La RDC, une nation sans repères
Gestion des archives : 49 ans d’indépendance, la Rdc, une nation sans repères
Kinshasa, 25/11/2009 / Culture
Le problème de la RDC dans la gestion des archives commence quand le Roi des Belges, Léopold II avait refusé de céder une partie d’archives de l’Etat indépendant du Congo (E.I.C), plus précisément les archives de l’actuel district de Maï-Ndombe.
Les archives médicales ont été détruites par un feu ravageur aux Cliniques universitaires de
Kinshasa. C’est toute la mémoire médicale des hôpitaux et centres médicaux de Kinshasa depuis 1957 qui disparaît ainsi à cause de la négligence.
On perd ainsi d’importants moyens pour les recherches médicales. Le Potentiel a consacré une vingtaine d’articles pour sensibiliser l’autorité à l’importance de la gestion des archives.
Ci-dessous un article publié en juillet 2009, le tout dernier cri d’alarme.
Depuis 1960, juin est fêté en République démocratique du Congo comme le mois anniversaire marquant l’entrée du Congo-Kinshasa au rang des nations libres et indépendantes.
Mais quelque temps après l’indépendance, un constat amer est fait. Tous les domaines de la vie nationale ne marchent pas, ce qui justifie la dégringolade
vertigineuse que le pays est en train de connaître sur tous les plans.
Tout cela faute d’une bonne gestion des repères autrement appelés « archives » ou « informations administratives » ou encore «documents administratifs ». Pensez-vous qu’avec cet état de choses, la RDC pourra réellement
démarrer ?
La gestion des archives en République démocratique du Congo posait déjà problème avant notre accession à la souveraineté internationale. Les archives en RDC n’ont
connu que des moments difficiles, soit négligées, soit détruites, soit encore pillées.
Conséquence : le pays n’a plus de repères pour décoller, la RDC est restée longtemps comme un pays vaste et non une grande nation. Pays vaste est celui où les
informations administratives échappent aux autorités.
Dans ce cas, la rumeur prend la place de la vraie information, la mégestion remplace la bonne gouvernance; le tâtonnement prend la place de décision et l’arrêt de
la nation remplace la continuité de l’Etat.
Tous ces états des lieux cités n’épargnent aucun domaine de la vie nationale. Le pays va mal !
Les Etats-Unis, comme un modèle des nations en gestion de l’information, ont su lutter contre la corruption dans les temps et mis en place la CIA (Central
intelligence agency) et ce, au lendemain de la tenue des congrès sur les archives et la gestion des informations.
La force des Etats-Unis, ce n’est pas sa richesse mais plutôt le sérieux dans la gestion de l’information des quatre coins du monde.
Un homme d’Etat français n’a-t-il pas déclaré après la Deuxième Guerre mondiale que « c’est grâce aux archives que nous avions
gagné la guerre »? Les archives, c’est un tout : la bonne gouvernance, la continuité de l’Etat, la sécurité de l’Etat et aussi la protection de la population.
Continuité de l’Etat
Les archives assurent la continuité des affaires de l’Etat. C’est la raison pour laquelle,
après chaque passation des pouvoirs, on organise la remise et reprise. Tel n’est pas le cas en RDC.
Celui qui part s’en va avec les documents administratifs produits ou celui qui occupe le poste refuse de prendre connaissance de ce que son prédécesseur a laissé
comme trace. Conséquence : on revient sur le même problème sans qu’on retrouve la solution.
Le problème de la RDC dans la gestion des archives commence quand le Roi des Belges, Léopold II avait refusé de céder une partie d’archives de l’Etat indépendant du
Congo (E.I.C), plus précisément les archives de l’actuel district de Maï-Ndombe (jadis district Lac Léopold II, un domaine de couronne ou terre domaniale) dans la province du Bandundu.
Ces archives seraient retrouvées ensuite entre les murs de ses châteaux en Belgique. Faute d’information, le district de Maï- Ndombe était depuis considéré comme la
partie la plus pauvre du pays.
Mais le passage des Brésiliens pour l’exploitation du pétrole doit interpeller les autorités.
A l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale, les Belges avaient-ils remis aux dirigeants congolais de l’époque les archives de la
colonisation ? Si oui, où sont-elles logées ? La gestion de la première République prouve à suffisance qu’il se posait réellement un problème de gestion des archives et des
informations.
L’exemple le plus éloquent, c’est cette querelle qui a opposé Joseph Kasa-Vubu, Président de la République, à son Premier ministre, Patrice-Emery
Lumumba.
Si la Deuxième République n’a pas su développer la RDC, c’est encore parce que les archives avaient été mal gérées. Le pouvoir de l’Alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), lui aussi, n’a pas dérogé à la règle.
