Mémorandum à l’Attention de Monsieur Didier Reynders
Document envoyé par Paly Wondo
Mémorandum
à l’Attention de Monsieur Didier Reynders
Ministre Belge des Affaires Etrangères
15, Rue des Petits Carmes -1000 Bruxelles
Son Excellence Monsieur le Ministre,
Permettez-nous tout d’abord, au nom de toute la Communauté Congolaise de Belgique de vous présenter nos
sincères félicitations à l’occasion de votre nomination au poste de Ministre des affaires Etrangères.
Nous vous adressons la présente, dont copie aux différents officiels et organismes belges et
internationaux, en notre qualité de membres de la diaspora congolaise.
Le peuple congolais s’est rendu aux urnes les 28 et 29 novembre derniers pour désigner son futur
président de la république et ses 500 députés nationaux malgré un pilotage aussi bien erratique que chaotique du processus électoral débouchant sur une escalade de réactions violentes. Les
résultats tels que publiés par la CENI et confirmés par la Cour Suprême de Justice sont contestés par les principales forces de l’opposition. Si rien n’est fait ceci conduira inéluctablement à
l’embrasement du Congo. Ce ne sera qu’une question de temps.
Au nom de la communauté congolaise de Belgique, de l’Observatoire des élections en RDC, nous venons vous
exprimer notre profonde inquiétude quant à la manière dont vous semblez aborder « La Question Congolaise » à la suite de la crise née des élections sus-évoquées.
Ayant suivi avec une extrême attention vos déclarations tant à la presse qu’au sein du parlement lors des
débats parlementaires, permettez-nous, Son Excellence Monsieur Le Ministre, de vous faire partager notre réprobation de votre approche tendancieuse, suspicieuse et biaisée de la crise électorale
congolaise. Faisant allusion au rapport du Centre Carter, vous affirmiez avec auto-satisfaction que « Le rapport du Centre carter ne met pas en cause l’ordre des résultats » sans nécessairement
rapporter cet extrait dans l’ensemble de son contexte. Un raisonnement tiré du sophisme à des fins évidentes.
Son Excellence Le Ministre, permettez-nous de rappeler, à votre auguste attention, que le Peuple
Congolais n’est plus dupe et est suffisamment mature pour ne pas accepter les thèses et positions saugrenues que votre parti le MR et son allié le PS veulent le contraindre à
admettre.
S’exprimant sur les élections congolaises, la mission d'observation Carter, chargée de surveiller le
processus électoral dans le pays, a entre autres déclaré :
« Les problèmes observés durant la phase de compilation et les chiffres annoncés sont aggravés par
les difficultés d'accès des observateurs aux centres de compilation à travers le pays et à l'absence d'accès officiel au centre national des résultats à Kinshasa. Le Centre Carter est donc dans
l'incapacité de fournir une vérification indépendante de l'exactitude de l'ensemble des résultats ou du degré dans lequel ils reflètent la volonté du peuple Congolais.
»
« Cette déclaration ne remet pas, expressis verbis, en cause l`ordre des résultats des
candidats tel qu`annoncé par la CENI MAIS précise que le processus de compilation est non crédible, cependant une analyse plus détaillée des
résultats préliminaires pourraitfaire apparaitre d'autres tendances et
variations qui suggèrent un dépouillement et une compilation qui manquait d'application uniforme de procédures pour tous les électeurs congolais. Une analyse supplémentaire sera
fournie dans les prochains rapports du Center Carter ».
En sus, le
Centre Carter, a estimé que les résultats donnant la victoire à Joseph Kabila n'offraient pas la crédibilité requise.
Par ailleurs, le Département d’Etat américain déclarait récemment: « “it is still not clear whether the irregularities were sufficient to change the outcome of the
election”
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous voudrions bien soumettre les
paragraphes ci-dessus de ce rapport AINSI que la prise de position du Département d’Etat américain à une lecture et analyse rigoureuses de votre part et en appelons à votre honnêteté
intellectuelle quant à ce.
L’ «Observatoire des élections RD Congo 2011» vous renvoie à la récente déclaration de l’archevêque de Kinshasa, son éminence le Cardinal Laurent Monsengwo qui, au cours d’un point de
presse à Kinshasa, a demandé à la CENI de : « respecter les résultats des procès-verbaux affichés sur chaque
bureau de vote, de respecter la volonté du peuple exprimé lors des élections du 28 novembre 2011 et d’éviter de plonger le pays dans une crise aux conséquences désastreuses ».
