LES QUATRE GRANDES CHANSONS DE LA MUSIQUE CONGOLAISE
LES QUATRE GRANDES CHANSONS DE LA MUSIQUE CONGOLAISE
Pendant des décennies, le Congo Kinshasa a imposé sa musique au reste du continent africain, une musique dont l’écho ne s’est pas limité qu’à ce continent. Des ensembles congolais ont sillonné le monde entier pour faire entendre le son de la culture congolaise. Des musiciens congolais ont inspiré beaucoup d’autres à travers le monde. On peut donner l’exemple de cette japonaise qui imitait Abeti Masikini, ou encore ce groupe de jeunes japonais qui s’était rendu à Kinshasa au début des années 80 pour apprendre, chez Zaiko Langa-Langa, le rythme congolais. Faisons remarquer, en passant, que de retour dans leur pays, ces jeunes gens ont créé un ensemble musical appelé « Yoka Choc » qui chante en lingala jusqu’à ce jour.
Si cette musique a connu un tel succès c’est sans doute Grâce à la maîtrise presque parfaite des instruments utilisés, spécialement la guitare, au talent exceptionnel des acteurs (chanteurs, instrumentalistes et autres) et à l’abondance de la production. A tout cela s’ajoute, bien sûr sa très belle mélodie car, n’est-pas celle-ci qui a fait dire à James Chambers, alias Jimmy Cliff, que la musique est la langue universelle ?
Cela dit, une chanson c’est plus que la mélodie et le rythme. Une chanson, c’est aussi un texte, le message qu’il véhicule, même si la plupart des gens ne font pas attention à cet aspect.
J’ai identifié quatre chansons qui, selon moi, se placent bien au-dessus toutes, pour les raisons suivantes. Quand un enfant naît, il découvre petit à petit un monde merveilleux: la nature et tout ce qu’elle contient l’émerveille. Il a des parents qui l’aiment. Tout le monde veut le porter… Avec le temps, il sort du cadre familiale pour entre dans un espace social de plus en plus complexe. Très vite, il apprend que les parents, amis, etc. sont des réalités extérieures à lui-même, et c’est la remise en question de tout même et surtout de l’autorité parentale. Avec le temps et l’âge, le corps physique commence le processus naturel de la dégénération. Alors commence la période de la relativisation sous ce que l’on désigne par le mot sagesse : tout devient relatif et beaucoup de choses perdent l’importance qu’il leur accordait jusqu’alors. C’est à ce moment-là qu’il se pose les questions les plus importantes de sa vie. « Qui suis-je, que suis-je, d’où est-ce que viens et quelle est ma destination, la vie a-t-elle un sens ? »
Dans la musique congolaise, quelques chansons abordent cette période cruciale du court passage de l’homme sur cette terre. Parmi elles, Nakomitunaka de Kiamwangana Mateta se place bien au-dessus de la mêlée. On pourrait rétorquer que l’analyse de Verckys est trop circonscrite puisque limitée au Noir seulement. Pourtant, c’est cela qui fait la force de ce texte. D’où vient le Noir ? La Bible donne une longue généalogie de l’homme depuis Adam et Eve, mais dans cette présentation on ne sait pas très bien situer l’homme Noir. Alors d’où viennent cet homme et cette femme à la peau enduite de braise ? Et quand on voit le traitement que le Noir subit partout il vit, il y a lieu de se demander si lui aussi a été créé par le même Etre Suprême que nous appelons Dieu. Y a-t-il question plus philosophique et plus fondamentale que celle concernant la vie et la destinée de l’homme? Kiamwangana nous présente un texte, nous propose un sujet et nous pose une question dont la réponse prendrait des volumes entiers. Quant à Mabele, c’est à l’autre question qu’elle répond : la vie a-t-elle un sens ? A quoi aura servi toute la peine que l’on s’est donnée pendant des années si, en fin de compte, il faut tout laisser derrière et partir enveloppé dans un simple drap blanc? « Vanité des vanités : tout n’est que vanité », répond la Bible.
A ces deux chansons se greffent beaucoup Mokolo na kokufa de Roger Izeidi, Macha (?) de Ndombe Opetun et tant d’autres dont la plupart porteront la plume de Simaro Masiya et celle du grand de tous les grands, le Grand Maitre Franco de Mia Amor.
Il ne s’agit ici que d’une opinion. C’est pourquoi je souhaite que Messager autorise la contradiction pour permettre à un débat éventuel d’avoir lieu. La parole est aux mbokatiers.
Musambi Mayele
Nakomitunaka, par Verckys et l'orchestre Vévé
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