Dans l’effervescence de la libération, les archives d’Etat produites par la Deuxième République, notamment celles du site de
Mont-Ngaliema en juin 1997, un peu comme par amnésie collective, on avait même proposé de jeter au fleuve le fonds documentaire de la Bibliothèque nationale du Congo.
Et le pouvoir au sommet de l’Etat avait presque cautionné l’oeuvre de destruction de la mémoire collective de la nation.
Suite à cette négligence, le Président Laurent-Désiré Kabila avait tenté signer un décret sur le petit commerce en RDC. Et pourtant, ce texte avait été signé
l’époque du président Mobutu le 2 août 1978 et abrogé le 8 août 1990.
Intégrité du territoire et sécurisation de la population
Il n’est un secret pour personne, les archives sont mal gérées dans notre pays. L’Etat n’arrive pas à défendre la nation par ignorance. En 2007, l’Angola a occupé
une partie du Bandundu, la première réaction des autorités était de nier que cette partie du territoire appartenait à la nation congolaise. Même, l’Institut géographique national était incapable
d’expliquer cette situation. Pourtant, les politiciens qui avaient soulevé cette question d’occupation sont tous originaires du territoire occupé.
Aujourd’hui, c’est la province du Bas-Congo. Regrettable. Aucun expert, aucune autorité n’a été capable de l’expliquer. En réalité, ce n’est pas par mauvaise foi
mais par le manque de maîtrise des documents administratifs. Ces documents existent-ils ? Si oui, où sont-ils conservés ?
La population congolaise est-elle sécurisée, se demande-t-on ? On pourrait répondre par la négative. Qui nous connaît ? Avez-vous déjà eu l’occasion de visiter les
services de l’Etat-civil à travers le pays ? Les attestations de naissances ne sont pas protégées. Qui, des Congolais, pourraient retrouver dans son entité administrative son acte de naissance
original. C’est pour cette raison que la majorité des Congolais recourent aux duplicata.
Pourtant, si l’Etat mettait l’accent sur ce point, il ne sera pas difficile aux Congolais de tracer leur arbre généalogique.
La première crise dans cette négligence a été constatée lors de l’enrôlement des électeurs au début des élections législatives et présidentielle.
La deuxième est la signature conjointe d’un communiqué officiel le 1èr mars 2008 entre les ministres de l’Intérieur et celui des Postes, téléphones et
télécommunications (PTT), recommandant l’identification des abonnés de services de la téléphonie mobile sur l’ensemble du territoire national.
L’origine de cet ordre serait les menaces que certaines autorités du pays ont enregistré à travers les appels masqués ou des SMS difficiles à identifier par les
services spécialisés.
Tout cela parce qu’il n’existe pas de bottin téléphonique où l’on peut répertorier les abonnés. Comment l’Etat pourrait identifier les Congolais. Du
côté médical, la majorité des centres de santé ne conservent pas leurs archives médicales.
Pourtant, ces archives ont double rôle. Primo, elles permettent au corps médical de contrôler son patient et d’identifier certaines maladies héréditaires. Secundo,
les archives permettent au centre médical d’élaborer les statistiques afin d’établir la courbe évolutive des maladies. C’est sur base de ces données que le ministère de la Santé élabore la
politique sanitaire d’un pays et en plus des recherches médicales.
Décentralisation et développement
Pour que l’autorité administrative ou le gouvernement central contrôle les entités décentralisées, la meilleure façon est la mise en place des dépôts d’archives
relais qui travaillent en étroite collaboration avec les administrateurs et les services de renseignements locaux.
Imposer le dépôt obligatoire de versement des archives au dépôt par toutes les structures qui fonctionnent dans une entité administrative. Cela de peur que
certaines entités décentralisées puissent s’échapper au contrôle du pouvoir central. Mais tel n’est pas le cas avec le débat et les propositions faites pendant l’élaboration de texte sur la
décentralisation.
D’où viendra le développement de la RDC, si les autorités ne maîtrisent pas la gestion des archives? On ne peut parler de développement sans
l’existe d’un plan. Or, la mise en place d’un plan de reconstruction nécessite une évaluation.
Qui dit évaluation suppose étudier ce qu’on a déjà fait (passé), l’adapter et appliquer (le présent) et afin de contrôler. C’est avec les archives qu’on arrive à
évaluer les projets.
Comment le Chef de l’Etat pourrait mener la lutte contre la corruption si le circuit des archives n’est pas bien géré ? Il est temps de définir la
RDC autrement en remettant place des d’archives d’Etat et le dépôt d’archives historiques.
Delphin Bateko/Le Potentiel