Pire encore, nous laissons à votre appréciation l’extrait du rapport d’observation électorale ci-dessous
du principal regroupement d'ONG de la région d’Afrique australe, le CONG-SADC. Cette ONG a diffusé un communiqué daté de Gaboronne (Botswana), le 15 décembre 2011, critiquant les
irrégularités du processus électoral congolais en ces termes:
« accès inégal aux médias, circulation de bulletins de vote avant le jour des scrutins, bulletins incendiés, listes
électorales incomplètes - parfois les noms ont disparu le jour du vote bien qu'ils y aient figuré dans les jours précédents, notent les observateurs de l'Afrique Australe- «
Bourrages d’urnes, violation du secret du vote, incitation à voter pour Joseph Kabila dans les queues d'attente le jour du vote, refoulement des observateurs
lors du dépouillement, irrégularités lors de la transmission des résultats à la Ceni, usage disproportionné de la force lors de la répression des manifestations de protestation, fermetures
musclées d'organes de presse jugés pro-opposition ».
Et L'ONG CONG-SADC de conclure:
"De ces points, il ressort
que les récentes élections en RDC ne se sont déroulées ni selon les principes et lignes directrices de la SADC, ni selon la loi électorale, compromettant ainsi
leur crédibilité.
La tension politique qui en résulte, conclut le CONG-SADC, pourrait, en cas d'incidents violents,
entraîner "un désastre pour la SADC, l’Afrique Centrale et l’Afrique toute entière.
L’Observatoire vous invite par conséquent à user de toutes les voies possibles et de toute influence
diplomatique afin d’amener la CENI à accepter la recommandation faite par le rapport MOE UE recommandant d’apporter toute la clarté sur la transparence des opérations électorales en tenant compte
des PV originaux affichés directement après dépouillement des bureaux de vote. Différents rapports, notamment ceux de la Mission d’Observation des Elections de l’Union Européenne (MOE UE),
Fondation Carter, CONG-SADC et autres ont relevé de graves irrégularités et fraudes auxquelles nous invitons votre parti le MR, votre allié le PS et le gouvernement Belge à donner suite plutôt
que de vous empressez à rehausser de votre présence la cérémonie d’installation du parlement congolais. Vous rendrez ainsi service au peuple congolais qui vous en sera reconnaissant, et partant
vous rendrez hommage à la justice et la démocratie.
Nous sollicitons de votre haute bienveillance que le gouvernement belge, par le biais
de Son Ministère des Affaires Etrangères que vous êtes, du fait des liens plus qu’historiques qui unissent la Belgique à la RDC, de faire toute diligence possible, via des canaux diplomatiques et
autres afin de permettre un règlement raisonnable de cette crise électorale, en recomptant les voix en fonction des résultats provisoires affichés le jour du scrutin et en mettant à la
disposition de la CENI une expertise technique dont la mission devra également s’étendre à la vérifications des résultats des présidentielles. Et ce, afin d’établir la VERITE des URNES, aussi
bien pour les législatives que les présidentielles qui ne peuvent ainsi passer subtilement sous silence par votre gouvernement.
A la surprise générale du peuple congolais, une certaine presse partisane francophone belge et certains
partis politiques du Sud du pays tentent à tout prix via des subterfuges et autres moyens dictés par des collusions d’intérêts privés, de vouloir maintenir le statut quo politique en RDC en
fermant volontairement les yeux sur les violences policières et militaires commises contre les civils et sur les crimes économiques commis par le régime de Mr. Kabila.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous pensons qu’il est plus que temps de
porter un autre regard empreint de respect et de considération sur l’ensemble du Peuple congolais de l’intérieur ou de la diaspora plutôt que cette attitude de nonchalance et mépris assez souvent
affichée à son endroit.
Aussi le peuple congolais a-t-il été choqué de vous entendre dire qu’en cas de désaccord avec la CENI il
fallait s’en référer à la Cour Suprême de Justice qui allait traiter avec impartialité ce différend électoral, au moment où l’ensemble du monde médiatique international et la
majorité d’observateurs internationaux critiquent unanimement la gestion et l’exécution technique GRAVEMENT entachées d’irrégularités et de fraudes massives à charge de la
CENI.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Permettez-nous de partager avec vous notre
embarras face à une certaine attitude qui consiste à reconnaître d’une part qu’il y a eu fraude et d’autre part que l’ordre des résultats (issus de cette fraude) ne peut être mis en
cause. Une telle thèse ne peut, à notre sens, que procéder d’un raisonnement sophiste, spécieux et ne reposant sur aucun argumentaire objectif et plausible encore moins
convaincant.
