L'orchestre Los Batchichas
L'orchestre Los Batchichas
Ou la meilleure coopérfation des musiciens Kinois et Brazzavillois des années 60
L’orchestre Los Batchitchas a constitué à lui seul le bouillonnement culturel où ont été plongés les musiciens kinois et brazzavillois, avec comme motivation, mettre à l’honneur une nouvelle musique avec des airs venus du monde entier, mais toujours fort rythmés. Los Batchitchas sera projeté au rang des meilleurs groupes de cette époque à Brazzaville.
Comment est né l’orchestre ?
L’initiative vient de Gabriel Touneleck, homme d’affaires et mélomane camerounais, qui disposant d’une série d’instruments de musique, a souhaité créer un orchestre solide comportant les meilleurs musiciens des deux rives du fleuve Congo. Il confie la mission à un connaisseur : Miguel Benjamin, qui prend le bâton de pèlerin et se rend à Kinshasa. Il recrute Sam Mangwana, Dicky Baroza, Vickys Sponta, Syllis, Maître Michael Gérard, Kazembe et Théo Bitsikou (le deux derniers évoluaient ensemble dans une boîte de nuit)
Ces musiciens rejoignent à Brazzaville, leurs collègues Lambion à la guitare rythmique, Michel Akouala, au saxo, Bogos aux tumbas. L’équipe réunie commence les répétitions dans le bar Palmier, situé dans le marché de Moungali, où tout se passe très vite et bien.
Le 1er Juin 1964, Los Batchitchas effectue sa sortie solennelle au bar dancing Super Jazz, sous les hospices de Papa Clo (grossiste en boisson) et la Brasserie Primus. Une étoile est née, et constitue pour les Bantous un sérieux concurrent. Car une véritable émulation voit le jour entre les orchestres Cercul Jazz, Negro-Band, Bantous… Aussi les dancings comme Le Pigalle, Chez Faignond, Super Jazz, Cabane bantoue, Choisi, bénéficieront des prestations de qualité.
Los Batchitchas et ses différentes crises
En 1965, l’orchestre va connaître sa première crise avec des départs en cascade, mais qui seront vite comblés par des nouveaux venus comme Champroux King, Francis Bitshoumanou, Georges Django Soukoula, Weteto Micorason, François Nionga « Petit Noël ». Avec son style bien à lui, et puisant fortement son inspiration dans différentes écoles de la musique congolaise, Los Batchitchas, se met à élaborer une musique « nouvelle » qui rénove en profondeur les bases de la rumba.
1966, pendant que l’orchestre amorce son ascension, intervient une nouvelle crise qui terrasse fortement le groupe. Son ossature kinoise disparait. Il va falloir refaire l’orchestre de fond en comble avec des musiciens brazzavillois. La nouvelle formation renferme des noms comme Francky, Rossi, Maurice Bongolo, Lucas Diego José, Atos et Johnny et autres. Los Batchitchas apparait comme une nouvelle formation qui va rapidement capter l’attention des mélomanes, puis recueillir l’adhésion du public. L’origine de cette évolution est la grande tournée dans le sud du pays. Notamment, Pointe-Noire au bal de l’Armée Nationale Congolaise, Mossendjo, Makabana, Nkayi, Sibiti, et enfin Loubomo où l’orchestre obtient un contrat de production au Grand Hôtel.
Il se produit tous les week-ends. C’est là que les danseurs des classes sociales aisées de Loubomo viennent exhiber les multiples facettes de leur talent. Los Batchitcha’s est au sommet de sa gloire. Il enregistre son premier et unique album aux éditions « Lulonga » (propriété du trio, Luambo-Longomba-Ganga)
1968, après deux années de plein succès, le climat de se détériore entre les musiciens et Gabriel Touneleck, le pourvoyeur des instruments de musique. Particulièrement sur la gestion financière, on ne peu plus opaque. L’issu est grave, Gabriel Touneleck retire ses instruments de musique. La dislocation de Los Batchitchas est inévitable. C’est là la conséquence des problèmes de manque d’instruments, qui un peu partout surgirent dans plusieurs groupes à cette époque.
Los Batchitchas, doit être considéré comme un des grands orchestres qui ont marqué l’histoire de notre musique dans les années 60, grâce à la persévérance de ses membres, mais aussi à leur obstination à vouloir maintenir coûte que coûte un groupe de haut niveau.
Clément Ossinondé