Tout sur la rupture d’anévrisme ou « Kibota », « Kansonda », ….
Tout sur la rupture d’anévrisme ou « Kibota », « Kansonda », « Kabongie »….
L’article consacré à la mémoire de l’artiste Ngoma Nzita (Billy Brell), décédé le 28 décembre 1978 à Liège suite à une rupture d’anévrisme a donné lieu à d’énormes spéculations sur le blog. Pour édifier les mbokatiers sur l’origine de cette redoutable maladie assimilée depuis longtemps à la sorcellerie en RDC , nous avons mis la main sur un dossier réalisé par Mathilde Regnault le 30 /12/2010. A travers ce dossier, nous saurons la définition de la maladie ; l’origine ; les facteurs de risque ; des symptômes ; ainsi des traitements proposés.
Chacun de nous se fera une idée après la lecture de ce dossier.
Mbokamosika
Rupture d'anévrisme : prévenir et soigner |
|
0
© fred goldstein - Fotolia.com
L'expression en elle-même fait frémir. Et pour cause : la rupture d'anévrisme est fatale dans un tiers de cas. Dans ce dossier, tout ce qu'il faut savoir sur l'anévrisme, la rupture, la prévention et les techniques de soins.
L'anévrisme, qu'est-ce que c'est ? |
|
|
||
|
2% à 3% de le population serait porteuse d'un anévrisme sans le savoir. © Hemera/Thinkstock |
|
L'anévrisme cérébral est une petite poche qui se forme sur une artère du cerveau. "C'est un peu comme une hernie sur une chambre à air", explique le Professeur Emmanuel Houdart, neuroradiologue à l'hôpital Lariboisière à Paris.
Cet anévrisme se développe avec le temps. La poche, au départ minuscule, grandit. En s'étirant, l'artère devient fatalement plus fine à l'endroit de l'anévrisme et, par conséquent, plus fragile.
C'est pourquoi il arrive que cette petite poche, pleine de sang, se fissure. C'est rarement le cas si elle mesure moins de 7 mm, plus fréquent au-dessus de 10
mm.
Diabète et hypertension
"L'origine de l'anévrisme est mal
connue, souligne le Professeur Jacques Moret, chef du service de neuroradiologie à la Fondation Rothschild. Tout ce que l'on sait, c'est qu'ils découlent parfois d'une anomalie
congénitale qui se développe en anévrisme au fil du temps. Dans d'autres cas, ils sont acquis : une pathologie telle que l'hypertension ou le diabète a provoqué une fragilisation de la paroi des
artères, favorisant ainsi l'apparition d'un anévrisme. Chez les enfants (pour lesquels la rupture d'anévrisme est extrêmement rare) et les jeunes adultes, on estime qu'il s'agit le plus souvent
d'une anomalie congénitale. Sans que l'on puisse toutefois l'affirmer, rien ne permettant de faire la différence entre les deux."
D'après les statistiques "2% à 3% de la population serait porteuse d'un anévrisme, sans pour autant le savoir", explique le
Pr Moret. Mais la prévalence de cette pathologie augmente avec l'âge et il est impossible de donner un chiffre précis : la plupart des patients ne s'aperçoivent de leur maladie qu'au moment de la
rupture, qui n'intervient que dans un petit nombre de cas. D'autres peuvent être diagnostiqués à la faveur d'une IRM ou d'un scanner, mais si l'on n'a pas subi ce genre d'examen, on peut être
porteur d'un anévrisme et l'ignorer toute sa vie. "En effet, dans l'immense majorité des cas, l'anévrisme non rompu est asymptomatique", ajoute le Pr Houdart. Quant à la rupture, elle concerne
"chaque année, environ 5 000 personnes par an en France", rapporte Jacques Moret.
Tabac et hypertension comme facteurs de risque ?
|
|
|
||
|
En fragilisant les parois des artères, le tabac augmente le risque de rupture d'anévrisme. © Hemera/Thinkstock |
|
Et si on pouvait éviter l'anévrisme ? L'idée est tentante mais, malheureusement, on ne connaît pas encore les causes de son apparition chez certains patients. "Il s'agit dans l'immense majorité des cas d'une malformation congénitale, explique le Pr Houdart. Ce n'est pas "génétique" mais la malformation est souvent présente dès la naissance, sans qu'on sache expliquer pourquoi." Dans d'autres cas beaucoup plus rares, il peut apparaître après un traumatisme mais, là encore, impossible de décrire précisément comment et pourquoi.
