à Blaise Compaoré - arrivée au pouvoir lors d'un putsch en 1987, élu pour deux septennats puis deux quinquennats - de se représenter à la présidentielle en 2015, qui a jeté des centaines de milliers de Burkinabè refusant un "président à vie" dans la rue.
Assemblée nationale incendiée, télévision publique prise d'assaut, violences en province, appels à la démission du président: le Burkina s'est enflammé jeudi. Cette crise a provoqué l'intervention des militaires, puis du président Compaoré dans la nuit, créant la confusion.
Le chef d'état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, dans un communiqué lu par un officier, a annoncé la création d'un "organe de transition", chargé des pouvoirs exécutifs et législatifs, dont l'objectif est un retour à l'ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois".
Le président Blaise Compaoré, arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en 1987, s'était ensuite exprimé sur une télévision privée dans la nuit, assurant avoir "compris" le message de la population mais excluant toute démission.
Il évoquait simplement sa disponibilité pour "ouvrir des pourparlers" pour "une période de transition" à l'issue de laquelle il "(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu".
Le bilan des troubles reste pour le moment incertain. Deux opposants ont fait état d'une trentaine de morts et plus de 100 blessés. L'AFP n'a pu confirmer que quatre morts et six blessés graves dans la capitale.
Les opposants se prenaient ces derniers jours à rêver d'un renversement du régime, longtemps considéré comme l'un des plus stables de la région.
Un "printemps noir au Burkina Faso, à l'image du printemps arabe", lançait mercredi l'opposant Emile Pargui Paré, au lendemain de manifestations monstres qui avaient vu des centaines de milliers de personnes - un million, selon l'opposition - descendre dans la rue à Ouagadougou pour dénoncer un "coup d'Etat constitutionnel".
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AF