Soutenir
pareille thèse reviendrait à se rendre soi-même si pas coupable, à tout le moins complice, de cette fraude massive ainsi que toutes les graves irrégularités qui ont été
relevées.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Vu sous l’angle du DROIT PENAL, la fraude
est un acte qui a été réalisé en utilisant des moyens déloyaux destinés à surprendre un consentement, à obtenir un avantage matériel ou moral indu ou réalisé avec l'intention d'échapper à
l'exécution des Lois. L’acte frauduleux est celui qui cherche à se procurer un avantage illégal par le biais d’une manipulation illicite de certaines données.
Une infraction est consommée quand il y a la conjonction de l’élément moral et l’élément matériel comme
éléments constitutifs du fait réprimandé. L’attitude de la CENI en soi est SUFFISANTE pour représenter l’élément moral s’ajoutant aux faits matériels constatés par tous, sauf peut-être par votre
« Gouvernement Papillon», comme constituant une infraction à la Loi Electorale congolaise de 2006 devant tout au-moins amener à l’invalidation de ces scrutins et à disqualifier les résultats,
déclarés théologiquement fiables, publiés par Monsieur NGOY MULUNDA, après trois tentatives infructueuses.
Quand on considère comment la CENI a œuvré et l’absence de transparence qu’elle a entretenue aussi bien
avant, pendant qu’après les scrutins, d’aucuns conviendraient à admettre que la CENI s’est plutôt livrée à la commission d’un CRIME ORGANISE.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Vous savez pertinemment bien ce que vaut la
justice congolaise. Au cas où vos services ne vous auraient pas assez renseigné nous vous prions de prendre connaissance de plusieurs rapports des organismes internationaux relativement au volet
cours et tribunaux ainsi que des multiples rapports traitant de la même question. En un mot, nul n’ignore la subordination du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif (entendez au candidat Joseph
KABILA) ainsi que la corruptibilité des magistrats congolais.
En effet, laissez-nous, Son Excellence Monsieur Le Ministre, vous rappeler que les documents émis par la
Justice Congolaise sont SYSTEMATIQUEMENT REJETES par vos administrations publiques. Ces documents doivent faire l’objet d’une procédure particulière et draconienne auprès de vos
différentes représentations diplomatiques en RDC pour être admises par votre administration.
Dès lors comment pourriez-vous, dans les
mêmes circonstances de temps et d’espace, demander aux congolais et au monde entier de faire confiance à la justice congolaise ?
Une Cour Suprême renforcée, il y a peu et en
pleine période de campagne électorale, de près de 20 magistrats peut-elle faire autre chose que ce que son ordonnateur en attend ?
Faut-il croire, Son Excellence Monsieur Le Ministre, que vous venez là sans doute de créer en précédent
judiciaire et administratif en ce qui concerne la reconnaissance et/ou la validité des documents émis par l’administration et/ou les instances judiciaires congolaises. C’est notamment le cas des
jugements supplétifs d’acte naissance produits par la justice congolaise qui doivent préalablement être authentifiés par votre ambassade avant de produire leurs effets en Belgique. Poursuivant
fidèlement votre logique les actes et/ou documents émis par l’administration et la justice congolaises seront purement et simplement acceptés par la Belgique comme étant valides.
Cependant, nous notons avec ravissement que votre réaction de déception à la décision de la CSJ tend à
conforter Monsieur Etienne Tshisekedi dans son refus d’accorder un quelconque crédit à cette justice partisane et dépendante. Si vous croyez, Monsieur Le Ministre, un seul instant à la justice
congolaise soyez assuré que vous êtes certainement le seul à y croire.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
En dépit du comportement irresponsable et
illégal des autorités politiques et judiciaires congolaises, la CENI comprise, quelle n’a pas été notre surprise d’apprendre que la position de Belgique est de ne pas remettre en question l’ordre
des résultats sans apporter la moindre preuve objective sur laquelle elle s’asseyerait. En ce compris, les derniers propos de l’ambassadeur belge en poste à Kinshasa, Mr Dominique Struye de
Swilande lorsqu’il déclare au cours d’un entretien avec le journal congolais Le Soft International N°1144 publié le 23 décembre 2011 : « Moi, je garde confiance dans la CÉNI pour qu’elle publie dans les jours qui viennent des résultats qui pourraient être contestés par certains
candidats devant la Cour suprême ». Des propos que nous jugeons
insultants à l’égard de l’ensemble du peuple Congolais, surtout qu’ils interviennent après l’annulation de votre voyage à Kinshasa à la suite de l’attitude que vous avez dit
regretter de la part de cette CSJ dans le traitement du recours introduit par le candidat Vital Kamerhe de l’UNC.