En revanche, on a identifié deux facteurs favorisant le développement des anévrismes :
Le tabac joue un rôle à peu près certain, même si on ne sait pas encore décrire précisément ses effets. "Les produits contenus dans le tabac et inhalés provoquent une oxydation des parois des artères. Cette oxydation provoque une inflammation et donc une fragilisation des parois. D'où un terrain plus favorable au développement de la déformation." Il semblerait que le fait de fumer puisse également favoriser la rupture de cet anévrisme, mais c'est très compliqué à déterminer. "Ce qui est sûr, c'est que les médecins disent à leurs patients rescapés qu'ils doivent impérativement arrêter de fumer." Le tabac favorise notamment grandement l'apparition d'athérome (dépôts lipidiques qui forment des plaques blanchâtres sur les parois internes des artères), qui pourrait aussi avoir un rôle néfaste en matière d'anévrismes.
"Les contraceptifs oraux pourraient jouer un rôle" |
L'hypertension semble également augmenter le risque de rupture. "La paroi de l'anévrisme est fine. Plus les à-coups provoqués par le passage du sang sont forts, plus ils sont susceptibles de provoquer une fissure", détaille Emmanuel Houdart. C'est pourquoi les ruptures interviennent parfois alors que le patient effectuait une activité qui exigeait l'augmentation de la pression artérielle : exercice physique intense, orgasme, etc.
Attention, le neuroradiologue insiste sur le fait que "ces deux facteurs n'augmentent que faiblement la probabilité d'une rupture d'anévrisme. Un non-fumeur non-hypertendu ne doit pas avoir l'impression que ce souci ne le concerne pas".
Les spécialistes évoquent d'autres éventuels facteurs de risques, sans que rien n'ait encore pu être prouvé. Ainsi, les contraceptifs oraux ou la consommation excessive d'alcool pourraient influencer le développement des anévrismes.
Une rupture toujours brutale
|
|
"Il faut éviter une réouverture de la fissure" |
Si l'anévrisme en lui-même est rarement grave, sa rupture, en revanche, peut avoir des conséquences dramatiques. Un tiers des
patients décède, un tiers s'en sort avec des séquelles diverses et un tiers s'en remet totalement. Le pronostic dépend pour beaucoup de la rapidité du diagnostic et du traitement
après les premiers symptômes.
"Il s'agit toujours d'un événement caractéristique, soudain et grave, souligne Emmanuel Houdart. La paroi se
fissure brusquement, entraînant une petite hémorragie, très brève, qui ne dure pas plus d'une seconde." C'est lors de cette hémorragie que les symptômes se déclenchent brusquement.
Agir très rapidement
Le sang perdu sort de l'artère pour se répandre dans les espaces liquidiens qui entourent le cerveau. La quantité de sang déversée est très faible (au-delà de 30 ml, c'est la mort immédiate), mais la boîte crânienne étant inextensible, cela provoque instantanément une vive réaction : le cerveau se met à gonfler. Très dangereux, ce gonflement est toutefois également salvateur puisqu'il a pour effet de bloquer l'écoulement du sang.
"Le cerveau se met à gonfler" |
Parallèlement, un petit bouchon se forme qui permet de colmater très vite l'artère endommagée. "Mais cette fermeture est précaire. Il suffit que la personne soit un peu hypertendue pour que le bouchon saute. Même chose si le cerveau dégonfle progressivement : la fissure peut se rouvrir et provoquer un second saignement qui sera forcément plus grave. Un troisième saignement serait fatal. C'est pourquoi il faut agir très rapidement."
Des symptômes très parlants
|
|
|
||
|
Un mal de tête soudain et d'une violence inouïe... © fred goldstein - Fotolia.com |
|
Le premier symptôme, commun à l'immense majorité des patients, est un mal de tête d'une violence inouïe, qui apparaît de façon instantanée. "Rien à voir avec une migraine, précise Emmanuel Houdart. Tous les patients décrivent ce mal de tête d'une intensité extrême comme une sorte d'explosion dans le crâne. D'autre part, cette irruption est si soudaine qu'ils sont capables de dire précisément ce qu'ils faisaient au moment où c'est arrivé. L'autre jour, un patient m'a dit qu'il était en train de tourner la clé dans la serrure de sa porte lorsqu'il a ressenti les premiers symptômes.
Cette douleur est souvent accompagnée denausées et de
vomissements.
Le patient devient sensible à la lumière et au bruit, qui décuplent ses
symptômes.
