MBUTA KIMPEDI BAVUEZA
MBUTA KIMPEDI BAVUEZA
Kimpedi, debout en pantalon et chemise, lors de l'un des sacres de l'AS V.ClUB
Avec le poids de l’âge, l’époque où nous soutenions aveuglément les couleurs de Daring, notre équipe préférée, est complètement révolu. Dans ce passé non lointain, nos joueurs et nos dirigeants passaient à nos yeux comme les meilleurs du pays. Aujourd’hui, on peut se permettre de faire une autre lecture de notre football en vantant les mérites des uns et des autres. C’est sans gêne que nous pouvons reconnaissons la grande valeur des équipes V-club et Dragons qui ont permis au football kinois d’acquérir ces véritables lettres de noblesse. Ces deux équipes ont eu tout au long de leur histoire des très bons joueurs qui ont rivalisé en tous points de vue avec nos athlètes, ainsi que des dirigeants de très grande envergure qui nous ont prouvé à maintes reprises leur véritable force de frappe.
Dans ce lot des dirigeants d’exception que le football kinois a connu, il y a un nom qui a réuni l’unanimité dans les rangs des moscovites. On dirait que des tels dirigeants qui ne courent pas dans toutes les rues appartiennent à cette race des hommes sacrés qui ne vivaient que pour le football, reléguant parfois et souvent au second plan les affaires de leurs familles biologiques. Mbuta Kimpedi Bavueza est l’un d’entre eux. Il est entré dans l’AS V-Club par la grande porte, en qualité de 1er Vice Président chargé des sports dans le comité dirigé par le président Opango (à ne pas confondre avec Aponga). Mbuta Kimpedi a bossé dur dans cette équipe avant d’aller remporter dans la douleur, sa première coupe du Congo dans la fournaise de Kisangani.
Toujours dans cette équipe de V-Club, il est difficile de dire, qui du président Opango ou de son Vice Président Kimpedi fut à la base du titre remporté par Vita Club face à Kotoko de Kumasi en coupe d’Afrique des Clubs champions ? Est-t-il que ces deux dirigeants appartenaient à la lignée des grands encadreurs sportifs, des gars qui avaient tout donné pour le succès de leur équipe. A quelle loge appartenaient-ils ? Ont-ils eu des contacts avec le Vieux Rail ? On disait que Mbuta Kimpedi avait un faible pour les « Mfumu » de Mbetenge. Seuls les V-Clubiens de souche peuvent nous fixer en répondant à cette question. Mais, ce qui est vrai et indéniable, Mbuta Kimpedi n’était pas n’importe qui au sein de la grande famille de Bana Véa où sa seule présence donnait la trouille aux adversaires. A quoi servaient ses va et vient aux vestiaires lorsque l’équipe ne tournait pas sur le terrain.
Mbuta Kimpedi est resté très longtemps dans le sillage du team vert et noir. L’instabilité des comités dans nos équipes traduisaient la fragilité de nos structures. A la fin de chaque saison, il y avait des remaniements au sein des comités de coordination. Si les noms des présidents sportifs changeaient presqu’à tout moment, l’inamovible vice Président restait toujours fidèle à son poste. On dirait qu’il était incontournable. Qu’est ce qui a justifié cette longévité au sein d’une équipe où les postulants étaient toujours nombreux.
Mbuta Kimpedi n’était pas un sportif de carrière, car nous avons connu dans nos grandes formations, des hommes qui ne vivaient qu’avec les avantages qu’ils tiraient de leurs postes dans l’équipe. Nous l’avons connu comme employé, plus précisément Directeur Technique au sein de la société de transports STK dirigée par le richissime, Feu Président Poto Galo. On disait que pour garder son poste, il était obligé par son patron de ne pas trop forcer la note et de faciliter certaines victoires à Daring. Est-ce vrai ? Quand la kinoiserie nous tient, on est obligé de tout gober et d’accepter toutes sortes de bobards. Mais, est-il qu’à la mort de Papa Poto suivie plus tard de la disparition de cette société, Mbuta Kimpedi qui n’est pas né de la dernière pluie fut obligé professionnellement de se prendre en charge. Avec son ami personnel M. Umba di Lutete, ils réussirent à construire un joli hôtel de 4 niveaux sur l’avenue Saïo en face du Centre d’Accueil Kimbanguiste ? On chuchotait aussi que face à tous les caciques du MPR qui s’entretuait dans les arcanes du pouvoir mobutiste, où tous les coups étaient permis, c’est le Vieux Kimpedi qui protégeait ( !) son ami. Ceci faisant cela, ils furent contraints de travailler la main dans la main, notamment en construisant cet hôtel auquel nous avons fais allusion, qui permit à l’homme à la calvitie d’être à l’abri des besoins et plus tard de créer leur propre équipe, le FC Mabuilu (du nom de la mère de M. Umba), une équipe qui a laissé des traces indélébiles à la Lifkin et qui lui a permis de se libérer tant soi peu de l’emprise des V-Clubiens…
Mbuta Kimpedi était un touche à tout. Savez-vous qu’à notre époque, il existait un adage en vogue au stade du 20 mai chaque fois que les Léopards rencontraient une formation étrangère. On parlait de Likambo ya mabele qui signifiait en d’autres termes, que quel que soit notre adversaire, la défaite de nos fauves était interdite sur le sol de nos ancêtres. Aussi, en cherchant parmi les accompagnateurs de cette équipe au stade, il y avait certaines figures qu’on retrouvait régulièrement dans les vestiaires des Léopards. Des gars tels que Kimpedi, Kuba di Vita, JP Mbaya, Pembele Mimile, etc… représentaient toutes les équipes qui faisaient partie de cette alliance sacrée chargée de soutenir notre équipe nationale.
Un stade de football étant le point de convergence des hommes issus des milieux sportifs différents, n’a pas empêché aux dirigeants d’entretenir des relations empreintes de courtoisie et de cordialité entre eux. Une amicale des dirigeants des clubs fut créée. Mbuta Kimpedi, Papa Muaka, Gérard Kwakala di Mankindu, Ndongala Mavakala, Mantantu et autres Kuba en firent partie. Cela traduisait qu’au-delà de leur grande rivalité sur le plan sportif, nos aînés étaient des hommes de grande culture qui savaient associer l’utile à l’agréable en défendant dans l’ordre leurs intérêts. Le football congolais leur sera toujours redevable et à ce titre, car plusieurs exploits réalisés par leurs équipes respectives portent leur signature.
De mémoire de sportif, ils ne sont pas nombreux les dirigeants de sa trempe qui ont passé leur temps au service de leurs équipes. Ces gars là étaient respectés par tout le monde, adversaires comme partenaires. Nous demandons aux V-Clubiens qui connaissaient mieux l’homme de nous en dire un peu plus sur le secret de sa réussite, car sa disparition a laissé au sein de son équipe un vide difficile à combler.
Jean Koke Miezi
©Mbokamosika 28.12.2011
L’auteur de l’article demande aux V.Clubiens de pouvoir apporter plus de détails sur Mbuta Kimpedi Bavueza.