LA PÉNURIE D’EAU DANS LES QUARTIERS DE KINSHASA
LA PÉNURIE D’EAU DANS LES QUARTIERS DE KINSHASA
On ne le dira jamais assez. L’eau, c’est la vie. Dans de nombreux pays du monde, l’eau est devenue une denrée rare qui peut bien coûter plus cher que l’alcool. A moins d’une certaine exagération de ma part. Un principe économique soutient que tout ce qui est rare coûte cher. La RDC avec son fleuve, (le deuxième au monde pour son débit après l’Amazone et le cinquième par sa longueur), ses affluents, ses rivières, ses ruisseaux et ses sources constitue un véritable paradis terrestre. N’est-ce pas un véritable contraste d’affirmer que l’eau est devenue une denrée rare qui coûte plus chère que l’alcool dans la ville province de Kinshasa? Et pourtant, cette ville est bâtie au bord du fleuve Congo. Elle est traversée par les rivières Ndjili, Kalamu, Nswenge… sans citer les ruisseaux et les différentes sources qui l’entourent. L’eau devrait donc être pratiquement à la portée de tous les ménages. Il y a une chose qui s’appelle avoir accès à l’eau et en avoir une qui soit potable est une autre. Nous voulons ici nous concentrer principalement de l’eau potable. Elle est donc indispensable à la vie.
Si l’eau, c’est la vie comme nous avons l’habitude de le dire, il faut cependant noter qu’à Kinshasa, l’eau, c’est la mort. Le manque d’eau potable occasionne des maladies qui conduisent à la mort parfois par manque de traitement adéquat ou des moyens financiers pour prétendre en bénéficier. La ville de Kinshasa est assise sur des rivières et longée par le fleuve Congo, mais cette abondance d’eau est impropre à la consommation. L’eau de la Regideso que nous consommions était traitée en permanence. Mais depuis que la Regideso et la Snel sont devenues ce qu’elles sont, boire l’eau qui sort d’un robinet ou celle qui provient d’un puits creusé en pleine ville de Kin n’a aucune différence. Les installations d’épuration et de conduction d’eau ont vieilli après plusieurs décennies. On doit penser à leur renouvellement, car elles sont très importantes pour la qualité de l’eau.
Depuis quelques années avant la fin du règne de Mobutu jusqu’à ce jour, on parle toujours de la corruption de l’eau. Sous la deuxième république, on parlait d’une eau contaminée par le sang de victimes de tortures du camp Tshatshi versé dans le fleuve Congo ainsi que des corps repêchés à la hauteur de Kinsuka. A l’heure actuelle, cette eau est contaminée par des bilharzioses, des amibes, des cadavres humains et des animaux, des vers intestinaux (ascaris) qui provoquent des véritables maux de ventre. Il suffit de puiser l’eau qui sort d’un robinet et la garder dans un récipient propre pendant quelques heures pour se rendre compte qu’elle est impropre à la consommation. On n’a pas besoin de prélever un échantillon ou d’avoir un microscope pour arriver à un tel constat. Et pourtant, la qualité de l’eau est essentielle à la santé.
Un peuple fort est celui qui est en bonne santé et capable de travailler pour contribuer au développement de son pays. On peut bien envisager des réformes, des projets d’envergure pour le développement d’un pays, mais si le peuple manque l’eau et l’électricité, facteurs importants de tout développement, croyez-moi qu’on tournera bien en rond. Tenez! Dans les grandes villes de pays développés, il suffit d’une coupure d’électricité pendant quelques heures seulement pour assister à la paralysie de toutes les activités économiques. Les banques, les restaurants, les magasins, les hôpitaux et les industries ne vont pas fonctionner. Toutes ces activités fonctionnent avec du courant électrique. Il en est de même pour l’eau. On peut faire la grève de faim pendant plusieurs jours, mais on ne peut pas rester pendant plusieurs jours sans boire. Notre corps a besoin de l’eau pour son fonctionnement. Même les plantes en ont grandement besoin pour leur croissance. On ne peut pas cultiver des légumes dans un potager, si on n’a de l’eau pour l’arroser. Même argument pour l’élevage de la volaille ou de gros bétail. L’eau, comme on peut bien le constater, c’est la vie. Je ne me répète pas, mais j’insiste sur ce fait.
L’eau et l’électricité sont pour moi le socle de tout développement et facteurs de toute modernisation. La RDC en a grandement besoin. Le problème d’eau et de l’électricité trouvent leurs racines depuis les régimes précédents, mais cela ne dispense pas l’actuel gouvernement de s’y pencher en pesant de tout son poids. On peut toujours réussir là où les autres ont échoué. C’est cette réussite qui peut bien faire la différence. Le ministère de la santé doit pouvoir organiser des campagnes de sensibilisation pour prévenir la population des maladies dues à la consommation d’eaux insalubres et l’inviter à faire bouillir l’eau à tout moment. Consommer de l’eau insalubre, c’est absorber du poison. L’eau ne doit pas tuer ceux qui la consomment, mais leur donner la vie et une santé florissante..
ZÉPHYRIN KIRIKA
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