Il n'est pas rare que la personne frappée par la rupture d'anévrisme perde
connaissance pendant quelques instants. Dans les cas les plus graves, elle peut même sombrer dans le coma voire mourir subitement.
D'autres troubles, plus rares, peuvent être associés à la rupture d'anévrisme : certaines
personnes sont partiellement paralysées (au niveau des globes oculaires notamment), d'autres subissentune crise d'épilepsie...
"Il existe également certaines manifestations psychologiques
surprenantes, précise le Pr Houdart. C'est très rare, mais le malade peut n'avoir d'autres symptômes qu'un comportement extrêmement bizarre et soudain. J'ai ainsi un patient, homme
d'affaires, qui s'est soudainement déshabillé dans l'Eurostar. On l'a retrouvé perdu à la gare du Nord. Dans ces cas-là, on ne pense pas immédiatement à la rupture d'anévrisme !"
Une caractéristique commune qui doit dans tous les cas alerter les proches : l'apparition des symptômes, quels qu'ils soient,
est toujours extrêmement brutale.
Le traitement endovasculaire se généralise
|
|
Face à la rupture d'anévrisme, le pronostic dépend énormément de la rapidité d'intervention. "C'est pourquoi il ne faut surtout pas hésiter à consulter aussitôt. D'ailleurs, devant la violence des symptômes, effrayante, beaucoup de proches contactent le Samu. C'est une bonne option.
"IRM ou scanner pour confirmer le diagnostic" |
Peu importe celle que l'on choisit, l'essentiel est d'aller au plus rapide", explique Emmanuel Houdart. N'ayez pas peur de
bien insister sur la violence et l'intensité des symptômes, sans quoi certains médecins penseront d'abord à une pathologie moins grave et prescriront des antalgiques, faisant perdre quelques
heures à quelques jours très précieux avant le traitement.
Pour confirmer le diagnostic, le spécialiste demandera une IRM ou un scanner, la plupart du temps
suffisants. Une ponction lombaire peut permettre de lever un doute éventuel. "Après quoi, notre travail consiste à éviter que l'anévrisme ne ressaigne. Dans le même temps, on va traiter les
conséquences de l'hémorragie sur le cerveau", expose Emmanuel Houdart.
"Emboliser ou clipser l'anévrisme rapidement" |
Aujourd'hui, la technique employée dans 70 % des cas est celle de l'embolisation, beaucoup moins lourde
qu'une chirurgie classique. "Il s'agit de passer par l'intérieur des artères et non l'extérieur, pour boucher l'anévrisme avec des petites spirales de platine. Ces petits fils sont introduits par
un petit cathéter que l'on fait glisser dans les artères. Il est introduit au niveau de l'artère fémorale (dans la cuisse)." L'opération est réalisée par un neuroradiologue. Elle ne laisse aucune
cicatrice et l'on s'en remet beaucoup plus facilement que d'une chirurgie. Après l'embolisation, le patient sera suivi régulièrement les premières années, pour vérifier que les fils de platine ne
se "tassent" pas. Cela arrive très rarement, mais si c'est le cas, il faut réitérer pour écarter tout risque de nouveau saignement.
Dans environ 30 % des cas, l'embolisation n'est pas possible ou pas souhaitable pour diverses raisons et les médecin ont
alors recours à la chirurgie classique. La technique consiste alors à clipper l'anévrisme : il est ainsi séparé du reste de la circulation et donc asséché en sang. La
chirurgie oblige à ouvrir la boîte crânienne, ce qui comporte toujours des risques et crée un traumatisme supplémentaire pour le cerveau.
Traiter aussi les conséquences
Lors de la rupture de l'anévrisme, du sang a coulé dans le cerveau. Parallèlement à l'embolisation, il faut donc traiter les
effets délétères de ce saignement.
"Généralement, on prescrit des anti-œdémateux cérébraux, pour réduire le
gonflement du cerveau", énumère Emmanuel Houdart. Ainsi, on peut éviter la survenue éventuelle d'un rétrécissement transitoire des artères cérébrales.
Il est parfois nécessaire d'effectuer un drainage du liquide
céphalo-rachidien. Souvent, l'hémorragie a provoqué une sorte de caillot qui empêche le liquide de s'écouler. Comme il est produit en permanence, il peut y avoir accumulation de ce
liquide autour du cerveau, qui se trouve ainsi comprimé. "Si aucune intervention n'est pratiquée et que le cerveau se retrouve vraiment comprimé, la mort intervient en quelques minutes", précise
le Pr Houdart.