Cette position du gouvernement belge est énergiquement reprouvée par le Peuple Congolais et sa diaspora,
qui la perçoit comme une provocation de mauvais augure de votre part et de celle de votre ambassadeur en poste à Kinshasa, et peut-être interprétée comme une marque de complicité tacite de votre
Gouvernement à ce hold-up électoral.
Si le jeu démocratique consiste à assister et/ou soutenir la fraude et la tricherie alors BRAVO pour
cette belle leçon de démocratie.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
En notre qualité des membres de la diaspora,
contribuables en Belgique, nous saisissons également cette opportunité pour vous interpeller au sujet de la publication dans la presse belge francophone et néerlandophone du document de l’Agence
Nationale de Renseignement congolais relatant de façon détaillée l’implication de ce service d’Etat à la réélection de Mr. Kabila en utilisant certaines méthodes interdites par la Convention de
Vienne de 1961 qui régit les relations consulaires en matière d'inviolabilité des ambassades.
Il sied non sans intérêt de rappeler que l’aide au développement accordée par le royaume de Belgique à la
RDC, procède des efforts des contribuables belges et ne profitent pas vraiment au congolais qui doit vivre avec un revenu inférieur à 2$ US. Le contribuable belge dont se réclame une bonne partie
de la diaspora congolaise de Belgique souhaiterait être édifié sur les informations très graves faisant état d’une possible infiltration de l’ambassadeur belge en poste à
Kinshasa et ses collaborateurs.
En effet, cette pratique d’infiltration de l’ambassade de Belgique en RDC est
INTOLERABLE et contraire au droit international. Par conséquent, nous vous demandons ou demandons au parlement belge (dont certains membres recevront une copie du présent mémorandum) de
diligenter une enquête indépendante pour évaluer l’ampleur de cette infiltration supposée de l'ambassadeur belge en poste en RDC et ses
collaborateurs. Cette enquête devra analyser en profondeur, toutes les procédures impliquant leurs prises de position ou leurs recommandations au Gouvernement Belge dans
le cadre de la politique belge vis-à-vis de la RDC.
Dans le cadre de cette enquête, il s’agira entre autres de rassurer les contribuables belges
- qui consentent des sacrifices énormes en cette période de crise économique et financière sans précédant – que certaines prises de position de la
Belgique par rapport à la politique congolaise n'ont pas été directement ou indirectement dictées ou influencées par les effets induits de cette éventuelle infiltration
de l’ambassade belge en RDC par l’ANR, suivant l’analyse du quotidien De Morgen du 21 décembre 2011. Cette nécessité d’enquête est d’autant renforcée à la suite de l’entretien susmentionné de Mr.
De Swielande avec le journal Le Soft International. Ce, dans la mesure où certains propos de l’ambassadeur, jugés plutôt complaisants avec le régime de Kabila, tendent à outrepasser le « devoir
de réserve » auquel sont tenus les diplomates.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Dans l’intérêt général de nos populations
respectives, nous invitons la nouvelle génération politique belge à bien se rendre compte que la résolution de la présente crise en RDC lui offre une opportunité inédite de considérer
le Peuple Congolais comme un Peuple mature, politiquement éveillé et qui ne se laissera plus dicter son destin. Le Peuple Congolais invite le monde politique belge à privilégier un
bilatéralisme basé sur le partenariat politique avec des dirigeants congolais responsables, bénéficiant du soutien effectif de leurs populations, pour l’intérêt commun de nos deux pays. A cet
égard, le peuple Souverain de la RDC vous informe solennellement qu’il entend s’assumer pleinement et usera de tous les moyens légaux et/ou autres à sa disposition pour faire prévaloir ses
droits.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Aujourd’hui, nous congolais de la DIASPORA,
nous nous posons de sérieuses questions au sujet de cette désinvolture politique belge et nous posons des questions sur les motivations profondes de l’anachronisme de cette politique étrangère
belge et plus spécialement en ce qui concerne la parodie électorale du 28 novembre dernier en particulier !
