La vie des frères Soki est un cas d'école à enseigner ....
Chers Mbokatiers, Nous devons remercier notre ami Adei Toko qui nous a fait revivre la merveilleuse histoire du Prince Emile Soki Dianzenza, l’un des rares musiciens qui a marqué notre vie. Lorsque Emile a débuté sa carrière musicale, on était tous très jeunes. Férus du ballon rond, la musique ne nous intéressait presque pas. Mais lorsque Baboti bapekisi, la première chanson sortie sur disque 45 tour de cet artiste musicien fut larguée sur le marché, on ne pouvait pas résister devant autant de charme et plus tard à toutes ces mélodies pleines de finesse qui mettaient en exergue, la valeur et les talents cachés d’un jeune adolescent qui a réussi sans coup férir, son entrée dans le cercle fermé des têtes couronnées du monde musical de notre pays. Jusqu’à la fin de sa vie, Emile nous a gratifié et gâté avec un répertoire de très haute fracture qui ne sera pas égalé de sitôt. Nous étions nombreux à ne jurer que sur ses grands talents de chanteur doublé des qualités d’un auteur compositeur hors pair. On dirait même que Soki Vangu n’existerait pas en tant que musicien, s’il n’avait pas profité de l’aura de son petit frère. Voilà pourquoi le souvenir intarissable de Emile et sa brève carrière resteront à jamais gravé dans les esprits de tous ses contemporains. Il est difficile d’expliquer le phénomène Bella Bella aux jeunes qui n’avaient pas eu la chance de voir cette formidable machine musicale à l’œuvre. Ce qui a manqué à ce garçon, c’est un manager de grande notoriété qui aurait pu le propulser au sommet de la musique africaine. Ecoutez par exemple une chanson comme Kamavatshi qui nous a beaucoup marqué. Celle-ci faisait du tabac lorsqu’elle était exécutée lors des concerts. Elle aurait sans nul doute pu devenir le plus grand tube de sa vie si l’artiste avait travaillé dans un environnement beaucoup plus professionnel que celui dans lequel il était confiné à côté de son grand frère. Composé dans le plus pur style langoureux de Soki Dianzenza, exécuté sous un rythme saccadé et cadencé par la batterie de LIPILI, le prince démontra l’immensité de son talent dans cette chanson exécutée en quatre temps, quatre mouvements, attirant des foules nombreuses au concert pour écouter cette chanson dédiée à trois gonzesses répondant aux nom de Kathy, Mathy et Vatshy. A notre époque, une chanson n’était larguée sur le marché du disque que lorsqu’elle était accepté par les mélomanes au cours des productions dominicales. Tous les habitués qui côtoyaient le groupe savait qu’après avoir largué plusieurs chansons à succès, Emile rêvait de réaliser quelque chose d’exceptionnel. Aussi, il prépara avec le plus grand sérieux du monde cette chanson qui allait bouleverser sa carrière. Lui-même annonça les couleurs qu’avec Kamavatshi, il pourrait remporter un disque d’or. Hélas, malgré le succès fou que cette chanson engendrait aux concerts, le disque ne récolta pas le succès escompté. Les anciens se souviendront toujours de cette chanson qui, sur le plan thématique fut un véritable chef d’œuvre. Mais, composé à une époque où le musicien avait déjà perdu ses pédales, il connaitra quelques ratés au niveau de l’arrangement. C’est à partir de ce demi échec que plusieurs fans commencèrent à craindre sur l’avenir musical de leur idole... C’est l’occasion pour nous de revenir sur un sujet qui nous a toujours préoccupé. Pourquoi la vie de nos anciens musiciens et footballeurs se termine toujours en eau de boudin. