Les déchets électroniques
Photo : Association congolaise d'Ottawa-Gatineau
Je prends plaisir de vous entretenir aujourd’hui sur les déchets électroniques, un sujet scientifique me direz-vous. Certes! Mais ces déchets électroniques que les pays développés envoient aux pays en développement ont des conséquences incalculables sur la vie des populations. Ils sont donc des véritables cadeaux empoisonnés.
En effet, pour se débarrasser de leurs vieux ordinateurs démodés, ces pays nantis les envoient sous forme de don dans leurs poubelles qui ne sont rien d’autres que les pays en voie de développement. Et pourtant cela constitue un risque environnemental énorme pour les peuples de ces pays. A tous les compatriotes, je voudrais leur dire qu’il nous incombe de prendre conscience que l’Afrique n’est pas une poubelle pour ces déchets toxiques nuisibles pour nos parents, nos frères et sœurs.
Il convient de vous rappeler que durant la semaine du 19 au 23 février 2007, s'est tenue à Nairobi au Kenya une conférence organisée par les Nations Unies pour se pencher sur la difficile question du recyclage du matériel électronique en direction des pays en développement. Les conférenciers ont fait des propositions pour que les principaux constructeurs de PC et de téléphones portables s'engagent à plus de responsabilité dans la prise en charge du recyclage de leurs produits.
Les constructeurs de portables doivent donc développer des stratégies de recyclage et de réutilisation de leurs produits. Malheureusement, le volume des déchets électroniques augmente de façon continue et rapide et certains composants utilisés sont toxiques. Cela constitue un danger pour la vie des travailleurs et des enfants en particulier, étant donné que les conditions de travail demeurent inadaptées aux substances manipulées.
Rappelons que les ordinateurs et les portables sont des déchets à retardement. Ce n’est pas moi qui le confirme mais un document réalisé par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement qui déclare que seulement 50 % des composants des ordinateurs sont recyclés, le reste est tout simplement jeté. Le document ajoute que la toxicité est principalement liée au plomb, au mercure et au cadmium. En moyenne, un PC contient 23 % de plastique, 32 % de métaux ferreux, 18 % de métaux non ferreux, 12 % de cartes électroniques et 15 % de verre. Le don par les pays industrialisés des ordinateurs, des téléphones portables et des télévisions aux pays en développement se traduit par des dégâts collatéraux, puisqu'ils se trouvent exposés à des matières toxiques. La quantité de déchets électroniques ainsi déchargée chaque année est estimée entre 20 et 50 millions de tonnes, la plupart dans les pays en développement. L'agence Reuters citant une étude publiée en 2006 indique que 500 conteneurs de produits électroniques usagers arrivent chaque mois dans le port de Lagos au Nigeria. Le continent africain, mais aussi la Chine et l'Inde sont des destinations importantes pour ces dons qui peuvent être perçues comme des cadeaux empoisonnés.
Au nom du "recyclage", les pays occidentaux nous envoient ces déchets au traitement jugé trop polluant ou peu rentable. La Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, en vigueur depuis le 5 mai 1992, vise à réduire la circulation des déchets dangereux entre les pays. Il s'agit ainsi d'éviter le transfert de déchets dangereux des pays développés vers les pays en développement. La Convention a, entre autres, pour but de réduire au minimum la quantité et la toxicité des déchets produits, et d'aider les pays en développement à gérer de manière écologiquement rationnelle les déchets, nocifs ou pas, qu'ils produisent. .
A tous les compatriotes, je dis que la situation est donc dramatique. Au lieu de croiser les bras en observateurs, le temps est venu pour nous de prendre conscience de la menace que représentent ces déchets électroniques. Le temps est venu de nous attaquer à ce type de risque environnemental que nous ne connaissions pas dans le passé. Nos pays manquent d'infrastructure nécessaire pour gérer ce matériel de manière saine sur le plan écologique. Les Africains n’ont-ils pas, comme tous les autres peuples du monde, le droit de vivre dans un environnement sain?
Zéphyrin Kirika Nkumu Assana