Le peuple congolais souhaite ne pas connaître le schéma ivoirien car avec ses 6.000.000 de morts il a
déjà payé le plus lourd tribut humain de l’histoire de l’humanité à cause de la barbarie et de la bêtise humaine, en particulier des dirigeants indignes, sous le regard indifférent voire complice
de la communauté internationale. En voulant à tout prix imposer Joseph Kabila à la tête de l’Etat congolais contre la VOLONTE de la majorité des congolais exprimée dans les urnes, quel exemple de
démocratie votre pays, la Belgique, qui vient de sortir d’une très longue période de crise électorale, sans occasionner des pertes humaines, voudrait-elle donner au monde entier et au peuple
congolais ?
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous admettons qu’il y a eu des débordements
lors des dernières manifestations des congolais à Bruxelles comme cela est parfois le cas lors des manifestations publiques. Nous les réprouvons et dénonçons avec force. Cependant, à voir de bien
près, que valent les quelques poubelles renversées et vitres cassées ça et là et autres actes de vandalisme comparativement au silence que vous affichez à l’égard du régime de Mr. Kabila lorsque
les forces de sécurité sous son autorité tuent et répriment violemment des congolais exprimant leur droit constitutionnel de manifester publiquement.
Aussi curieux que cela puisse paraître, le vendredi 23 décembre dernier, une marche pacifique a été
autorisée à Anvers. Plus de 500 personnes étaient présentes au rendez-vous sous l’encadrement des policiers anversois. Pas le moindre heurt constaté ni la moindre casse constatée. Pas
d’hélicoptères. Pas de chiens avec et/ou sans muselière. Les policiers à pied et/ou à bicyclette ont accompagné les manifestants tout au long de leur parcours.
C’est ici l’occasion de saluer le professionnalisme des policiers anversois qui n’ont pas brillé dans une
démonstration de force excessive ni la provocation comme c’est bien souvent le cas à Bruxelles.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous nous permettons de vous rappeler que
les différents services sous les ordres de Mr KABILA marchent allègrement sur les vies des populations civiles congolaises au mépris de leur rang, qualité et du caractère sacré de la vie humaine.
Aucune fois le peuple congolais n’a entendu l’ambassadeur belge en RDC ni l’Union européenne enjoindre à Mr KABILA l’ordre de retirer les chars des voies publiques à Kinshasa et de s’abstenir de
commettre toutes sortes de violences sur les manifestants.
En revanche, la diaspora congolaise s’était fort indignée par la démarche de l’ambassadeur de la Belgique
à Kinshasa qui s’est empressé de faire pression sur Monsieur Etienne Tshisekedi pour que ce dernier instruise ses soi-disant partisans de la diaspora d’arrêter les casses et autres actes de
violence. Ceci est une indication sérieuse que la Belgique est décidée à méconnaître et nier les motivations profondes sous-tendant les manifestants de la diaspora congolaise se trouvant aux
quatre coins du monde.
Pour votre gouverne, ces manifestants, tout comme les signataires du présent mémorandum, ne sont pas tous
des Tshisekedistes encore moins des membres de l’UDPS comme vous avez résolu de les présenter dans une certaine presse partisane. Ce sont des ressortissants congolais qui veulent relayer auprès
de l’opinion publique belge et international le désarroi ressenti par la majorité des congolais privés des libertés publiques et droits fondamentaux à Kinshasa où tous les organes de presse et de
médias sont contrôlés et censurés par le régime de Mr. Kabila. Cette diaspora congolaise est décidée à poursuivre son combat avec pugnacité jusqu’à ce que Justice lui soit rendue, jusqu’à ce que
la victoire du peuple congolais obtenue au prix du sang et de mille sacrifices lui soit rendue. Cette diaspora ne réclame qu’une chose à savoir le RESPECT de la VERITE des
URNES.
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Quelle est cette république démocratique qui
censure l’information, qui musèle la presse, qui reprime les manifestants, qui déploie des chars de combat dans toute la ville, qui suspend l’envoi des sms, que Mr KABILA s’apprête à
construire?
Si on a véritablement été élu majoritairement comme certains l’affirment comment expliquer toutes ces
mesures coercitives. A-t-on vraiment besoin des chars pour réprimer ceux dont on affirme qu’ils vous ont voté ou suspendre l’envoi et la réception des sms par les mêmes
électeurs?
