Une soirée chez Un-Deux-Trois
Une soirée chez Un-Deux-Trois
Nous sommes déjà rentrés de Lagos. A Kinshasa, nous avons aussitôt repris nos bonnes vieilles habitudes, recommencés nos sorties nocturnes, nos soirées dansantes et comme chaque week-end, nous prenons le pouls de la capitale sans état d’âme. Rappelons qu’au Nigeria, nous avions visité une république fictive : la république de Kalakutu dont le président n’est autre que son excellence Fela Ramsone (Anikulapo) Kuti. Il est aussi saxophoniste-compositeur de son Etat.
C’est grâce à cet Etat factice que Kinshasa a aussi eu son « village Molokay » avec Papa wemba pour Chef coutumier. Mbuta Mashakado de retour du Nigeria en a parlé au Nkuru. Lui qui pourtant quelques années auparavant et « nakanayi kaka » étaient parmi ceux qui avaient chassé Papa Wemba de Yoka Lokole. Ils se sont depuis réconciliés. C’est l’essentiel. Mais passons. Nous avons rendez-vous avec le TP Ok Jazz ce soir.
Après avoir fait danser le monde noir au Festac, le groupe est rentré au bercail. Il fera chaud au dancing Un-Deux-Trois si cher à l’Oncle Yorhgo. L’équipe est au grand complet, le public aussi. Ici se côtoient simples citoyens et grosses légumes du parti venues faire la « guendaille » comme le disent les étudiants dans leur jargon. Oh ! que la vie est belle ! Certains caciques du parti-Etat sont dans l’assistance accompagnés de leurs gardes du corps. Chut ! Motus et bouche cousu. II ne faut surtout pas parler politique. Surtout il ne faut juger le grand Léopard pour éviter des ennuis de tout genre.
D’ailleurs, nous sommes ici rien que pour nous amuser et profiter encore de ce que la jeunesse nous offre de meilleur. Les belles créatures embellissent le décor et donnent à l’ambiance un certain parfum exotique tant leur présence avenante en ce lieu marque
cette soirée de leur sceau. Elles nous servent de cavalières. La musique, la boisson, les danses, les cris de joie lancés ci et là montrent que nous sommes bien dans cette ville grouillante qui n’est autre que poto moyindo. Dans Un-Deux-Trois on entre OK mais on y sort KO.
Nous y serons jusqu’aux petites heures du matin. Nous allons profiter de ce samedi pour bien jouir de cette fin de semaine et pour faire la fête. Notre Lokanga la Djo Pene national nous a honorés par sa présence et par sa dextérité à la guitare qu’il manie à sa guise et à sa manière. Il pince sur les cordes comme nul autre. Il ne gratte non seulement sur les fils mais aussi il accompagne ses chanteurs de sa belle voix cocasse qui résonne entre les quatre murs de son dancing. Quelle animation !
Cette véritable force de la nature marque aussi les pas par ces manières et ses blagues qui amusent l’assistance et qui donnent plus de gaieté à cette soirée animée à souhait. « Ah ! si la vie était à refaire … » lance quelqu’un; « Ya Manuele wiza kumbaka » (Grand-frère Emmanuel, entendez Jésus, viens me chercher) dit un autre. Dans cette folie qui embrasse tout le monde, l’excitation est à son comble. Ici, il est interdit de rêver. On oublie ses soucis. On a plus des soucis. On ne pense à rien. On ne voit pas passer le temps.
Il semble que la nuit ne se terminera pas. Elle se prolongera jusqu’aux petites heures du lendemain. Luambo et ses poulains ont tenu parole. Ils nous ont emportés dans un autre univers, féerique celui-là où tout est joie, rire, jouvence et lumière. Notre rendez-vous avec le sorcier de la guitare a été salué par les mille couleurs de la vie qui tels des diamants étincelaient de part en part dans ce magnifique paradis qui pour une soirée inoubliable a ressemblé à l’Eden.
Samuel Malonga
Faria, par Josky
Zenaba
Seli-Ja, par Josky
Faute ya commerçant, par Simaro