LE SOUVENIR DE JOHNNY BOKELO
LE SOUVENIR DE JOHNNY BOKELO
15 ans après sa mort le 15 JANVIER 1995
(Une évocation de Clément OSSINONDE)
1960 – LE CONGA JAZZ DE PAUL EBENGO « Dewayon » SUCCEDE
AU CONGA SUCCES
Avec la fermeture des éditions « Esengo » au début des années 60, le CONGA JAZZ succède au CONGA SUCCES. C’est à la faveur de cette modification de nom qu’intervient de plein pied, l’entrée dans la carrière musicale, des frères Jean BOKELO et Jean-José LOHOTA. Le premier, c’est-à-dire BOKELO était déjà bien apprécié aux Editions « Loningisa » où il travaillait en studio avant d’enregistrer avec l’OK JAZZ ses deux premiers grands succès et bestsellers de l’époque : « Makanisi makondisi ngai » et « Elongi na yo ya bownana ». Les trois frères réunis commencent une nouvelle exploration instrumentale et sonore avant de se consacrer d’avantage à la recherche d’un équilibre orchestral basé sur le rythme traditionnel de la région du « Lac Léopold II » à l’époque. (région de Bandundu)
« MWAMBE » OU SIX CONCEPTIONS DE LA VIE COURANTE
Ayant une connaissance approfondie du lingala dans lequel il s’exprimait avec aisance, le chanteur-guitariste Jean BOKELO s’imposa comme celui qui aura su concilier les vertus traditionnelles et les goûts d’un très large public à travers ses compositions de « Mwambe », numérotées
de ( 01 à 06 ) dont l’inspiration pour le « Mwambe » n°01 -déclara-t-il un jour - lui était arrivé en 1961 à Brazzaville au cours d’un concert chez « Elysée Bar » à Moungali. BOKELO avait d’ailleurs, visé à conférer à la série des « Mwambe » plus d’efficacité émotionnelle au chant et dans les paroles. Il avait réalisé même, cette performance d’imposer la sonorité de la guitare en improvisant des figures mélodiques avec beaucoup de facilité extraordinaire.
LES PROUESSES DE CONGA-SUCCES
Composé des musiciens qui assumaient au sein de l’orchestre des fonctions plus spécialement rythmiques, le CONGA SUCCES tenaient également aux fonctions vocales empreintes des lignes mélodiques étonnantes, lesquelles subissaient d’ailleurs l’influence des frères EBENGO « Dewayon », BOKELO et LOHOTA qui étaient à la fois guitaristes et chanteurs.
En 1964 le CONGA SUCCES est au sommet de sa gloire, grâce aux grands mérites obtenus avec des musiciens de grands talent ci-après : Paul EBENGO « Dewayon », Jean BOKELO, José LOHOTA, Don PIERROT, MOMBEMBE, FILLOT, TCHADE, BELLOS, ALBERTO, Emmano MBALA et BASABA.
DE CONGA SUCCES A CONGA 68
La fusion CONGO SUCCES et quelques musiciens d’origine « Bantous » (NEDULE « Papa Noël » et MAMBAU « Jacky ») pour former le CO-BANTOU en 1965, n’est pas du goût de Jean BOKELO. Soucieux de passer à une étape
cruciale de sa vie professionnelle, BOKELO décide dès 1968 de faire cavalier seul. Il crée son « CONGA 68 ». La première vertu de BOKELO est de présenter un grand orchestre plein de fouge, jouant avec une belle mise en place des arrangements simples qui combinent avec les nouvelles conceptions des « Mwambe ».
De plus en plus CONGA 68 apparait comme le carrefour d’époques et de styles. Son art d’une étonnante habileté, fait appel à une sensibilité comme on il a pu perpétuer son règne au-delà des années 70. Jean BOKELO ( ou Johnny BOKELO pour les intimes et plus-tard pour l’authenticité BOKELO-ISENGE) , par contre a su garder sa force personnalité presque aussi considérable que celle de son aîné EBENGO « Dewayon ». Il se consacra d’ailleurs plusieurs années après à la carrière Solo et à éditer de nombreux orchestres avant de s’éteindre complètement au cours des années 80. Sa mort est intervenue le 15 Janvier 1995 après une longue et pénible maladie, suivie quelques mois après, par celle de son aîné Paul EBENGO « Dewayon ».
L’expérience des frères EBENGO, BOKELO, LOHOTA est certainement la plus féconde de l’histoire de la musique congolaise. Elle constitue avant tout un témoignage sur l’apport traditionnel de l’âme du Lac « Maï-Ndombe » dans la région de Bandundu. Espérons que l’artiste musicien BOKELO Blito « Junior » saura perpétuer le souvenir de son père, encore vivant dans les cœurs de tous les congolais, sur les deux rives du grand fleuve.
Clément OSSINONDE (clement.ossinonde@sfr.fr)