N’est-ce pas là
des indices troublants d'un pouvoir qui redoute son peuple censé l'avoir élu et qui essaie plutôt de s’imposer par la force et de gouverner par défi ?
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Alors que la Belgique est sous le coup de
l’émotion de la tragédie de Liège allant même à remettre en cause le fonctionnement de son système judiciaire, la reconnaissance par votre Gouvernement de Monsieur Kabila comme président de la
RDC n’est ni plus ni moins perçue par l’ensemble du Peuple Congolais de partout comme un signe de soutien sans condition au statu quo, à un pouvoir dictatorial, prédateur,
autoritaire, répressif et policier que votre parti le MR contribue à maintenir depuis 2006.
Nous vous recommandons pour mémoire la lecture du rapport du, député britannique Eric Joyce, chef de la
commission parlementaire britannique sur la gestion d’Etat par le régime de Mr. Kabila. Ce dernier déclare en substance « qu’un trou dans la caisse de plus de cinq milliards
de dollars en à peine cinq ans, soit autant que le pillage organisé par Mobutu en 32 ans de règne sans partage. »
Son Excellence Monsieur Le Ministre,
Nous tenons enfin à vous informer en termes
clairs que le peuple congolais fera usage de son droit fondamental contenu dans l’article 64 de la Constitution lui reconnaissant le devoir de faire échec à tout individu ou groupe
d’individus qui prend le pouvoir par la force.
Nous laissons à Dieu et à l’Histoire le soin de vous juger et de juger votre Gouvernement quant à
l’attitude que vous adopterez face à la reconnaissance de Monsieur Kabila comme président. En même temps, nous osons croire qu’en ouvrant un brin d’espoir, même si nous ne nous faisons pas
d’illusion au regard des vos prises de position ainsi que celles de votre parti vis-à-vis du Congo, que vous mettrez à profit votre passage au 15 rue des Petits Carmes pour
marquer positivement la mémoire collective congolaise et vous ranger du côté de ce Peuple congolais opprimé depuis des siècles. Certains de vos prédécesseurs l’ont fait à
l’époque dans des conditions similaires et nous citons pour mémoire, le Ministre Willy Claes qui n’a pas hésité à déclarer en 1996 qu’il fallait désormais considérer
Mr Mobutu comme un personnage du passé et qu’il faudra désormais travailler à l’après Mobutu. Nous pouvons également citer le courage de Mr Karel De Gucht qui n’a pas manqué le
courage de dénoncer à maintes reprises les dérives et l’irresponsabilité sociale et politique du régime de Mr. Kabila.
Toutes choses étant égales par ailleurs, Son Excellence Monsieur Le Ministre, c’est ce même
sursaut de courage politique et diplomatique que la Diaspora congolaise de Belgique, l’ensemble du Peuple congolais et l’opinion publique belge, particulièrement flamande, lassée
de constater une certaine complaisance d’une partie de sa classe politique vis-à-vis du régime de Mr. Kabila, attend de vous vis-à-vis de Mr. Kabila.
Nous vous saurions gré d’accorder à notre démarche, à l’instar de Monsieur Koen Vervaeke de l’UE, le
bénéfice de l’urgence et vous prions de recevoir en même temps, Son Excellence Monsieur Le Ministre, nos meilleures salutations en vous présentant nos vœux les meilleurs pour l’an 2012 au moment
où la majorité de la population congolaise vit sous les chars de combat, dans l’insécurité orchestrée par les hommes en armes de Mr. Kabila en cette période symbolique de fin d’année et n’a pas
de quoi mettre sous la dent pour ces fêtes.
C’est en leur nom que nous vous prions, Son Excellence Monsieur Le Ministre, de recevoir le présent
mémorandum afin d’y porter une extrême attention.
Fait à Bruxelles, le 27 décembre 2011
MUTAMBAYI Laurent,
Juriste
WONDO Omanyundu
Jean-Jacques, Criminologue et Analyste politique
MBUYI Tshibuabua
Dieudonné, Avocat
EPENDA Diogène,
Sociologue
AMBA Baudouin,
Journaliste
MOTO Michel, Analyste
Politique
NZUNDU Marcel, Artiste
YAMBA
Gilbert, Prêtre
RAMAZZANI
Guy
KINDINDI
Gaeten