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, leur succès prend fin avec leur retraite ou leur mort. Sous d’autres cieux, on écrirait plusieurs ouvrages en guise de témoignage sur la vie de certains grands artistes de notre pays qui comptent parmi nos immortels. Wendo Kolosoy, Grand Kallé, Grand Maître Luambo Makiadi Franco de Mi Amor, Bavon Marie Marie Siongo, Mpongo Love, Abeti Masikini, Empompo Loway Déesse, Dr Nico Kassanda, Ntesa Nzitani Daliens, Madilu Système, ... pour ne citer que ceux-là, sont des véritables icônes que nous avons malheureusement rejetées dans les oubliettes de l’histoire. Il en est de même pour nos anciennes vedettes du football. Parlez aujourd’hui à nos enfants de Bonga Bonga, Trouet Mokuna ou Assaka, de Julien Kialunda et Erumba Mocassin Noir, de Kalala Mukendi, Katumba, Kazadi ou Buanga Tshimenu, de Mana Mambueni, Raoul Kidumu ou Kakoko Etepe, de Mayanga Adelard et Jean Kembo, de Ndaye Mulamba ou Ntumba Pouce, de Ntinu Mokili Saïo ou Mbabu Zumbel, de Pembele Ngunza Tchang LaÏ, etc..., ils vous répondront carrément que ces noms ne leur disent rien. Et pourtant ces grands footballeurs appartiennent à l’histoire footballistique de notre pays. Tout en félicitant Adeï qui a bien choisi le moment pour ressusciter la mémoire des Frères Soki, nous devons avouer qu’il y a trop des non-dits et beaucoup des zones d’ombres dans la vie de ces deux artistes. Nous demandons aux amis journalistes congolais et pourquoi pas aux écrivains de nous aider à lever le mystère qui a entouré la vie de Emile Soki. Pour ce faire, ils peuvent contacter pendant qu’il est encore temps certains compagnons de vie et anciens de Bella Bella qui peuvent délier leurs langues. Citons entre autres Emmany Shaba Kahamba, Getou Salay, Massamba Mhass Métal (s’il est encore en vie), La Musette et pourquoi pas le Grand prêtre Verkys Kiamuangana Mateta Wa nkua ngolo zonso. Eux savent certainement ce qui s’était réellement passé au sein de ce groupe et pourront nous aider à comprendre comment la vie de Emile Soki, cette étoile filante s’était brisée en cours de chemin. Je vous recommande aussi sur l’avenue Kimpese à Selembao où vous pouvez rencontrer pendant qu’il est encore temps, un certain KOKE KAMALANDUA, alias KOKE GOAL. C’est mon oncle et je sais pourquoi je vous oriente vers lui. Celui-là, il fut l’un des confidents à la fois de Emile, dont il était l’un des paroliers et plus tard de Max. Il fut présent lorsque Max a commencé à Dendale sur l’avenue Lukanda au N° 100, le recrutement de la première ossature des musiciens qui ont fait partie de la première génération de Bella Bella. Les musiciens sont passés et d’autres ont traversé la rue. Mais, lui, il fut le fidèle parmi les fidèles. Il est resté dans ce groupe jusqu’à la fin de l’histoire. Pour ceux qui ne se souviennent plus de ce gars qui fut l’un des cadres de l’orchestre, je vous rappelle que lorsque dans sa période de gloire, Max entonnait Houleux Houleux, sa chanson fétiche, c’est KOKEGOAL seul qui avait le privilège et l’autorisation de sortir la soutane rouge que portait De Vangu lorsqu’il entrait en transe. Je ne veux pas en dire plus. Voilà un gars qui est capable au cours d’un entretien à bâtons rompus, de porter la lumière sur la vie des Frères Soki. Enfin, pour terminer mon propos, je confirme que je compte parmi les inconditionnels de Emile Soki. Tous ceux qui ont cherché à nous distraire avec leurs critiques sur les qualités intrinsèques de ce chanteur font fausse route. Nous leur demandons de cesser de nous distraire. Emile était fort. L’orchestre Bella Bella était très fort. C’était la classe à l’état pur d’un ensemble musical qui a dominé de la tête jusqu’aux épaules son époque. Je donnerai toujours raison à notre aîné Bolowa Bonzakwa « Ya Bonzabol » qui m’avait avoué un jour au cours d’un aparté que dans la vie, le succès et la gloire n’arrivent pas au hasard dans la vie d’un homme. Mais il a précisé : « Ngenge ba botamaka na yango, kasi ba sombaka yango te ». Oui, Emile abotamaka na Ngenge na ye, malheuresusement, mal encadré et grisé par le vedettariat, le succès l’a conduit inexorablement à la tombe. Pour terminer, je propose aux musicologues congolais de considérer la vie du Prince Emile Soki Dianzenza comme un cas d’école à enseigner aux générations futures pour éviter ce genre de drames dont plusieurs familles et musiciens ont été et continuent à être victimes. Jean Koke Miezi |
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